Former de futurs leaders et décideuses dans le secteur des TIC

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Remarques de Lakshmi Puri, Directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes à New York le 26 avril 2012.

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Secrétaire général Touré,

Distingués panélistes,

Mesdames et Messieurs,

C'est un plaisir de me trouver parmi vous aujourd'hui pour discuter de ce thème important des filles dans les technologies de l'information et des communications (TIC).

Comme beaucoup d'entre vous, je ne travaille pas directement dans le domaine des TIC, mais je me bats pour renforcer l'accès des femmes aux espaces qui demeurent dominés par les hommes et où l'égalité demeure un problème, ce qui est bien entendu le cas des TIC.

Venant d'Inde, où la révolution dans le domaine des TIC a permis et alimenté le développement du pays, cet aspect a toujours suscité mon attention. Les femmes d'Inde et des autres pays ont été autonomisées par les TIC de nombreuses manières différentes.

Les centres de télé-service ont fourni des emplois et des opportunités à des milliers de femmes et de filles ; les femmes pratiquant la pêche, les vendeuses de fruits et légumes et les autres petites commerçantes utilisent leurs téléphones mobiles pour vendre leurs produits à un prix juste.

Aujourd'hui, je souhaiterais donner le point de vue d'ONU Femmes, la nouvelle entité des Nations Unies créée pour promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Après un peu plus d'une année d'existence, nous avons déjà noué un partenariat florissant avec l'Union internationale des télécommunications (UIT), qui nous permet de faire fructifier nos efforts communs dans le domaine des TIC.

Dans le monde d'aujourd'hui, les TIC sont extrêmement importantes pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Elles fournissent de nouveaux moyens d'apprentissage, de partage des connaissances et d'éducation.

Les TIC sont une force multiplicatrice pour l'éducation des filles, leur permettant de btir leur avenir sur un pied d'égalité avec leurs homologues masculins.

Elles donnent les moyens de réussir le développement économique, offrant de nouvelles opportunités de subsistance et capacités productives. Elles peuvent offrir une série de bénéfices en améliorant l'accès aux services.

Elles permettent aux femmes de se mobiliser en faveur de leurs droits, et de s'engager politiquement par le biais des canaux de participation et de plaidoyer. Pendant le Printemps arabe, nous avons vu comment les réseaux sociaux se sont révélés déterminants pour entraîner la mobilisation sociale et les changements politiques. ONU Femmes promeut déjà les TIC dans plusieurs pays, en vue de favoriser une gouvernance plus inclusive et une meilleure formation politique des femmes.

Les TIC sont également un outil important pour l'engagement des jeunes femmes et hommes, des filles et des garçons, et pour réaliser des changements générationnels sur les questions de l'égalité des sexes. Cela implique en retour de surmonter les stéréotypes et les attitudes discriminatoires qui empêchent les filles et les jeunes femmes d'envisager une carrière dans les TIC ou d'être soutenues dans une telle démarche.

Cela exige également de renforcer la sensibilisation et les compétences, ainsi que de fournir des voies et des opportunités claires. De nombreuses recommandations ont été faites à cette fin, y compris au cours de la Commission de la condition de la femme de l'an dernier, qui s'est focalisée sur la Science et la technologie et l'éducation.

Plus fondamentalement, les femmes doivent participer aux processus de prise de décisions, à l'établissement des priorités et des budgets, au développement des infrastructures et des techniques, et à la création d'environnements habilitants.

Elles doivent pour ce faire pouvoir exercer leur leadership dans tout le secteur technologique - du domaine politique et règlementaire, jusqu'aux institutions éducatives et de recherche, en passant par le secteur privé et le développement de contenu, ainsi qu'au sein des activités entrepreneuriales. Ce faisant, il convient de traiter de manière plus explicite des questions relatives à l'égalité des sexes.

Pourtant, à présent, et ainsi que cela est indiqué dans le rapport de l'UIT présenté ce jour, les femmes se trouvent sous-représentées dans le secteur des TIC en général, et en particulier aux positions les plus élevées.

Nous voyons que même lorsque les adolescentes utilisent des ordinateurs et l'Internet à des taux identiques à ceux des garçons, celles-ci ont cinq fois moins de probabilités d'envisager une carrière liée à la technologie. Ceci constitue une perte à laquelle il convient de mettre fin, alors même que les femmes s'engagent dans le domaine technologique à des niveaux croissants et plus productifs.

Dans le domaine des TIC, nous connaissons le problème du clivage Nord-Sud ainsi que du fossé économique entre les pays. Il existe de manière indéniable un écart entre les sexes à cet égard. Les femmes constituent de 30 à 40 pourcent des travailleurs ayant un emploi inférieur, mais seulement 15 pourcent des cadres.

Seulement 11 pourcent des femmes occupent des postes supérieurs, de planificateurs stratégiques ou des chefs d'entreprise. Ce fossé est également visible au niveau des différences de salaires, les femmes gagnant de 17 à 35 pourcent de moins que les hommes pour le même travail, problème qui doit être traité avec urgence.

Qu'est-il donc possible de faire ?

Nous devons commencer par permettre aux jeunes femmes et filles d'adopter la technologie à un stade plus précoce, ce qui les rendra plus à même d'utiliser de tels outils pour s'autonomiser elles-mêmes dans tous les aspects de la vie et de partager leurs connaissances nouvelles acquises avec leurs familles et leurs communautés. Ces mêmes filles - dans les bonnes conditions - auront le potentiel de forger le paysage des TIC dans l'avenir.

Assurer l'accès général aux connaissances et à l'éducation, améliorer la qualité et la pertinence de l'éducation en matière de TIC, fournir des bourses focalisées sur les filles, mener des campagnes médiatiques à l'intention du public et recueillir des données sont autant de mesures que le gouvernement et les institutions éducatives peuvent prendre.

Le secteur privé doit, de son côté, assurer le mentorat, fournir des outils de recrutement et développer les applications ciblant les filles.

Il est également important que les filles aient l'accès aux TIC, non seulement à l'intérieur mais aussi à l'extérieur de l'école, dans des environnements sûrs et accessibles - des mesures que toute une gamme de partenaires sont en mesure d'appuyer.

Et si des efforts louables sont en train d'être déployés, nous avons clairement besoin de renforcer la sensibilisation et de générer un élan plus important sur cette question, en réalisant des engagements nationaux et en comblant les écarts existants.

ONU Femmes continue de défendre une politique tenant compte des questions de genre en matière de TIC. Nous avons appuyé des initiatives qui visent à mettre ces outils et capacités entre les mains des femmes.

Nous avons dispensé une formation numérique aux femmes rurales, déployé des activités de développement des compétences en matière de TIC en faveur des jeunes femmes rentrant sur le marché du travail, et renforcé la sensibilisation des mécanismes nationaux sur les TIC, afin qu'ils puissent faire pression en faveur de l'adoption de politiques à mettre en œuvre dès maintenant au bénéfice des femmes et des filles.

Par le biais de nos Principes d'autonomisation des femmes, nous encourageons également le secteur privé à attirer, retenir et promouvoir les femmes aux niveaux les plus élevés.

En faisant en sorte que les femmes soient présentes et actives dans le secteur des TIC dès aujourd'hui, nous pouvons fournir aux filles des modèles dont elles peuvent s'inspirer ainsi que des mentors.

ONU Femmes renforce activement son travail au niveau des TIC en vue de le développer et d'accroître son engagement avec ses partenaires - y compris Microsoft et CISCO - en vue de promouvoir des solutions systématiques, intégrées, durables et multidisciplinaires pour renforcer la sensibilisation, accélérer les actions et réaliser une transformation véritable.

Il est essentiel pour ce faire de mettre l'accent sur les jeunes femmes en tant que bénéficiaires de ces mesures, et, surtout, que productrices et dirigeantes futures des développements technologiques - une question bien entendu au premier plan de l'ordre du jour d'ONU Femmes.

Merci de votre attention.