Croyez les survivantes de violences. Agissez dès maintenant. L’histoire de Diana, en Argentine

Image
illustration showing a woman working on a computer

Près d’une femme sur trois a subi des violences à l’échelle mondiale. En période de crise, les chiffres peuvent même être encore plus élevés. La violence basée sur le genre est la violation des droits humains la plus répandue – pourtant, elle n’est ni naturelle ni inévitable. Elle peut et doit être évitée. Pour mettre fin à cette violence, il faut commencer par accorder foi aux récits des survivantes et agir, au quotidien. Dans le cadre de cette série éditoriale spéciale à l’occasion des 16 Jours d’activisme, ONU Femmes présente les voix des survivantes ainsi que des programmes transformant les vies et les communautés.

Croyez les survivantes de violences. Agissez dès maintenant. L’histoire de Diana, en Argentine

Avertissement relatif au contenu : l’article suivant comprend des descriptions de violences basées sur le genre.

« J’ai subi ma situation pendant 28 ans avant de me décider enfin à me séparer de mon partenaire », indique Diana Salas* (nom d’emprunt), de la province de Chaco, en Argentine. « Je n’avais pas peur qu’il me batte ; j’étais convaincue qu’il me tuerait. »

« Au début, j’ai hésité à déposer une plainte (à la police) parce que j’avais peur de la façon dont il pourrait réagir, mais à mesure que j’en apprenais davantage sur les services fournis par le refuge, je me suis rendu compte que je pouvais m’extraire de la situation violente que j’avais subie depuis tant d’années. J’ai donc décidé de porter plainte. »

Diana Salas, qui a 48 ans, est mère de sept enfants. Ses enfants, vivant avec un père violent, avaient également souffert de stress psychologique et de difficultés économiques. Il ne lui a pas été facile de quitter son partenaire, mais avec l’aide des travailleurs sociaux d’un refuge local de la province de Chaco, elle a pu obtenir une injonction interdisant à son partenaire d’entrer en contact avec elle, ainsi qu’un endroit sûr pour se rétablir.

«  J’encourage les femmes à demander de l’aide. Au début, vous pensez que vous ne pourrez pas partir parce que vous avez des enfants ou que vous n’avez pas assez à manger, mais ce n’est pas vrai. Vous pouvez le faire ! « En tant que survivantes, nous devons avoir suffisamment d’estime de nous-mêmes pour partir.  »

« J’admets que c’était difficile, mais avec du soutien (en matière de santé mentale), de l’aide juridique et une formation professionnelle, je me suis beaucoup rétablie », explique-t-elle.

Aujourd’hui, Diana Salas travaille comme adjointe administrative au bureau municipal de Barranqueras. « Je suis différente », affirme-t-elle. « Je prends mes propres décisions, et maintenant je sais ce que c’est que d’être libre. Je n’ai plus l’impression d’être prisonnière, acculée ou trahie. Il y a tant de choses que l’on endure en tant que survivante, y compris les [tourments] psychologiques, mais maintenant je sais que je peux accomplir tout ce que j’ai décidé d’entreprendre. »

Pour Diana Salas, les services essentiels aux survivantes de violence conjugale ne sont rien de moins qu’une bouée de sauvetage. « J’encourage les femmes à demander de l’aide. Au début, vous pensez que vous ne pourrez pas partir parce que vous avez des enfants ou que vous n’avez pas assez à manger, mais ce n’est pas vrai. Vous pouvez le faire ! « En tant que survivantes, nous devons avoir suffisamment d’estime de nous-mêmes pour partir », affirme-t-elle.

Soutien aux survivantes de violences pendant la pandémie de COVID-19

L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’une femme sur quatre âgée de 15 à 49 ans en Amérique latine et dans les Caraïbes subit des violences physiques ou sexuelles perpétrée par un partenaire intime au cours de sa vie.

Ce que vous pouvez faire

Pendant la pandémie de COVID-19, la violence basée sur le genre a atteint des sommets dans le monde entier, y compris en Argentine. Le confinement pandémique a forcé les femmes à rester à domicile avec leurs agresseurs, ce qui a aggravé le stress et l’insécurité de leur situation. En réponse, les autorités locales et les refuges ont collaboré pour mettre en place une plateforme unique et unifiée, au moyen de laquelle les survivantes sont en mesure de signaler les actes de violence par un simple message ou un appel téléphonique.

Entre janvier et juin 2021, la ligne nationale de prévention de la violence basée sur le genre de l’Argentine a reçu plus de 52 000 messages, soit en moyenne 300 appels par jour, dont 93 % signalaient des cas de violence domestique.

Dans le cadre de l’Initiative Spotlight de l’UE et des Nations Unies, ONU Femmes et le Réseau interaméricain des refuges ont élaboré à l’intention des refuges et des foyers d’hébergement un guide permettant de répondre aux besoins particuliers des femmes survivantes de violences dans la région, dans le contexte de la pandémie de COVID-19. En Argentine, l’Initiative Spotlight a également fourni de l’équipement au service d’assistance téléphonique pour répondre au volume d’appels croissant, ainsi que l’assistance technique permettant de mieux analyser les données reçues.

Diana Salas fait partie des 199 survivantes de violences hébergées dans le refuge affilié au Réseau interaméricain des refuges (RIRE), soutenu par ONU Femmes dans le cadre de l’Initiative Spotlight en Amérique latine. Le refuge a également fourni un soutien psychosocial et une aide juridique à plus de 1057 femmes depuis 2017.

« Nous savons que nous traversons une période difficile et que nous faisons face à une double pandémie qui a rendu notre travail plus compliqué », explique Margarita Guillé, directrice du Réseau interaméricain des refuges. « Cela nous a forcés à repenser notre façon de faire et à trouver de nouveaux objectifs pour notre travail. Notre réseau vise à aider les survivantes de violence basée sur le genre à devenir plus résilientes. »

« La pandémie est devenue une occasion de créer une communauté [de fournisseurs de services] en Amérique latine en faisant œuvrer de concert les refuges, les foyers d’hébergement et les centres de soins spécialisés pour femmes », ajoute-t-elle.

*Le nom a été modifié pour protéger la vie privée de la survivante.