Déclaration conjointe de Sima Bahous, Directrice exécutive d'ONU Femmes et de S.E. M. Georges Rebelo Pinto Chikoti, Secrétaire général de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP)

Nous commémorons aujourd'hui la Journée des droits de l'homme, alors que s'achève la campagne Tous UNiS de 2021 « Orangez le monde : Mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes ! ». Nous réaffirmons ensemble, face au caractère continu et même à l'augmentation des violences basées sur le genre pendant la pandémie de COVID-19, ainsi que dans le contexte mondial de conflits violents, que les droits des femmes sont des droits humains. Il existe des liens profonds entre la fin de violations aussi flagrantes de ces droits, la libération de la peur et le droit à la sécurité, à la dignité, à l'égalité et à la justice.

Déclaration conjointe de Sima Bahous, Directrice exécutive d'ONU Femmes et de S.E. M. Georges Rebelo Pinto Chikoti, Secrétaire général de l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP)

Les nouvelles données publiées par ONU Femmes mettent en évidence l'impact de la pandémie sur la sécurité des femmes à la maison et dans les espaces publics. Le rapport porte sur plus de 16 000 femmes interrogées dans 13 pays. Ses conclusions renforcent notre compréhension des tendances actuelles et soulignent la nécessité de déployer nos approches les plus efficaces.

La situation s'est nettement détériorée pour les femmes, en particulier les jeunes femmes, pendant la pandémie de COVID-19. L'étude montre que près d'une femme sur deux a déclaré qu'elle, ou une femme de son entourage, a subi une forme de violence depuis le début de la pandémie. Le groupe le plus vulnérable est celui des jeunes femmes âgées de 18 à 39 ans. Environ une femme sur quatre se sent désormais moins en sécurité chez elle, les conflits existants ayant augmenté au sein des ménages depuis le début de la pandémie. En dehors de leur domicile, les femmes déclarent également se sentir plus exposées à la violence, environ 3 femmes sur 5 indiquant une aggravation du harcèlement sexuel dans les espaces publics depuis le début de COVID-19.

Malheureusement, nous savons aussi que la violence à l'égard des femmes, sous ses nombreuses formes, reste largement non signalée pour de multiples raisons. Il s'agit notamment de l'impunité, du silence, de la stigmatisation, de la honte et de la peur des représailles. Ces constats de violations répétées des droits, et la réticence à les nommer, sont des signaux forts pour agir.

La violence à l'égard des femmes n'est pas inévitable. Les approches qui réussissent sont globales et incluent la prévention, l'accélération des réformes des cadres juridiques discriminatoires, la garantie de la disponibilité et de l’accessibilité des services essentiels aux survivantes, ainsi que l'intensification des efforts pour poursuivre les auteurs des violences. Dans le cadre de l’initiative conjointe de l’Union européenne et de l’ONU, l’initiative Spotlight, des résultats concluants ont été obtenus dans 25 pays, dont 18 sont membres de l'OACPS. Parmi les preuves récentes de ces interventions réussies en 2020, on peut citer un « One Stop Center » dans le nord-ouest du Nigeria qui a fourni des soins médicaux, un soutien psychosocial et médical à plus de 400 survivantes de violences basées sur le genre ; le soutien à l'accès à la justice au Malawi avec des tribunaux mobiles qui ont été en mesure de conclure 149 cas ; et à Trinité-et-Tobago, le renforcement d’une police sensible au genre pour aborder l'enquête globale et la gestion des cas. En Haïti, plus de 4 000 personnes ont été formées à des techniques efficaces de changement de comportement ciblant les parents. Les évaluations ont montré une augmentation de 47,6 % des parents qui acceptent de traiter leurs fils et leurs filles avec la même considération.

Au total, dans les pays partenaires de l'initiative Spotlight l'année dernière, plus de 650 000 femmes et filles ont pu accéder à des services de lutte contre la violence basée sur le genre, malgré les restrictions liées à la pandémie. Nous avons également constaté une augmentation de 22 % des poursuites à l'encontre des auteurs de violences, ainsi que 84 lois et politiques qui ont été adoptées ou renforcées.

Alors que nous regardons l'avenir avec espoir, nous réaffirmons également la volonté de travailler conjointement. En nous appuyant sur les possibilités offertes par le Forum Génération Egalité, nous soutenons fermement le travail de la Coalition d'action contre la violence basée sur le genre, avec les organisations de femmes, les jeunes, la société civile, les institutions confessionnelles, la philanthropie, le secteur privé, les organisations internationales et les États membres des Nations Unies.

Avec les nouvelles opportunités qui se présentent, nous veillerons à ce que les droits des femmes, l'égalité des sexes et la fin de la violence à l'égard des femmes soient au premier plan de notre travail en vue de l'Agenda 2030 et en tant que piliers fondamentaux du Programme commun du Secrétaire général des Nations Unies.

Il est intolérable que, dans chaque pays, les femmes et les filles doivent encore lutter afin d’exercer pleinement leurs droits fondamentaux. Il faut que cela change. C'est à nous toutes et tous, ensemble, d'accélérer les progrès pour que les femmes et les filles puissent vivre sans violence, partout et toujours.