Discours : Il est temps de prendre des mesures concrètes pour en finir avec la violence, grâce à l’investissement de ressources suffisantes

Opening remarks by UN Under-Secretary-General and UN Women Executive Director Sima Bahous at the official UN commemoration of the International Day for the Elimination of Violence against Women, UN headquarters, 22 November 2023.

[Tel qu’il a été prononcé.]

Merci de vous joindre à nous à l’occasion de notre commémoration de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Nous nous réunissons à un moment où nous sommes peut-être plus conscients que jamais de la violence que subissent les femmes et les filles à travers le monde.

Je viens de rentrer de ma visite au Conseil de sécurité, auquel j’ai fait état de la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouvent les femmes à Gaza, qui continuent de vivre au quotidien dans la crainte de la mort. J’ai parlé aux nombreux otages qui sont détenus, dont beaucoup sont des femmes dans des conditions incertaines. J’ai salué Ia nouvelle de la libération de 50 otages – tous des femmes et des enfants – en échange de la libération de 150 femmes et enfants palestiniens et d’une pause humanitaire absolument vitale. Et je remercie les gouvernements du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis pour avoir facilité cet accord. J’ai également appelé à Ia prise de responsabilités pour tous les crimes qui ont été commis en infraction du droit international, à la libération inconditionnelle de tous les otages et à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, pour le bien de l’humanité.

Discours : Il est temps de prendre des mesures concrètes pour en finir avec la violence, grâce à l’investissement de ressources suffisantes

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UN Under-Secretary-General and UN Women Executive Director Sima Bahous delivers opening remarks at the official UN commemoration of the International Day for the Elimination of Violence against Women, UN headquarters, 22 November 2023. Photo: UN Women/Ryan Brown.
La Sous-secrétaire générale des Nations Unies et directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous, prononce son discours d’ouverture lors de la commémoration officielle de l’ONU à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, au siège de l’ONU, le 22 novembre 2023. Photo : ONU Femmes/Ryan Brown.

Les réalités de la violence omniprésente qu’endurent les femmes et les filles dans les conflits s’étendent jusque dans les foyers également. Le rapport publié aujourd’hui par l’ONUDC [Office des Nations Unies contre la drogue et le crime] et ONU Femmes  montre que, toutes les heures, plus de cinq femmes ou filles sont tuées par une personne de leur famille.

Et nous reculons. Les crises économiques, les conflits et le changement climatique sont tous autant de facteurs qui ne font qu’envenimer ce problème.

Il s’agit d’un crime contre les femmes et les filles et contre l’humanité dans son ensemble. De plus, il coûte cher : dans certains pays, on estime que l’impact économique de la violence basée sur le genre représente environ 3,7 % de leur PIB. Pourtant, les investissements sont dérisoires – à peine 0,2 % de l’ensemble de l’aide accordée en 2022.

La bêtise collective de notre inaction est d’autant plus frustrante que nous savons ce qu’il faut faire : réformer et mettre en œuvre des lois et des politiques multisectorielles ; veiller à ce que les survivantes aient accès aux services dont elles ont besoin ; intensifier les interventions de prévention fondées sur des éléments factuels ; et demander des comptes aux agresseurs. Toutefois, ces mesures ne se feront pas toutes seules. Nous devons faire ce que nous faisons chaque fois que nous reconnaissons la gravité d’un problème : affecter des ressources suffisantes.

Donc, il est effectivement temps de prendre des mesures suffisantes. Nous devons débloquer des fonds des différents secteurs, assurer un suivi des allocations budgétaires, établir des budgets qui tiennent davantage compte de la dimension du genre et financer les efforts vitaux que déploient les organisations de défense des droits des femmes qui sont en première ligne de la riposte et qui sont des partenaires essentielles au changement des politiques.

En 2023, par exemple, les porteurs d’engagement du forum Génération Égalité ont annoncé 5,1 milliards de dollars US de promesses de financements, 389 politiques et plus de 600 programmes en cours de mise en œuvre pour s’attaquer à la violence basée sur le genre.

L’initiative Spotlight a réalisé d’importants investissements dans la prévention qui ont couvert 260 millions de personnes dans le cadre de campagnes, notamment en sensibilisant deux millions d’hommes et de garçons à la masculinité positive. Grâce à l’initiative, 477 lois ou politiques ont été adoptées, et près de 2,5 millions de femmes et de filles ont pu accéder à des services.

Depuis 2018, près de 80 % du portefeuille de subventions du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes sont destinés à des activités de prévention, soit un investissement de 79 millions de dollars US dans 164 initiatives de la société civile à l’échelle mondiale. De plus, ONU Femmes a mobilisé 167 millions de dollars US l’an dernier au profit de programmes visant à éliminer la violence à l’égard des femmes, notamment en aidant 16 pays à faire avancer la promulgation de politiques et l’exécution de 44 programmes en vue de transformer les normes sociales.

Je le répète une nouvelle fois : cela doit cesser. Il est temps de reconnaître ce qui fonctionne et de le financer. Il est temps de reconnaître que la violence à l’égard des femmes et des filles, sous quelque forme que ce soit, est une insulte à notre humanité. C’est une entrave à la paix,

une entrave à la sécurité et une entrave au développement durable. Il est temps de combattre toute la violence et ses causes profondes.

C’est à nous qu’il revient de décider de le faire, dès aujourd’hui.

Je vous remercie.