Où je me tiens : « Les initiatives des femmes doivent être financées de manière suffisante et équitable pour favoriser une transition juste et verte. »

J’ai grandi dans une société qui n’accordait pas de valeur aux femmes. Notre droit à une éducation, notre droit à nous exprimer, voire même nos besoins fondamentaux, étaient considérés comme insignifiants et dénués d’intérêt. J’ai grandi avec des livres et d’autres supports d’enseignement montrant des femmes avec des bébés dans le dos, en train de travailler d’arrache-pied dans une cuisine, tandis que les hommes se rendaient au travail avec un attaché-case ou revêtaient leur tenue de remise de diplôme. Ces représentations [marquaient clairement] la place des hommes et celle des femmes dans la société.

L’école m’a révélé les injustices auxquelles les femmes et les filles sont confrontées. J’ai remarqué que plus j’avançais dans les études, plus je voyais des filles abandonner l’école, obligées d’assumer des tâches domestiques et devant faire face à des difficultés découlant de leur déscolarisation. Lors de mes premières années d’étude de génie mécanique à l’université, nous étions une étudiante pour 10 étudiants. De ce fait, les femmes sont peu nombreuses dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) et donc peu représentées dans les professions techniques.

C’est pour cela que je plaide en faveur des droits et de la représentation des femmes, notamment dans les domaines des STIM. C’est par une égalité des chances en matière d’éducation, d’énergie et de besoins fondamentaux que l’on pourra faire face, de manière globale, à tous les enjeux soulevés dans les Objectifs de développement durable.

En tant que fondatrice et directrice générale de Drop Access, entreprise pilotée par des femmes et des jeunes qui développe des solutions pratiques et abordables dans le domaine de l’énergie, j’ai orienté nos activités vers la création innovante de la VacciBox. Il s’agit d’un réfrigérateur portable alimenté à l’énergie solaire qui peut facilement être transporté sur une bicyclette, une moto, voire même à pied. On peut y stocker des fournitures médicales et de la nourriture pour les acheminer aux populations en proie à des menaces climatiques.

Ce sont les femmes qui souffrent le plus des catastrophes climatiques et de ce fait, les initiatives délibérément prises pour lutter contre les changements climatiques doivent cibler directement les femmes et les impliquer. Tout cela doit se dérouler en dehors des discussions et échanges à haut niveau et prendre la forme de mesures concrètes et abordables, que même une petite exploitante agricole peut comprendre et concrétiser.

Les initiatives des femmes doivent être financées de manière suffisante et équitable pour favoriser une transition juste et verte. Il faut reconnaître, saluer, faire connaître et féliciter les femmes courageuses défendant et promouvant sans relâche des actions de lutte contre le changement climatique qui sont équitables, justes et axées sur l’égalité des sexes. Cela permet aux femmes déjà actives dans les STIM de poursuivre une carrière dans ces domaines et encourager également d’autres à étudier ces matières. »

Norah Magero est ingénieure en mécanique et experte dans les énergies renouvelables, avec une expérience dans la conception et la gestion de technologies dans le domaine de l’énergie hors réseaux électriques. Son travail et ses initiatives de plaidoyer sont en lien étroit avec les Objectifs de développement durable, tout particulièrement l’ODD 5 sur l’égalité des sexes et l’ODD 13 consistant à prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. Au Kenya, ONU Femmes soutient des initiatives pour récompenser et inciter les jeunes femmes à combler les disparités de genre et à encourager l’innovation dans le secteur privé.