Les droits des femmes à l’époque et aujourd’hui : « Beijing 1995 a transformé nos vies »
#PourToutesLesFemmesEtLesFilles est un appel au ralliement et à l’action à l’occasion du 30e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Moni Pizani Orsini, représentante d’ONU Femmes au Mexique, se souvient de sa participation à la Conférence de 1995 et revient sur sa pertinence aujourd’hui.

30 ans après Beijing : Moni Pizani Orsini fait part de ses réflexions au sujet de la Conférence mondiale sur les femmes de 1995
« Beijing a transformé nos vies ! », s’exclame avec conviction Moni Pizani Orsini. Elle fait référence à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui s’est tenue à Beijing en Chine, en 1995. Cette conférence a marqué une étape importante pour les droits des femmes à l’époque, et le respect des engagements pris par les gouvernements il y a 30 ans pourrait ouvrir la voie à de nombreuses autres avancées aujourd’hui.
« Nous avons parcouru le pays pour encourager les gens à y participer », se souvient-elle. Bien avant qu’elle ne travaille avec ONU Femmes, Mme Pizani Orsini, qui est originaire du Venezuela, s’était préparée à la Conférence pendant des mois aux côtés de nombreuses autres personnes, en travaillant à l’élaboration de stratégies et à la coordination avec d’autres femmes. Ainsi, 35 femmes issues de groupes de la société civile, dont Mme Pizani Orsini, et 12 représentant.e.s du gouvernement du Venezuela ont participé à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing.
Plus de 17 000 participant.e.s ont assisté à la Conférence de 1995, notamment des délégué.e.s des gouvernements de 189 pays et des organisations de la société civile. Dans le cadre d’un Forum des ONG organisé en parallèle à Huairou, ville située à 73 kilomètres du site principal de Beijing, environ 30 000 personnes se sont réunies pour examiner et influer sur la Déclaration et le Programme d’action de Beijing. Nombre d’activistes des droits des femmes ont fait des allers-retours entre Huairou et le site de la conférence, et le trajet n’était pas de tout repos.
« Il y avait des pluies torrentielles ; nous marchions sur de longues distances et il était difficile d’avoir suffisamment de place », confie Mme Pizani Orsini. Mais elles étaient déterminées, et unies dans leur espoir et leur militantisme.
Pour Mme Pizani Orsini, l’un des moments les plus mémorables a été une manifestation dirigée par des activistes des droits des femmes. « Nous avons occupé les escaliers du site de la conférence », se souvient-elle. Les débats étaient intenses et passionnés, les militantes des droits des femmes aspiraient à des progrès et n’allaient pas se contenter d’une réponse négative, ajoute-t-elle.
Elles appelaient à une participation d’au moins 30 % de femmes aux postes électifs, une revendication qui est devenue un cri de ralliement en faveur de l’établissement de quotas de genre pour instaurer la parité dans la politique et la prise de décision.

« Beijing a transformé nos vies ! »
De Beijing 1995 à aujourd’hui : les progrès, les défis et les prochaines étapes
Trois décennies après l’approbation du plan révolutionnaire pour l’égalité des sexes lors de la Conférence de Beijing, Mme Pizani Orsini estime que son programme conserve sa pertinence et son caractère urgent aujourd’hui, et qu’« il y a encore un long chemin à parcourir ».
Elle garde toujours sur son bureau un exemplaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et s’y réfère souvent.
« Aujourd’hui, le monde compte plus de femmes présidentes, ministres, parlementaires, entrepreneures et universitaires qu’il y a 30 ans », déclare Mme Pizani Orsini, nous rappelant les progrès qui ont été accomplis.
« Les femmes et la prise de décisions », l’un des 12 thèmes essentiels qui ont été abordés dans le cadre du Programme d’action de Beijing, suscite un vif intérêt dans la région Amérique latine et Caraïbes depuis 1995. Pour la première fois de son histoire, le Mexique, où Mme Pizani Orsini dirige le bureau d’ONU Femmes, est sous la présidence d’une femme et compte un nouveau ministère de la Femme, un cabinet fédéral paritaire et une représentation législative égale, tant aux niveaux fédéral qu’étatique. Aujourd’hui, des femmes gouverneures sont à la tête de 40 % des États du Mexique.

Mme Pizani Orsini se réjouit à la perspective de la sixième Conférence régionale sur les femmes, qui aura lieu à Mexico du 12 au 15 août 2025. « C’est la première fois de toute l’histoire qu’une Conférence régionale sur les femmes aura pour hôte une femme présidente », déclare-t-elle.
« La Déclaration de Beijing reste notre cheval de bataille », ajoute-t-elle. Le programme n’a pas encore été pleinement mis en œuvre et les enjeux sont importants pour toutes les femmes et les filles, partout dans le monde. Si les engagements pris par les gouvernements dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing étaient honorés, le monde pourrait mettre fin à la pauvreté et à la violence basée sur le genre, promouvoir des économies durables et avoir de meilleures chances de protéger l’environnement.
Pour Mme Pizani Orsini, le combat en faveur de l’égalité des sexes est l’affaire de tous, quel que soit l’âge. « Nous ne pouvons pas laisser toute la responsabilité aux jeunes ; nous, qui ne sommes plus si jeunes, devons poursuivre la lutte », déclare-t-elle.
Pour TOUTES les femmes et les filles : « Montrez l’exemple »
Mme Pizani Orsini, qui a travaillé toute sa vie en faveur de l’égalité des sexes et des droits des femmes, adresse le message suivant aux activistes : « Montrez l’exemple. Il n’y a rien de tel que de joindre la parole aux actes. »
« Et donnez de l’espace aux jeunes femmes. Encouragez-les à s’impliquer, partagez des expériences avec elles et faites confiance à leur vision. »
Dans le cadre de son rôle de leader, Mme Pizani Orsini tente de créer des dialogues intergénérationnels afin que les activistes puissent apprendre les unes des autres et découvrir de nouvelles idées.
« Les droits des femmes sont fragiles et constamment en péril », prévient-elle. Il n’y a pas de meilleur moment que maintenant pour rejoindre la lutte en faveur d’un avenir plus égalitaire.