Les femmes rurales doivent être au cœur de tous les efforts de développement – Phumzile Mlambo-Ngcuka

Message de la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka, à l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales, le 15 octobre 2014

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Aujourd’hui, Journée internationale des femmes rurales, engageons-nous toutes et tous, les femmes et les hommes, les gouvernements et le système des Nations Unies, à reconnaître les contributions et les droits des femmes issues des milieux ruraux, et notamment leur droit à la terre et aux ressources. Ensemble, nous devons susciter un élan pour soutenir les femmes rurales et garantir leur autonomisation, de sorte qu’elles puissent revendiquer les droits qu’elles méritent d’exercer et profiter pleinement des avantages que procure le développement.

Partout dans le monde, l’inégalité entre les sexes sur le plan de la terre et des autres ressources productives est intrinsèquement liée à la pauvreté et à l’exclusion des femmes. Les droits des femmes à accéder à la terre et aux autres ressources productives, à les utiliser, à les contrôler et à les posséder sont essentiels si l’on veut inverser cette tendance. Les solutions durables ne s’imposent pas de l’extérieur. Il est de la plus haute importance que les voix des femmes rurales soient entendues lors des discussions, des débats et de l’élaboration des politiques concernant leur vie. 

Chaque jour, les femmes issues des milieux ruraux sont confrontées à des obstacles complexes qui les empêchent d’exercer leurs droits fonciers : lois et pratiques discriminatoires régissant l’héritage et les biens matrimoniaux ; réforme foncière sexiste qui favorise les hommes par rapport aux femmes ; accès inégal aux marchés fonciers ; et attitudes et croyances discriminatoires. Cette discrimination nuit grandement au potentiel des femmes rurales en tant que productrices agricoles, limitant ainsi leur contribution à la sécurité alimentaire, nuisant à leurs efforts de gestion durable de la terre, et compromettant leur bien-être et celui de leur famille. 

Cette situation persiste en dépit des instruments et politiques internationaux et régionaux qui reconnaissent les droits fonciers des femmes, et de l’évolution de la situation dans de nombreux pays où ces droits sont garantis et protégés. La publication d’ONU Femmes « Le respect des droits fonciers des femmes et de leur droit aux autres ressources productives », publiée conjointement avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, dresse un tableau complet des questions cruciales relatives aux droits fonciers des femmes, elle formule des recommandations, elle décrit de bonnes pratiques, et elle présente des exemples de réussite.

Un changement est possible grâce à une action déterminée. Les gouvernements et la société civile doivent accélérer leurs efforts visant à réviser les lois nationales obsolètes et à promouvoir la sécurité des droits fonciers. Ils doivent veiller à interdire l’expulsion des femmes dont l’état civil a changé. Des lois portant sur le mariage et la famille doivent être promulguées pour garantir aux femmes le droit de propriété. Les terres communautaires constituent une propriété formidable ; elles représentent le capital qui garantit les droits d’une collectivité. Mais celles et ceux qui travaillent les terres communautaires doivent aussi être soutenus afin que leurs droits se traduisent par des bénéfices. Et enfin, les gouvernements et la société civile doivent sensibiliser et informer les femmes, de sorte qu’elles connaissent leurs droits et qu’elles puissent les revendiquer. 

Il est capital que la feuille de route pour l’après-2015 aborde les droits fonciers des femmes et leur droit aux autres ressources productives, et que les futurs objectifs de développement durable comprennent ces droits. Comme nous le savons, il existe une relation marquée et positive entre la défense des droits fonciers des femmes, d’une part, et l’amélioration du bien-être des ménages et le renforcement du pouvoir des femmes et de leur autonomie au sein de leur famille et de leur communauté, ainsi que dans le cadre de leurs relations économiques et sociales, d’autre part. 

Afin d’appliquer des politiques appropriées au cours de l’après-2015, nous devons disposer de données adéquates, ventilées par sexe, pour élaborer le corpus de données qui motivera un changement de politique. Nous devons renforcer nos efforts permanents pour recueillir ces données grâce à des initiatives telles que le Portail des terres (Land Portal) soutenu par ONU Femmes, la Base de données sur le genre et les droits fonciers (Gender and Land Rights Database), le Réseau mondial d’outils fonciers (Global Land Tool Network) et les bases de données Les femmes, les entreprises et le droit (Women, Business and the Law). 

La Journée internationale des femmes rurales nous donne l’occasion d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les contributions et les préoccupations des femmes rurales, dont la situation est si mal connue et que l’on entend si rarement. Saisissons donc cette occasion, leur Journée internationale, pour veiller à ce qu’elles puissent pleinement profiter du programme pour l’après-2015 et de tous les plans de développement.