Déclaration d’ONU Femmes à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire

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Chaque année, la Journée mondiale de l’aide humanitaire est célébrée pour rendre hommage aux travailleuses et travailleurs humanitaires qui risquent leur vie au service de millions de femmes, d’hommes, de garçons et de filles victimes de situations de crise. ONU Femmes est fière de son personnel et de celui de ses partenaires : elles et ils interviennent à travers le monde dans des situations de crise humanitaire prolongées, comme en Syrie ou au Lac Tchad, ou celles qui sont plus soudaines, comme les glissements de terrain et les fortes pluies qui touchent actuellement la Sierra Leone.

Cette année, nous mettons l’accent sur la question des civils piégés dans des situations de conflit. ONU Femmes appuie pleinement la campagne #NotATarget des Nations Unies. Nous réitérons notre demande voulant que les civils ne soient pas une cible dans les conflits armés, comme le prescrit le droit international humanitaire. Ils ne doivent pas faire les frais des actes des belligérants, dont les intérêts ne sont pas les leurs. Et pourtant, nous savons qu’en réalité ce sont bien les civils qui constituent souvent les cibles principales des affrontements : c’est la cause principale des crises humanitaires actuelles.

Ces violations du droit international humanitaire ont mené à une crise mondiale en matière de protection. L’impact sur les civils est catastrophique, car les bombes et les roquettes détruisent les écoles, les hôpitaux, les marchés et les lieux de culte. Des enfants sont retirés des décombres de leurs maisons. Tous les jours, de plus en plus de jeunes filles sont exposées à un mariage précoce ou forcé, et les jeunes garçons sont enrôlés de force dans des groupes armés. La violence sexuelle et basée sur le genre continue à briser des vies et à compromettre la cohésion communautaire.

Cela est particulièrement vrai pour les femmes et les filles. Près de soixante pour cent de la mortalité maternelle évitable se produit dans le cadre de conflits et de déplacements ou dans des situations de catastrophe naturelle ; les filles sont deux fois et demie plus susceptibles de ne pas aller à l’école dans les pays en conflit ; et il est rapporté qu’une femme réfugiée ou déplacée sur cinq est victime de violence sexuelle (bien qu’il soit possible que leur nombre soit en fait beaucoup plus élevé. Par ailleurs, les crises provoquent une augmentation considérable du nombre de femmes qui doivent soutenir leur famille seules : ainsi, au Yémen, la proportion de foyers dirigés par des femmes est passé de neuf à trente pour cent au cours de la crise actuelle. Quelle que soit la métrique utilisée, l’égalité des sexes doit être une priorité urgente dans l’action humanitaire. Mais nous n’en sommes pas encore là. De tous les projets ayant fait l’objet d’appels interorganisations par les Nations Unies en 2014, seulement quatre pour cent ont ciblé les femmes et les filles, et seulement 1 pour cent des financements destinés aux États fragiles a bénéficié à des groupes féminins ou à des ministères des femmes.

Les femmes et les filles représentent notre plus grande ressource inexploitée dans la réponse humanitaire. Ce sont les femmes qui dans leurs familles, leurs communautés et leurs sociétés prennent les initiatives conduisant à des réponses efficaces aux crises. Quand un soutien en faveur de ce rôle de leadership leur est apporté, elles sont les véritables actrices de l’aide humanitaire, protégeant les enfants, les malades, les personnes âgées et d’autres groupes vulnérables bien plus efficacement que n’importe quelle organisation internationale. Et ce sont les femmes et les filles qui ont des idées sur ce qui est nécessaire et sur ce qui fonctionne, et donc sur ce qui doit documenter une réponse humanitaire efficace.

En cette Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous devons unir nos efforts pour faire évoluer le statu quo, tant pour les femmes et les filles que pour tous les civils pris dans des situations de crise.