La Directrice exécutive d’ONU Femmes lance un appel en faveur d’un processus de paix inclusif et pour l’arrêt immédiat des atteintes aux droits fondamentaux des femmes perpétrées en raison du conflit en cours au Mali

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Elle affirme que les femmes doivent jouer un rôle essentiel dans la formulation de la feuille de route pour la transition

Abuja, le 10 janvier—En visite au Mali, la Secrétaire générale adjointe de l'ONU et Directrice exécutive d'ONU Femmes, Mme Michelle Bachelet, a lancé un appel pour que l'aide humanitaire soit acheminée sans entraves et que cessent l'escalade de la violence et les atteintes aux droits de l'homme perpétrées dans le Nord du pays, et notamment les violences sexuelles à l'égard des femmes. Mme Bachelet a fait référence à la résolution 1325 du Conseil de sécurité et a invité instamment les hauts dirigeants et toutes les parties concernées à faire pleinement participer les femmes à tous les processus mis en place pour faire face à la crise et pour rétablir l'ordre constitutionnel et l'intégrité territoriale du Mali.

Le 9 Janvier 2013, la Directrice exécutive d' ONU Femmes a rencontré les femmes déplacées par le conflict dans le Nord du Mali. Photo: ONU Femmes/DFA Com

Les Nations Unies appuient les efforts visant à asseoir la paix et la sécurité au Sahel. En effet, cette région est en proie à des défis sécuritaires, politiques et humanitaires complexes, qui sont aggravés par la présence de groupes armés et par des violations épouvantables des droits de l'homme.

Le Mali traverse actuellement la crise politique, sécuritaire et alimentaire la plus grave de son histoire. Depuis le coup d'État militaire de mars 2012, l'occupation du Nord du pays s'est accélérée, entraînant le déplacement de plus de 400 000 personnes. Les violences sexuelles sont utilisées pour propager la peur au sein de la population. Les femmes et les filles en sont la cible, sous prétexte qu'elles enfreignent les règles imposées par les rebelles qui ont introduit une version rigoureuse de la charia.

Le point d'orgue de la visite d'une journée rendue par Mme Bachelet au Mali ce 9 janvier était la rencontre de femmes déplacées et d'activistes de la société civile. Au cours de leurs discussions, des exemples de telles violations ont été cités. Lors de ses rencontres avec de hauts dirigeants gouvernementaux et avec des leaders de la société civile, Mme Bachelet a insisté pour que les Maliennes soient placées au centre de tous les efforts déployés en vue de rétablir la démocratie, de concevoir et d'appliquer un processus politique, et de préparer des élections. Elle a souligné que la paix, la démocratie et le développement durables nécessitent un dialogue national inclusif. Elle a réclamé la justice pour toutes les victimes de violences.

« Les femmes souffrent tous les jours car elles font l'objet d'abus et de violences basés sur le genre dans les régions occupées. La pérennité de la paix au-delà de la simple signature d'un accord de paix ne peut être assurée si la paix ne repose pas étroitement sur la justice. Si les violations des droits de l'homme ne font pas l'objet d'enquêtes et si les appels à la justice des victimes ne sont pas entendus, il y a de grands risques que les violences reprennent », a expliqué Mme Bachelet. « Il y a un proverbe bambara qui dit que ‘Bolondio kelen te se ka foi taa', c'est-à-dire que l'on peut arriver à de meilleurs résultats en travaillant de concert. Ce proverbe s'applique aussi à la consolidation de la paix. La médiation, les accords de paix et la consolidation de la paix requièrent la pleine participation des femmes », a-t-elle ajouté.

La Directrice exécutive d'ONU Femmes, Mme Bachelet, a réitéré le message qu'elle avait adressé au Conseil de sécurité des Nations Unies au mois de novembre dernier. Elle a répété que des mesures spécifiques visant à défendre les droits des femmes et à prévenir et mettre un terme à la violence envers les femmes et les enfants doivent être adoptées d'urgence, et que des fonds doivent être consacrés au dédommagement des victimes, aux soins qui leur sont offerts et à leur autonomisation.

Au Mali, ONU Femmes apporte son soutien au déploiement d'unités destinées à combattre la violence basée sur le genre ainsi qu'à la mise en place d'un pool national de psychologues qui viendra en aide aux femmes tant dans les zones occupées qu'en dehors de celles-ci. ONU Femmes continuera en outre à favoriser un dialogue politique élargi et inclusif et à plaider pour que la participation des femmes fasse partie intégrante de la transition. Afin d'y contribuer, Mme Bachelet a lancé un programme de formation sur la médiation et la gestion de conflits destiné aux femmes et suivi par des parlementaires et des dirigeantes. ONU Femmes est déterminée à veiller à ce que la voix des femmes maliennes soit entendue et prise en compte.

Aujourd'hui, au Nigeria, au cours de la dernière partie de son voyage en Afrique de l'Ouest, Mme Bachelet a rencontré des commissaires de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) afin de leur transmettre le message des Maliennes. Elle a insisté sur le fait que la justice et la participation de la population malienne à la médiation et à la transition, y compris le leadership et la pleine participation des femmes, sont essentiels si l'on veut btir un avenir durable pour le Mali.

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