ONU Femmes appelle les Etats membres et les parties intéressées à prendre des mesures urgentes contre le féminicide

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Michelle Bachelet, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d'ONU Femmes, a appelé aujourd'hui les Etats et les parties intéressées à prendre des mesures urgentes contre le fémicide, suite à la publication du Rapport de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, et ses causes et ses conséquences sur les meurtres sexistes au cours de la 20ème session du Conseil des droits de l'homme.

« Les Etats membres doivent renforcer leurs législations interdisant toutes formes de violence à l'égard des femmes et assurer que les institutions publiques telles que les forces de police, les bureaux des procureurs et les tribunaux soient tenus responsables pour la sécurité et la justice pour les femmes et les filles » a indiqué Mme Bachelet. « Ils doivent assurer que les instruments d'enquête et de poursuite de ces crimes sont en place et utilisés pour garantir l'accès des femmes à la justice » a-t-elle ajouté.

Le Rapport, présenté par la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo, fournit une vue générale sur la prévalence de cette manifestation extrême de la violence sur la base des données disponibles. Il met également en exergue certains des facteurs principaux contribuant aux meurtres de femmes liés au genre. Il recommande également des mesures concrètes pour prévenir et éradiquer de tels meurtres.

Pour dire les choses simplement, dans toutes les parties du monde, les femmes sont assassinées pour la simple raison qu'elles sont des femmes. Cette violation flagrante des droits de l'homme existe à différents degrés dans tous les pays et cultures. Elle résulte de la violence domestique ou d'autres pratiques dangereuses, telles que ce qu'on appelle les « crimes d'honneur » et les « crimes passionnels », les meurtres découlant d'abus domestiques prolongés, les meurtres liés à la dot et à des accusations de sorcellerie, et ceux liés au crime organisé et aux conflits armés.

Bien que les données disponibles dans de nombreux pays soient toujours rares, le tableau qui émerge de sources variées est le suivant :

  • En Australie, au Canada, en Israël, en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, entre 40 et 70 pour cent des femmes victimes de meurtres ont été assassinées par un partenaire intime.
  • Au Guatemala, deux femmes sont tuées en moyenne chaque jour.
  • En Australie, les femmes autochtones ont une probabilité sept fois supérieure d'être victime d'un homicide que leurs semblables non autochtones. Au Canada, une jeune femme aborigène a une probabilité cinq fois plus importante que les autres femmes canadiennes du même ge de mourir des suites de violences.
  • Le féminicide est considéré comme la deuxième plus importante cause de décès chez les femmes en ge de procréer au Honduras.
  • Au Bangladesh, au cours de la première moitié de 2009, 119 cas de violence liée à la dot, dont 78 décès, ont été signalés. En Inde, 8 000 cas de décès liés à la dot sont signalés en moyenne chaque année pour la période allant de 2007 à 2009.
  • La fréquence des meurtres de femmes ne semble pas diminuer de la même manière que chez les hommes. Au Mexique, par exemple, la fréquence des meurtres d'hommes a diminué de moitié au cours de ces 20 dernières années, tandis que celle des meurtres de femmes est demeurée constante, avec une augmentation depuis 2007. De même, en Italie, le nombre total d'homicides est en diminution ; les homicides de femmes sont toutefois en hausse, passant de 15,3 pour cent au cours de la période 1992-1994 à 23,8 pour cent au cours de la période 2007-2008.
  • Une récente étude d'ONU Femmes sur les féminicides au Mexique révèle également que les femmes sont assassinées par des moyens plus cruels que les hommes : si deux tiers des meurtres d'hommes sont perpétrés avec une arme à feu, les femmes sont étranglées, étouffées, noyées, empoisonnées, brûlées, violées et mutilées.

Les meurtres liés au genre ne sont pas des incidents isolés se produisant de manière soudaine et imprévue. Ils constituent au contraire des actes ultimes d'un continuum de violence. Ils sont la partie immergée de l'iceberg, enracinés dans des siècles de discrimination et d'inégalités entre les hommes et les femmes, provoqués par l'impunité, l'inaction et la tolérance à l'égard de la violence contre les femmes et les filles.

La réponse apportée par les Etats membres et la communauté internationale aux meurtres motivés par le genre est marquée par des insuffisances et des défis à relever. Les femmes et les filles soumises à la violence sexiste doivent avoir accès aux services garantissant leur protection en temps opportun, un refuge sûr et l'autonomisation, en vue de pouvoir échapper aux situations mettant en péril leur vie. Et ce faisant, une attention particulière doit être accordée aux groupes de femmes tout particulièrement à risques.

La fin de la violence à l'égard des femmes est au cœur du mandat d'ONU Femmes visant à autonomiser les femmes et à promouvoir les droits de l'homme, la liberté et l'égalité. En partenariat avec les agences spécialisées du système des Nations Unies, ONU Femmes travaille chaque jour avec les pays à adopter des réformes juridiques en vue d'éliminer tous les types de violence à l'égard des femmes et des filles et à élargir les services aux victimes et rescapées. ONU Femmes appelle au renforcement des investissements dans la prévention - le moyen le plus économique de mettre fin à la violence.

ONU Femmes encourage également les acteurs non-étatiques à prendre des mesures pour faire face à cette question et changer les comportements et attitudes. ONU Femmes encourage les particuliers et les organisations de la société civile à s'engager par le biais de la plateforme de mobilisation sociale « Dites NON » (www.ditesnonalaviolence.org), la contribution d'ONU Femmes à la campagne Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes du Secrétaire général des Nations Unies. Cette plateforme présente et enregistre les actions mises en œuvre pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles. Lancé en novembre 2009, le site de Dites NON affiche à l'heure actuelle plus de 5 millions d'actions aux quatre coins de la planète.