Déclaration à la presse au nom de Michelle Bachelet après sa visite en Haïti

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Déclaration à la presse au nom de Mme Michelle Bachelet après sa visite officielle en Haïti. Port-au-Prince. Le 23 octobre 2012.

[La version prononcée fait foi.]

C'est un honneur pour moi que d'être revenue en Haïti. Je m'y étais rendue en février 2010, quelques semaines seulement après le tremblement de terre dévastateur qui a infligé tant des pertes et de souffrances à votre pays. Je suis ravie d'être des vôtres aujourd'hui, en tant que Directrice exécutive d'ONU Femmes.

Cette visite très technique m'a permis de constater de mes propres yeux la situation des femmes et des filles près de trois ans après la catastrophe et de procéder à toute une série d'échanges et de dialogues avec des membres du Gouvernement haïtien de très haut niveau, des représentants de la société civile et nos partenaires du système des Nations Unies.

Je viens d'avoir un entretien très productif avec le président Martelly, durant lequel nous avons parlé des progrès obtenus récemment en Haïti pour renforcer la participation des femmes à la vie politique et le leadership féminin dans ce domaine dans le pays. Parmi les progrès réalisés figure l'adoption d'un quota, qui est éminemment nécessaire en vue de parvenir à la masse critique de 30 pourcent de femmes au sein du Parlement. Ceci viendra enrichir les travaux parlementaires et favoriser l'adoption de mesures législatives qui bénéficieront non seulement aux femmes mais aussi à la société toute entière.

J'ai également noté avec satisfaction la forte participation des femmes au cabinet ministériel d'Haïti, qui se situe actuellement à près de 40 pourcent. J'ai eu l'occasion de rencontrer la ministre à la condition féminine et aux droits des femmes, ainsi que d'autres femmes ministres, et de m'informer sur les importants travaux qu'elles effectuent dans de multiples domaines, notamment dans ceux de la santé, des finances et des droits de la personne.

Nous avons aussi parlé de la situation des milliers de femmes et de filles qui vivent toujours dans des camps d'hébergement provisoire depuis le tremblement de terre et nous avons mis en avant nos préoccupations devant leur vulnérabilité aux violences et à l'exploitation sexuelles ainsi que notre souci du respect de leur droit à un logement sûr et décent.

Hier, peu après mon arrivée à Port-au-Prince, j'ai eu l'occasion de visiter le site provisoire de Carradeux, où j'ai parlé à plusieurs résidentes qui m'ont fait part de leurs soucis et des défis qu'elles ont à relever, mais aussi des progrès qu'elles ont accomplis pour former une communauté solide dans des conditions particulièrement difficiles. Je suis honorée d'avoir été témoin de la détermination et de la résilience de ces femmes, mais cela ne doit pas nous faire oublier leur droit fondamental à un logement décent, ni leur droit de participer à toutes les décisions visant à apporter des solutions à leurs problèmes.

ONU Femmes travaille en coopération avec la ministre à la condition féminine et aux droits des femmes, la Police nationale d'Haïti et des organisations de femmes pour renforcer les capacités des personnels des forces de l'ordre, en vue d'améliorer les services et l'appui fournis par ceux-ci aux survivantes de violences sexistes. Ces violences sont un grave problème dans tout le pays, de même que dans d'autres pays de la région et du monde entier.

ONU Femmes continue aussi d'appuyer les travaux des organisations de femmes qui fournissent des services de première ligne et un accompagnement essentiels, qui sont si importants pour les femmes et les filles victimes de violences.

ONU Femmes renforce sa présence en Haïti en y établissant un bureau de pays plus robuste afin d'accroître les actions dans les domaines prioritaires, pour améliorer la condition des femmes et des filles. Nous agissons en partenariat pour réaliser des progrès dans le domaine de l'autonomisation économique des femmes, de la participation et du leadership des femmes en politique, de la planification et de la budgétisation sensibles au genre, de la participation accrue des femmes aux processus de paix et de sécurité et, comme je l'ai déjà mentionné, de l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Dans le sens et au vu des intentions du Gouvernement haïtien de tenir des élections dans les mois à venir, et conformément aux priorités d'ONU Femmes pour 2012, je saisis l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui d'annoncer un nouveau Programme de leadership et de participation politiques des femmes. Ce programme, qui sera lancé par ONU Femmes et ses partenaires nationaux, vise à renforcer les capacités des femmes en matière d'exercice des droits politiques, de participation à la vie politique et de leadership en politique, ainsi qu'à accroître la participation des femmes aux processus décisionnels de la vie publique, notamment dans les domaines suivants :

  • Assistance électorale;
  • Mise en œuvre de la révision constitutionnelle relative aux mesures spéciales provisoires (notamment le principe des quotas);
  • Renforcement d'un caucus des femmes dirigeantes et de la présence des femmes dans les partis politiques; et
  • Appui au mouvement des femmes et au plaidoyer en faveur du leadership et de la participation des femmes.

L'objectif général visé est d'accroître le leadership des femmes et leur participation aux processus décisionnels dans les affaires publiques en Haïti, du niveau national au niveau local, ainsi que la représentation, le leadership et l'influence des femmes dans les autres domaines de la vie civique.

Nous espérons, par toutes ces mesures, répondre plus efficacement aux besoins des femmes haïtiennes et mieux les aider à relever les défis auxquels elles font face.

J'ai noté avec grande satisfaction dans mes réunions et mes entretiens avec plusieurs représentants et représentantes du Gouvernement haïtien, notamment avec le président Martelly et la Première dame Sophia Martelly, des membres du Cabinet, ainsi que des représentants et représentantes de la société civile, une prise de conscience accrue de l'importance d'une libération du plein potentiel des femmes, en vue de tirer parti au maximum des opportunités de développement inclusif et durable qui se présentent pour le pays.

Les femmes représentent 51 % de la population haïtienne et le fait de leur fournir les instruments et les possibilités dont elles ont besoin pour réaliser leur potentiel n'est pas seulement une question de justice : c'est également une action judicieuse.

C'est un honneur pour moi d'être revenue en Haïti après deux ans, et je tiens à remercier le Gouvernement d'Haïti et le peuple haïtien de leur cordiale hospitalité.

L'égalité entre les sexes est le chemin et nous sommes fiers de pouvoir accompagner le Gouvernement Haïtien et les organisations de la société civile dans ce processus.

Mesi Anpil.