Déclaration de la Directrice exécutive d’ONU Femmes à l’occasion de la Journée internationale des veuves, le 23 juin 2019

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Les familles apportent un soutien à notre culture et à notre économie, en prodiguant amour et soins, aide et nourriture, en particulier dans les périodes douloureuses ou de conflit. Et pourtant, trop souvent, les familles peuvent aussi se révéler être des lieux de violence et de discrimination pour les femmes et les jeunes filles, les veuves se retrouvant parmi les plus touchées et disposant de peu de recours.

Lorsque la valeur d’une femme dépend de la présence d’un mari, le veuvage peut forcer les femmes à quitter complètement les structures familiales, les rendant particulièrement vulnérables à la pauvreté multidimensionnelle, à la solitude et à l’isolement. Nous savons que les femmes en situation de pauvreté sont plus susceptibles de souffrir du veuvage dès le départ, en raison de la différence d’âge plus grande entre les conjoints des ménages pauvres – ce que favorise souvent des pratiques néfastes comme le mariage des enfants – et de la faible espérance de vie des hommes en situation de pauvreté. Un grand nombre de veuves luttent également pour maintenir leur sécurité économique face à des lois discriminatoires en matière d’héritage. Même dans les endroits où une législation existe pour protéger les femmes de ces situations, les veuves subissent bien souvent une expulsion et une mainmise sur leurs biens.

Bien qu’elles soient présentes en grand nombre dans toutes les sociétés, ces femmes n’en sont pas moins invisibles et ne bénéficient que d’un faible soutien face aux défis auxquels elles font face. Selon les derniers chiffres (de 2010), on estime que 14,6 pour cent des femmes âgées de 55 à 59 ans dans le monde sont veuves. Bien que cette tranche d’âge comprenne une proportion importante de femmes, elle ne donne pas une image complète de la situation. Les veuves peuvent ainsi être des femmes plus jeunes qui ont été mariées en tant que jeunes filles à des hommes beaucoup plus âgés dont le décès, bien avant leur propre âge avancé, peut leur priver des héritages, des biens et des moyens d’existence, tant en partie que totalement. La lutte pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants dans de telles conditions place les femmes dans une situation de désavantage tout au long de leur vie et alimente les cycles de pauvreté d’une génération à l’autre. 

Cette dynamique se retrouve dans de nombreuses sociétés à travers le monde et nécessite une action urgente pour mieux protéger et soutenir les veuves. Il existe une série de mesures évidentes que les gouvernements peuvent adopter, notamment en orientant leurs efforts stratégiques vers la sécurité du revenu et la participation économique des personnes les plus vulnérables et les plus exposées à la pauvreté, telles que les veuves. Par exemple, les États membres peuvent mettre en œuvre et renforcer l’engagement qu’ils ont pris à la 63e session de la Commission de la condition de la femme en mars 2019, soit celui d’investir dans les politiques et programmes axés sur la famille, notamment pour veiller« à la mise en œuvre des mesures appropriées pour protéger et aider les femmes, notamment dans les cas de veuvage, par exemple pour l’accès à l’ensemble de services sociaux et à la justice... ». Le respect de ces engagements sera essentiel pour que les veuves puissent vivre dans la dignité et l’autonomie, partout dans le monde.

En cette Journée internationale des veuves, nous reconnaissons les veuves dans toute leur diversité et la nécessité de les intégrer pleinement et visiblement dans notre travail sur l’égalité des sexes, afin de briser les cycles de pauvreté et de désavantage et de garantir qu’elles puissent jouir pleinement de leurs droits humains.