Déclaration : « Les mutilations génitales des femmes supprime leur droit à l’égalité »

Déclaration de Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU Femmes, à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines (MGF), le 6 février 2018

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Les mutilations génitales féminines (MGF) sont pratiquées en général sur les jeunes filles à un moment où elles n’ont pas la possibilité d’exprimer leurs souhaits – soit entre l’enfance et l’âge de 15 ans. C’est une violation des droits fondamentaux qui affecte au moins 200 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui dans le monde. Une telle décision représente un danger immédiat pour leur santé et a des conséquences pour leur corps et leurs relations qui durent toute leur vie. Elle comporte également des risques pour les femmes en ce qui concerne leur aptitude à avoir des enfants normalement et en toute sécurité, car les MGF augmentent sensiblement les possibilités de survenue de complications pour les mères et de décès néonatals chez leurs enfants.

Tout comme le mariage des enfants, qui touche des centaines de millions de filles dans le monde, la MGF est une pratique qui doit cesser. Pour la santé, elle n’apporte aucun bénéfice, mais seulement des séquelles d’ordre physique et mental. C’est un acte qui enlève aux femmes leur droit à l’égalité. Dans leur ensemble, de telles pratiques néfastes rendent presque impossible pour les filles qui en sont les victimes d’avoir les mêmes chances que les garçons dans la vie. Ces handicaps infligés aux jeunes filles constituent également des handicaps pour la société, car les communautés perdent ainsi tout un ensemble d’avantages qu’apportent les dirigeantes épanouies, créatives et pleines de ressources.

Les mutilations génitales féminines sont une pratique transmise de génération en génération, et elles sont si courantes dans certains pays que le fait de n’avoir pas subi de MGF est perçu comme anormal : ainsi, le pourcentage de femmes mutilées âgées de 15 à 49 ans s’élève à 98 pour cent en Somalie, à 97 pour cent en Guinée et à 93 pour cent à Djibouti. Ces mutilations peuvent aussi s’arrêter en l’espace d’une génération si les parents, la communauté et le pays tout entier décident de ne pas porter atteinte à l’intégrité physique des filles et de les laisser vivre dans l’état où elles sont nées.

Aujourd’hui, en cette Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines, ONU Femmes annonce la nomination d’une nouvelle ambassadrice de bonne volonté régionale qui contribuera à mettre fin aux mutilations génitales féminines (MGF) et au mariage des enfants, en mettant l’accent sur la mobilisation des jeunes. Jaha Dukureh apportera sa collaboration en Afrique à des partenaires et des alliés, leurs représentants venant aussi bien du militantisme de terrain, des organisations féminines, des médias et des agences des Nations Unies que de gouvernements et d’organisations internationales comme l’Union africaine et l’Union européenne. Elle intensifiera le travail en cours et mobilisera l’appui nécessaire pour mettre fin à la spirale. Son propre récit de victime illustre la façon dont les filles et les jeunes femmes sont capables et prêtes à changer le monde et que la situation dans laquelle elles se trouvent au départ ne leur impose en rien ce qu’elles pourront accomplir dans la vie. Pour les 1,8 milliard de filles vivant dans le monde, la fin des MGF et du mariage des enfants représente un avenir bien différent de celui auquel elles sont confrontées actuellement.