Déclaration : Pour faire progresser la lutte contre le VIH – écoutons, respectons et répondons aux attentes des jeunes femmes et des filles
Déclaration de Sima Bahous, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU Femmes, à l’occasion de la Journée mondiale du sida, 1 décembre 2022
Toutes les deux minutes, une jeune femme ou une adolescente est infectée par le VIH. À ce rythme, le monde n’atteindra jamais l’objectif de réduire à moins de 50 000 d’ici 2025 le nombre de nouvelles infections par le VIH dans ce groupe de population. Nous devons de toute urgence adopter une approche différente.
En cette Journée mondiale du sida, j’appelle toutes les parties prenantes à accélérer leurs efforts pour atteindre l’Objectif de développement (ODD) 5 relatif à l’égalité des sexes et l’ODD 3 sur la santé et le bien-être. Les taux actuels d’infection par le VIH chez les jeunes femmes montrent à quel point ces deux objectifs sont interdépendants, et combien il est urgent de les atteindre tous les deux. J’exhorte en outre les parties prenantes à tenir les engagements pris lors du Forum Génération Égalité – notamment envers la Coalition d’action sur la liberté de disposer de son corps, la santé et les droits sexuels et reproductifs – et à investir dans les mouvements féministes et ceux dirigés par des jeunes contre le VIH.
Plusieurs facteurs contribuent à l’absence de progrès dans la réduction des infections au VIH, en particulier la persistance de la violence fondée sur le genre et les normes culturelles qui restreignent la liberté des femmes et des filles de disposer de leur corps, leur participation pleine et égale à l’économie et à la société et leur accès aux services essentiels. Dans le monde, plus d’une femme sur dix âgée de 15 à 49 ans a subi des violences sexuelles et/ou physiques de la part d’un partenaire intime au cours des 12 derniers mois, ce qui augmente de 50 % le risque de contracter le VIH. Les femmes et les filles assument plus de 512 milliards d’heures de soins non rémunérées, y compris les soins aux membres de leur famille ou de leur communauté qui vivent avec le VIH. Au rythme où vont les choses, il faudra peut-être encore 286 ans pour supprimer les lois discriminatoires, notamment celles qui nient la santé sexuelle et reproductive des femmes et les droits connexes, ainsi que leur liberté de disposer de leur corps. Les jeunes femmes infectées par le VIH et le sida luttent chaque jour pour faire entendre leur voix, reconnaître leurs actions et respecter leurs besoins et leurs droits.
Cette année, à l’occasion de la Journée internationale de la fille, j’ai eu l’honneur de réunir des jeunes dirigeantes de 15 pays d’Afrique subsaharienne et d’entendre leurs demandes et aspirations. Leur message était clair : il faut supprimer les obstacles sexospécifiques qui entravent l’accès aux services de lutte contre le VIH ; garantir la santé et les droits sexuels et reproductifs des jeunes femmes ; éliminer la violence fondée sur le genre ; mettre en œuvre l’initiative conjointe Education Plus pour promouvoir l’enseignement secondaire pour toutes les filles afin de prévenir la transmission du VIH ; amplifier le leadership des femmes et relayer leur parole ; et accroître le financement de l’égalité des sexes dans la lutte contre le VIH. Résolues et déterminées, les jeunes femmes et les filles démontrent chaque jour la qualité de leur leadership et l’impact durable qu’elles peuvent avoir.
Les filles et les jeunes femmes ont la passion, l’énergie et les capacités nécessaires pour atteindre les objectifs mondiaux de réduction des taux d’infection par le VIH. Les droits des jeunes femmes à une participation effective doivent être garantis et institutionnalisés afin qu’elles puissent influencer les décisions qui affectent leur vie.
Aujourd’hui, dans la lignée du thème de la Journée mondiale du sida, j’appelle à agir pour L’ÉGALITÉ MAINTENANT en écoutant, en respectant et en répondant aux attentes des jeunes femmes et des filles. Nous avons besoin de plus de jeunes femmes pour nous guider sur la voie de l’élimination des inégalités et du sida d’ici 2030. Ensemble, accélérons les progrès en faveur de l’égalité pour tous dans les sociétés au service desquelles nous œuvrons, et donnons une place centrale aux femmes et aux filles.