Journée internationale de la femme : l’ONU appelle à l’application de la loi sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes en Afghanistan

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Kaboul — A l'occasion de la Journée internationale de la femme, la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et ONU Femmes ont demandé instamment au gouvernement d'Afghanistan d'appliquer pleinement et rapidement la loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

« Aussi longtemps que les femmes et les filles d'Afghanistan seront soumises à la violence en toute impunité, peu de progrès significatifs et durables peuvent être réalisés sur le plan des droits de la femme dans le pays » indique Georgette Gagnon, Directrice des droits de l'homme au sein de la MANUA.

« Assurer des droits aux femmes afghanes - tels que leur participation à la vie publique, notamment au processus de paix et de réconciliation, et l'égalité des chances sur le plan de l'éducation et de l'emploi - exige non seulement des mesures de protection sur le papier, mais surtout, l'application rapide et complète de la loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes. »

En novembre 2011, la MANUA et le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies ont publié un rapport de 33 pages « Un long chemin à parcourir : appliquer la loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes en Afghanistan » qui a pointé à la fois des progrès positifs mais également des lacunes sur le plan de l'application de la loi. Le rapport a noté que, bien que la loi de plus en plus appliquée, il reste un long chemin à parcourir avant que les femmes afghanes ne soient complètement à l'abri de la violence et que leur égalité soit efficacement appuyée par le biais de la loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

Mise en vigueur en août 2009, l'historique loi sur l'élimination à l'égard des femmes (EVAW) criminalise les mariages d'enfants, le mariage forcé, la vente et l'achat des femmes aux fins ou sous prétexte du mariage, le baad (donner une femme ou une fille pour régler un différend), l'auto-immolation forcée et 17 autres actes de violence à l'égard des femmes, y compris le viol et l'administration de corrections. Elle spécifie également des punitions pour les auteurs.

Malgré ces protections juridiques en vertu de la loi EVAW et d'autres protections constitutionnelles en faveur des femmes, la violence à l'égard des femmes et des filles demeure répandue en Afghanistan, les autorités afghanes y répondant de manière peu constante.

La MANUA a conclu que les responsables judiciaires et chargés de l'application de la loi mettaient en œuvre la loi adoptée il y a deux ans de manière sporadique, et n'appliquaient pas encore la loi à la majorité des cas de violence à l'égard des femmes. Le rapport a déterminé que de nombreux cas de violence contre les femmes afghanes faisaient l'objet d'un retrait ou d'une médiation, notamment des crimes graves qui exigeraient des poursuites, un faible nombre de cas faisant l'objet de poursuites.

« J'ai frappé à toutes les portes pour venir à bout de la violence, mais toutes mes plaintes sont restées lettre morte. Au lieu de cela, le procureur m'a accusé de mentir et m'a menacé de graves conséquences », raconte Sadat, tout en recevant des soins à l'hôpital d'Herat. Cette fille de 15 ans s'était immolée suite aux violences domestiques répétées et non résolues dont elle faisait l'objet. Sadat est décédée ultérieurement dans un hôpital de Turquie, où on l'avait emmenée pour traitement plus approfondi.

« Au cours de la dernière décennie, ONU Femmes a travaillé en solidarité avec les femmes afghanes à des améliorations juridiques et sociales, dans le but d'éliminer la violence à l'égard des femmes », explique Ingibjorg Solrun Gisladottir, Directrice de pays d'ONU Femmes en Afghanistan.

« Nous réitérons notre appui au gouvernement et à la société civile d'Afghanistan pour les initiatives qu'ils lancent contre la violence malveillante à l'égard des femmes, qui sape la loi et la justice dans le pays. ONU Femmes estime que les femmes et les hommes afghans doivent être aidés à prendre en charge leur propre avenir, et le fait de donner aux femmes les moyens de participer à la vie publique est la meilleure contribution à la paix et à la stabilité à long terme ».

Pour améliorer l'application de la loi EVAW, la MANUA a réitéré ses 32 recommandations faites au gouvernement et à ses partenaires internationaux, comprenant notamment des mesures visant à accroître de manière importante les initiatives visant à renforcer la sensibilisation à la loi chez les femmes et les hommes afghans ainsi qu'à tous les niveaux du gouvernement ; à faire en sorte que la Cour suprême, le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice ordonnent à tous les responsables d'appliquer la loi avec constance, rapidement et efficacement ; et à former davantage la police, les procureurs et les juges sur la manière d'appliquer la loi.

La MANUA et ONU Femmes ont appelé les donateurs internationaux à appuyer et financer complètement le Plan national d'action pour les femmes en Afghanistan (NAPWA) et les Programmes nationaux prioritaires, concernant notamment la loi et la justice pour tous et le renforcement des capacités en vue d'accélérer l'application du NAPWA, ainsi que d'autres initiatives pour éliminer la violence à l'égard des femmes.

Pour de plus amples informations, veuillez vous reporter au rapport de l'UNAMA : « Un long chemin à parcourir : appliquer la loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes en Afghanistan. »