Dans les propos de Hajer Sharief : « La consolidation de la paix, c'est l'élimination de la violence, mais également sa prévention »

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Hajer Sharief, co-founder of “Together We Build it”. Photo: UN Women/ Mohamed Ezz
Hajer Sharief, cofondatrice de « Together We Build it ». Photo : ONU Femmes/Mohamed Ezz

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Hajer Sharief est la cofondatrice de l'organisation « Together We Build it », qui entend promouvoir une transition démocratique pacifique en Libye, ouverte aux femmes et aux jeunes. L’organisation s’emploie à promouvoir les résolutions 1325 et 2250 du Conseil de sécurité des Nations Unies (UNSCR), respectivement sur les femmes, la paix et la sécurité, et sur la jeunesse, la paix et la sécurité, et à encourager les jeunes femmes à participer activement au processus de consolidation de la paix en Libye. Mme Sharief est également membre du Forum pour l’innovation en matière de genre d'ONU Femmes, une instance consultative assurant un dialogue régulier avec les jeunes, créée par le Bureau régional d’ONU Femmes pour les États arabes.

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À l'heure actuelle, la plus grande difficulté pour les femmes et les filles en Libye est l'absence de sécurité personnelle, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas faire d’études, travailler ou avoir une vie normale de manière générale.

Le conflit en Libye affecte également les hommes, mais à la différence près qu'en l'absence de sécurité les femmes et les filles sont confrontées à beaucoup plus de contraintes. Nous voyons des familles décider d'empêcher leurs filles d'aller à l'université, non pas parce qu'elles s'opposent à l'éducation des filles, mais pour des raisons de sécurité et de protection. Avant la guerre, nous pouvions marcher dans les rues sans penser à la sécurité, car nous savions que même si quelque chose se passait, il y aurait des gens autour qui agiraient. Aujourd'hui, avec la prolifération des armes, personne ne peut vous protéger, ni les autorités, ni les gens. Nous ne pouvons pas compter sur les normes sociales et les traditions d’autrefois qui étaient censées empêcher les hommes de faire du mal aux femmes. Aujourd'hui, les femmes et les filles sont harcelées dans la rue et personne ne s'interpose.

Avec l'organisation que j'ai cofondée, « Together We Build it », nous menons régulièrement des enquêtes publiques sur la violence à l'égard des femmes. Nous recevons des centaines de témoignages terrifiants sur la violence à laquelle sont confrontées les femmes et les filles, dans les contextes tant privés que publics. Un de nos projets est « Super Nasaween » (Super Femmes en arabe), une campagne qui utilise des histoires drôles pour encourager les femmes et les jeunes filles à dénoncer la violence.

Nous travaillons également avec des organisations locales pour amener les femmes et les filles à participer à la consolidation de la paix. Nous sensibilisons les groupes locaux à des concepts tels que la communication non violente et la sécurité humaine et les résolutions 1325 et 2250 du Conseil de sécurité des Nations Unies [sur les femmes, la paix et la sécurité]. Nous faisons la promotion de ces concepts auprès des gens et, avec eux, nous plaidons leur cause auprès des décideurs. Nous faisons de notre mieux, mais tant que nos efforts en tant que société civile ne sont pas intégrés aux processus de paix formels, nous passons à côté des opportunités de construire une paix réelle et durable en Libye.

La consolidation de la paix ne consiste pas uniquement à mettre un terme à la violence, elle englobe également la prévention de la violence. Dans ce sens, tous les groupes, toutes les voix et tous les points de vue de la société doivent être pris en compte. Les jeunes, en particulier les filles, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, constituent un pourcentage important de la population ; à ce titre, leur rôle dans la consolidation de la paix revêt une importance particulière.

La communauté internationale dirige le processus de reconstruction en Libye et peut identifier les femmes et les filles comme des partenaires et acteurs clés du processus de consolidation de la paix. »