La Directrice exécutive d’ONU Femmes tire la sonnette d’alarme face à l’insécurité qui frappe les femmes et les filles réfugiées somaliennes au Kenya

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La Directrice exécutive d'ONU Femmes, Mme Michelle Bachelet, a exprimé sa préoccupation face à l'insécurité qui frappe les femmes et les filles somaliennes dans les camps de réfugiés du Kenya.

« Les femmes sont violées dans leurs foyers, dans les buissons et très souvent sur les routes » indique Mme Bachelet. « Les nouvelles arrivantes n'ont pas de refuges où dormir, et finissent par dormir dehors, à l'extérieur des camps, ce qui les expose à l'insécurité ».

Mme Bachelet a souligné que les femmes font l'objet d'une discrimination au niveau de l'accès aux richesses, à la prise de décisions et à l'éducation. La discrimination contre les femmes débute à la petite enfance, les naissances de garçons se voyant donner la préférence.

Mme Bachelet est intervenue au cours de la visite qu'elle a effectuée le 3 avril 2011dans le camp de réfugiés de Dadaab, au nord du Kenya, en compagnie de la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial des Nations Unies, Mme Josette Sheeran et du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres. Les trois responsables des Nations Unies ont évalué l'état nutritionnel, la situation sécuritaire et la condition des femmes et des enfants vivant dans le camp de réfugiés. Ils ont également visité les camps de réfugiés d'Ifo et de Dagahaley.

M. Guterres a indiqué que, depuis janvier, quelque 10.000 réfugiés avaient franchi la frontière kenyane, entraînant le surpeuplement du camp de Dadaab. Quelque 330.000 réfugiés fuyant deux décennies de conflit en Somalie ont trouvé refuge dans les trois camps.

Il a expliqué que son agence est en train de discuter de la question de la sécurité avec le gouvernement : « La sécurité est une grande préoccupation pour le gouvernement kenyan. C'est une grande préoccupation pour nous aussi. »

Mme Bachelet a parlé avec des responsables des réfugiées, qui se sont plaintes du niveau élevé d'analphabétisme parmi les femmes et les filles, qui les empêche de rivaliser sur un pied d'égalité avec leurs homologues masculins pour accéder aux mêmes opportunités.

« L'éducation des filles doit être appuyée de manière à les autonomiser au niveau intellectuel » a affirmé Mme Bachelet.

Les responsables des femmes réfugiées ont indiqué à Mme Bachelet que les taux élevés de divorces et de désagrégation familiale chez les réfugiés sont préoccupants. Elles ont ajouté que les femmes divorcées et les enfants abandonnés ptissent de la perte de l'appui socioéconomique apporté respectivement par leurs époux et pères.

Une des femmes responsables a expliqué : « Les veuves et les orphelins sont confrontés à de nombreux problèmes aux niveaux social, économique et émotionnel, dans le cadre de leurs responsabilités de chefs de familles. Cela conduit souvent à l'exploitation sexuelle et économique ainsi qu'à des mariages précoces, tandis que le viol conjugal et la violence sexuelle sont également généralisés. De nombreuses femmes sont au chômage en raison des faibles opportunités d'emplois, de l'analphabétisme et de la restriction des mouvements à l'extérieur du camp. Nous n'avons pas d'argent pour lancer des initiatives de création de travaux indépendants. Les femmes gées sont celles qui ont le moins d'opportunités dans les camps. Cela a abouti à une absence d'autonomisation des femmes au niveau économique. Nous avons besoin d'activités génératrices de revenus pour pouvoir nous autonomiser ».

« Les femmes et les filles ont besoin et méritent beaucoup plus » souligne Mme Bachelet. « Nous jouerons notre rôle pour les aider ».