Des villages aux grandes villes, les femmes mexicaines se mobilisent pour renforcer leur participation à la vie politique

Date:

La participation des femmes à la vie politique du Mexique n'a pas atteint le seuil fixé au niveau international de 30 pour cent de femmes aux postes d'élus. Mais le pays se trouve à un tournant décisif pour faire évoluer cette situation. Les prochaines élections qui seront organisées le 1er juillet 2012 pourraient conduire à l'augmentation de la représentation politique des femmes, actuellement de 27 pour cent au sein du Congrès et de 21 pour cent au Sénat.

« Signalez-vous et venez vous asseoir à la table. Négociez, car vous n'êtes pas toutes seules. Nous sommes nombreuses à vous attendre pour négocier en votre nom ». Tel est l'appel lancé aux femmes mexicaines par la SUMA (nom qui, en espagnol, signifie l'addition de toutes les parties), une alliance de cinq organisations de la société civile qui travaille à renforcer la participation des femmes à la prise de décisions au Mexique.

L'organisation est appuyée depuis 2011 par le Fonds pour l'égalité des sexes d'ONU Femmes, en coopération avec l'Institut national pour les femmes. Le Fonds vise à promouvoir l'autonomisation économique et politique des femmes par le biais de ses subventions pluriannuelles à fort impact, s'élevant à plus d'un million de dollars.

La participation des femmes à la vie politique du Mexique est loin d'être marquée du sceau de l'égalité. Sur 2.427 municipalités, seulement 4 sont dirigées par des femmes. Sur les 500 députés fédéraux, seulement 116 sont des femmes (soit seulement 23 pourcent), et les femmes détiennent moins de 12 pourcent des sièges au sein des parlements de l'Etat.

Pendant de nombreuses années, les femmes politiques ont été ignorées au sein des municipalités du Mexique. « Elles ont été traitées de manière irrespectueuse ; mais cela leur apparaît tellement normal qu'elles ne le réalisent même pas », indique Patricia Mercardo, membre du projet SUMA et ancienne candidate présidentielle au Mexique.

L'objectif établi par la SUMA est modeste : il est de doubler le pourcentage actuel de 5 pourcent de femmes siégeant au sein des gouvernements municipaux. Pourtant, les résultats sont déjà encourageants. Dans l'Etat occidental du Michoacán, les efforts déployés pour les élections de novembre 2011 ont clairement porté leurs fruits : « De 5 pourcent en 2007, nous avons fait passer le pourcentage de femmes élues Présidentes municipales à 10 pourcent.

Notre objectif était par ailleurs d'atteindre 20 pourcent de représentation parlementaire pour les femmes, et nous l'avons finalement fait passer à 27 pourcent. Nous bénéficions désormais déjà d'une masse critique de femmes aux postes de prise de décisions », se félicite Patricia Mercado.

On estime que la moitié des Présidentes municipales, et 90 pourcent des femmes parlementaires du Michoacán, ont été formées par la SUMA. Manuela Perez, une femme autochtone du village de Jitotol, et candidate du Partido de la Revolución Democrática dans l'Etat de Chiapas, a elle aussi bénéficié de cet apprentissage.

« Cela m'a aidé à perdre mes hésitations, à avoir davantage confiance en moi, à négocier et à ne plus perdre patience et jeter l'éponge quand les autres n'étaient pas d'accord avec moi. Désormais, je défends jusqu'au bout mes décisions, avec la passion de mes convictions mais en gardant la tête froide », souligne Manuela.

La SUMA organise des programmes avec les candidates et femmes politiques qui se focalisent sur les aspects personnels du leadership, la connaissance de soi et la subjectivité. Elle mène également à bien des programmes sur l'autonomisation économique des femmes, la gouvernance et la démocratie, tandis que des ateliers de mentorat permettent d'orienter et de renforcer les capacités des femmes au niveau de la prise de décisions et de leurs compétences sur le plan de la négociation.

« Les femmes évitent les conflits : nous avons tendance à quitter la table rapidement. A l'inverse, les alliances entre hommes sont plus solides, ils ne quittent pas la table car ils ont toujours été là. Nous avons beaucoup travaillé sur cet aspect des choses dans le cadre de notre projet », indique Patricia Mercado.

La recette du succès est de créer un réseau de femmes politiques, facilitant les partenariats au sein de la société civile, et faisant participer les hommes aux négociations.

Pourtant, le travail ne fait que commencer, la SUMA ayant non seulement l'ambition d'augmenter le nombre de femmes en politique mais aussi de renforcer les capacités de leadership des femmes élues, et de leur permettre d'intégrer des démarches tenant compte des questions de genre dans leurs programmes.

La SUMA prépare activement les élections de juillet qui auront lieu dans les états de Nuevo Leon, San Luis Potosi, Sonora, Chiapas et Jalisco. L'organisation a formé un grand nombres de candidates, et espère que les prochaines élections verront une augmentation de la participation des femmes aux espaces politiques et de prise de décisions mexicains.

Pour de plus amples informations sur le Fonds pour l'égalité des sexes d'ONU Femmes : https://www.unwomen.org/how-we-work/fund-for-gender-equality/