Eclairer des vies: des femmes africaines sont formées à devenir des ingénieurs solaires « aux pieds nus »

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Stella, une grand-mère analphabète d'un petit village du Malawi, avait du mal à imaginer quel serait son avenir au moment d'arriver au Barefoot College d'Inde.

Six mois plus tard, elle en ressortait en qualité de technicienne solaire, avec 24 autres femmes africaines formées comme elle, prête à électrifier son village natal pour la toute première fois.

« Je n'ai jamais imaginé que des connaissances techniques comme celles-ci pourraient être un jour accessibles à des femmes analphabètes comme nous » confiait-elle au terme de sa formation à Tilonia, dans l'Etat du Rajasthan. « Mais venir ici nous a donné confiance sur notre capacité à apprendre des choses nouvelles et à améliorer nos vies ».

En collaborant avec le Barefoot College et avec ses partenaires des ONG, ONU Femmes appuie un programme visant à autonomiser les femmes marginalisées autour du monde, et aide ces dernières à prendre les rênes de leurs économies vertes locales.

Le programme, lancé en 2004, enseigne des compétences en matière d'ingénierie à des femmes gées analphabètes issues des communautés rurales - un groupe d'ge particulièrement vulnérable dans le monde - avant de les équiper de modules de lampes solaires à assembler et à installer dans leurs propres villages et dans les villages voisins.

Des femmes sont venues de plusieurs pays africains, tels que l'Ouganda, le Libéria et le Sud-Soudan, pour participer à cette session de formation qui a commencé en septembre 2011 pour se terminer au mois de mars suivant. Chacune a été sélectionnée ou nommée par sa communauté locale, et appuyée par une variété d'organisations locales et internationales, et, dans certains cas, son gouvernement.

Gertrude Damiano, du Malawi, teste l'une de ses lampes solaires. (Crédit photo: ONU Femmes /Gaganjit Singh)

Cette formation a eu pour objectif d'autonomiser les femmes, dont beaucoup ont effectué des travaux agricoles pendant la plus grande partie de leur vie, en vue d'acquérir des compétences plus adaptées à leur ge, tout en leur apportant une nouvelle position qui leur assure le respect de leur communauté.

Bawor Mamma, par exemple, a passé des années à se remettre des conséquences persistantes de la guerre civile et de la dislocation économique au Libéria. A 53 ans, elle préfère assembler des lanternes solaires plutôt que de continuer à endurer la fatigue physique des travaux agricoles. « Je ne suis pas une agricultrice comme les autres » dit-elle avec une fierté évidente. « Aujourd'hui, je suis un ingénieur solaire et je veux électrifier mon village et les autres villages voisins ».

« Ce que le Barefoot College a démontré avec succès, c'est que la combinaison des connaissances traditionnelles (Barefoot signifie « pieds nus » en anglais) et des compétences modernes démystifiées peut avoir des conséquences durables et provoquer des changements fondamentaux lorsque les outils sont maîtrisés et que les membres de la population rurale se les sont appropriés » souligne le Dr. Bunker Roy, Directeur du Barefoot College.

Des participantes du Libéria et du Malawi, au terme de leur six mois de cours d'ingénierie solaire. Aujourd'hui, certaines participantes vont s'habiller pour aller visiter le marché local, tandis que d'autres font joyeusement leurs bagages pour retourner en Afrique. Sur le bord du lit repose un module d'éclairage solaire, que chacune emportera chez elle. Crédit photo :ONU Femmes /Gaganjit Singh

Les femmes appuient également une forme plus verte de l'utilisation de l'énergie. Beaucoup vivent dans des villages sans le moindre courant électrique, où l'on utilise beaucoup le kérosène. Pourtant, ce dernier n'est pas une source d'énergie durable, et n'est ni bon marché, ni sain. Le Barefoot College estime que l'initiative permet désormais d'économiser environ 160 000 litres de kérosène par mois à travers l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Asie.

Pour assurer la durabilité du projet, on enseigne également aux femmes la manière de former les autres villageois à l'entretien de ces lampes. Ceux-ci sont encouragés à monter des boutiques de réparation électrique, qui généreront des revenus réguliers.

Le programme peut être un formidable défi pour les femmes. « Au début, de nombreuses femmes éprouvent des problèmes, puisque c'est la première fois qu'elles abandonnent leurs enfants et leurs villages » explique Leela Devi, enseignante au sein du Département d'Ingénierie solaire. « Mais nous devons les aider comme des sœurs, et leur rappeler constamment quels avantages elles tireront du fait de se trouver ici et de se former à l'ingénierie solaire ». Leurs formateurs, qui parlent principalement hindi, ont dû surmonter les barrières linguistiques et culturelles en utilisant des gestes et des signes pour se faire comprendre.

Le désir de fournir un éclairage à leurs communautés et d'autonomiser les femmes qui y habitent a pourtant permis de créer un lien unificateur. En l'espace de six mois de formation, les étudiantes ont montré qu'elles pouvaient transcender de considérables barrières et émerger en tant qu'ingénieurs solaires financièrement autonomes et vecteurs du changement.

Photo Album

Solar engineering trainer, Barefoot College, India Solar engineering student from Liberia Solar engineering empowers rural women Gertrude from Malawi tests one of her solar lights Women work together on solar lighting circuit boards Sofia from Tanzania shows her solar technology notebook New African solar technicians, each ready to electrify her home village for the first time Solar engineering student from Malawi, training in India Participants from Liberia and Malawi at the end of their six-month solar engineering course