Selon de nouveaux rapports, moins de 1 % des dépenses d’aide ciblent la violence basée sur le genre

En 2022, les pays ont affecté 204 milliards de dollars US à l’aide publique au développement : néanmoins, à peine 0,20 % de ce montant considérable a été consacré à la réduction de la violence basée sur le genre (VBG).

C’est en effet ce qui ressort du nouveau rapport intitulé « Que faut-il compter ? L’état du financement de la prévention de la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles », élaboré par l’Institut pour l’égalité (Equality Institute) et l’Accélérateur pour la prévention de la violence basée sur le genre (Accelerator for GBV Prevention), deux partenaires d’ONU Femmes qui travaillent ensemble dans le cadre de l’Engagement collectif avec la Coalition d’action Génération Égalité sur la VBG.

 

Selon de nouveaux rapports, moins de 1 % des dépenses d’aide ciblent la violence basée sur le genre

Image
À Janakpur, au Népal, en 2019, une marche a rassemblé des centaines de personnes qui ont scandé des slogans afin d’attirer l’attention sur la nécessité de revendiquer les droits des femmes et leur accès à des espaces publics sûrs.
À Janakpur, au Népal, en 2019, une marche a rassemblé des centaines de personnes qui ont scandé des slogans afin d’attirer l’attention sur la nécessité de revendiquer les droits des femmes et leur accès à des espaces publics sûrs. Photo : ONU Femmes/Uma Bista

Le collectif lance un nouvel appel pour lever des fonds à hauteur de 500 millions de dollars US d’ici 2026, afin d’appuyer la lutte contre la violence basée sur le genre dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

« Le fait de comprendre qui finance la prévention, où va ce financement et quel est son impact permet de dresser un tableau pouvant éclairer et guider à l’avenir la prise de décisions et les investissements », a déclaré Emma Fulu, fondatrice et directrice exécutive de l’Institut pour l’égalité.

Elle voit ce rapport comme « une invitation » aux bailleurs de fonds dans le monde entier à redoubler d’efforts et à continuer à stimuler l’investissement dans la prévention de la violence basée sur le genre.

Selon un rapport distinct, le Rapport de reddition de comptes de la Coalition d’action sur la VBG (Action Coalition on GBV’s Accountability Report), seulement 5 % de l’aide publique au développement consacrée à la lutte contre la violence à l’égard des femmes sont parvenus aux organisations de la société civile dans les pays en développement, ce qui souligne l’urgence d’accroître les investissements durables et à long terme dans les organisations de défense des droits des femmes.

1 in 3 women face violence in their lifetimes
1 femme sur 3

est confrontée à la violence au cours de sa vie

0.2% of global aid and development spending targeted gender-based violence in 2022
0,2 %

des dépenses mondiales d’aide et de développement ont ciblé la violence basée sur le genre en 2022

98% of that funding went to large aid groups or government agencies
98 %

de ces fonds sont allés à de grands organismes d’aide ou à des agences gouvernementales

Recommandations

Le rapport « Que faut-il compter ? » préconise un changement dans la répartition des fonds : il est recommandé aux gouvernements de financer directement les organisations locales de défense des droits des femmes et les mouvements féministes. Jusqu’à présent, 98 % des fonds ont été versés à des organisations non gouvernementales internationales, à des entreprises privées, à des gouvernements et à des organismes multilatéraux, et il s’agit le plus souvent de financements à court terme, axés sur la réalisation de projets spécifiques.

Mais selon le rapport, les ressources devraient plutôt être allouées aux organisations féministes de première ligne et aux fonds féministes mondiaux indépendants, qui peuvent faire preuve de plus de flexibilité dans le décaissement des moyens financiers et se concentrer sur des objectifs à long terme.

Il est également recommandé aux fondations philanthropiques privées d’inscrire la prévention de la violence basée sur le genre dans leurs plans stratégiques globaux et d’intégrer cet engagement dans leurs portefeuilles. Les organisations philanthropiques sont également encouragées à présenter des rapports annuels sur leurs investissements dans la lutte contre la violence basée sur le genre, et il est conseillé à l’ensemble des donateurs d’accroître la transparence de leurs programmes afin de garantir la possibilité de suivre les progrès accomplis.

L’autre recommandation incluse dans le rapport est l’intégration des programmes visant à réduire ces types de violence dans les politiques internationales de développement, les plans d’action nationaux et les stratégies plus globales des pays. Les gouvernements sont encouragés à adopter des plans d’action nationaux multisectoriels pour prévenir la violence basée sur le genre, assortis de budgets prévoyant des engagements en faveur de l’aide et du développement international.

Le rapport précité de la Coalition d’action sur la VBG appelle également à augmenter le financement des organisations de défense des droits des femmes et à doubler le montant des fonds qui parviennent aux organisations locales actives dans ce domaine. Il prône aussi une programmation coordonnée, complète et multisectorielle pour enrayer la violence à l’égard des femmes et des filles.

« Il est possible de mettre fin à ce fléau mondial de notre vivant », a déclaré Kalliopi Mingeroi, cheffe de la section Mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles d’ONU Femmes. « Et nous avons la réponse : un engagement politique soutenu et des investissements plus importants dans des stratégies de prévention efficaces – à travers des financements nationaux, l’aide publique au développement ainsi que les financements privés et philanthropiques – peuvent contribuer à faire baisser la prévalence de la violence à l’égard des femmes et des filles dans toute leur diversité ». 

Elle a ajouté : « Chaque effort investi dans la prévention est un pas vers un monde plus sûr et plus égalitaire ».