Reportage photo : Histoires d’espoir d’un camp de réfugiés au Cameroun
Date: 16 June 2017
Le monde les connaît en tant que « réfugiés ». Sans nom, sans visage. Toutes et tous identiques. Mais chaque personne a une histoire différente à raconter : sur sa vie, les êtres chers qu’elle a perdus, et comment elle est arrivée ici. Fuyant le conflit dévastateur en République centrafricaine (RCA), elles et ils reconstruisent aujourd’hui leurs vies, un jour à la fois, dans un camp au Cameroun. ONU Femmes soutient la réhabilitation sociale et économique de près de 6 250 femmes vulnérables et survivantes de violences basées sur le genre. Voici quelques-unes de leurs histoires.

Hawa, 23 ans, était enceinte de huit mois quand son mari a été tué dans les combats en RCA. Son père et son frère ont également été tués, et sa mère a disparu, la laissant complètement seule. Elle a pris la fuite et s’est rendue au Cameroun, devenant réfugiée au camp Gado, où elle a donné naissance à son fils, Haphisi Ibrahim.


Hawa porte son fils dans les bras alors qu’une voisine pousse un caddy rempli de sacs de farine de manioc, de poisson frais, et de noix qu’Hawa va vendre sur le marché du camp. « Lorsque je suis arrivée, je ne connaissais personne, » a-t-elle déclaré. Elle a reçu des conseils du personnel d’ONU Femmes. « On m’a sensibilisée et formée sur la manière de créer un business plan au camp ».

Ardo Djibo Fadimatou (au centre, en bleu et jaune), 64 ans, a perdu 8 de ses 15 enfants lors du conflit en RCA. Elle ne sait pas où se trouve son mari. Elle parle au nom de plus de 12 000 femmes du camp de réfugiés de Gabo, en tant que leur Présidente élue et mène des réunions au Centre de cohésion sociale d’ONU Femmes. « Ma plus grande difficulté en tant que femme leader est de convaincre les parents d’envoyer leurs enfants à l’école. La plupart d’entre eux, préfèrent qu’ils restent à la maison pour apprendre le Coran. Les femmes doivent être éduquées pour exercer des activités génératrices de revenus et pour ainsi contribuer à la cohésion sociale du camp. »

Yaya Dia Adama a fui la RCA et s’est rendue au camp Gado avec ses cinq enfants. Elle est couturière de profession et peut gagner sa vie au centre polyvalent d’ONU Femmes. Elle forme actuellement trois autres femmes à la fabrication de vêtements. Elles confectionnent des robes pour les vendre sur le marché. « Chaque jour, je gagne entre 1 000 et 2 000 [CFA] francs, [1,75-3,50 USD]. Ce qui m’aide à survenir aux besoins de mes enfants. »

Ouseina Hamadou, 22 ans, vit dans la communauté d’accueil des réfugiés de Ngam et travaille comme vendeuse de nourriture. « ONU Femmes m’a formée sur les business plans, m’a fourni un soutien financier, que j’ai réinvesti dans mon restaurant, situé au bord de la route. J’ai réussi à économiser 5 000 francs [8,50 USD] par jour. Quand j’ai pu mettre de côté 200 000 francs [350 USD], j’ai décidé de construire ma propre maison. »

Nene Daouda est une veuve de 38 ans qui a perdu son mari lors de la guerre en RCA. Elle s’est enfuie jusqu’au camp de réfugiés Ngam dans la région Adamawa du Cameroun avec ses cinq enfants, dont l’un d’entre eux est récemment décédé d’une maladie.


Nene (au centre) et l’une de ses filles, Salamatou Abubakar (à gauche), âgée de 12 ans, fournissent de la nourriture à de nombreux réfugiés dans un restaurant improvisé, dans un petit marché du camp. « J’ai observé une transformation complète de mes affaires et des revenus générés suite à la formation que j’ai suivie, organisée par ONU Femmes. À la fin de cette formation, on nous a donné 50 000 [CFA] francs en tant que capital [85 USD]. J’ai réinvesti cet argent dans mes affaires et j’ai pu commencer à faire des économies chaque semaine. » Elle est ainsi à même aujourd’hui de fournir une éducation à ses enfants et de subvenir à d’autres besoins de base. Sur la photo de droite, Nene tend des morceaux de pâte à une déferlante de visiteurs pendant qu’elle finit de cuisiner.

Salamatou sort pour couper des morceaux de mangue pour son goûter. Elle aperçoit alors un groupe de garçons en train de jouer au football. Elle court immédiatement les rejoindre, oubliant de poser le couteau qui lui a servi pour découper sa mangue.
Les déplacements sont dévastateurs. Chaque jour est synonyme de nouveaux défis. Mais pour ces femmes et bien d’autres au Cameroun, la vie au camp de réfugiés les a également autonomisées d’une manière qu’elles n’auraient jamais imaginée.
Photos: ONU Femmes /Ryan Brown