Gouvernance et planification nationale : quelques faits et chiffres

Finances publiques nationales

  • En 2016, ONU Femmes a apporté son soutien à 82 pays pour renforcer leurs priorités en matière d’égalité des sexes dans leurs plans de développement et leurs budgets nationaux, sectoriels et locaux. 28 pays ont signalé que leur budget en faveur de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes avait augmenté [1].
  • Des systèmes de contrôle et de publication des allocations de ressources en faveur de l’égalité des sexes sont essentiels pour renforcer la redevabilité. De 2013 à 2016, 45 pays au total ont mis en place un système de suivi transparent s’appliquant à l’allocation de fonds en faveur de l’égalité des sexes [2].
  • Le gouvernement du Népal a augmenté ses lignes budgétaires tenant compte de l’égalité des sexes de 976 millions de dollars US pour l’exercice 2013-2014 à 2,10 milliards de dollars US pour 2016-2017, ce qui représente 23,1 pour cent du budget total. Le pays a conçu, appliqué et perfectionné un système de suivi qui permet d’obtenir des informations d’importance cruciale sur les investissements tenant compte de l’égalité des sexes [3].
  • Au niveau national, les ressources allouées en faveur de l’égalité des sexes restent toujours faibles. Par exemple, une étude des dépenses effectuées dans 35 pays d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes a montré que les dotations en faveur de la lutte contre la violence envers les femmes allaient de 0,1 à 1 pour cent du budget national [4].
  • Le manque de ressources consacrées à l’égalité des sexes est coûteux, tant pour réaliser les droits politiques, économiques et sociaux des femmes que pour atteindre une croissance économique inclusive. L’Étude sur la situation économique et sociale de l’Asie et du Pacifique en 2007 estime que les coûts liés à l’inégalité entre les sexes pour la région s’élèvent à près de 80 milliards de dollars US par an et qu’ils sont principalement dus aux disparités entre les sexes en matière d’emploi et d’éducation [5].
  • Les données disponibles montrent les possibilités de gains qui pourraient résulter d’une réduction de l’écart dans les ressources consacrées à l’égalité des sexes. Par exemple, une étude sur l’inclusion financière dans les pays à revenu moyen est parvenue à la conclusion que si l’on comblait les écarts entre les sexes dans l’accès des femmes aux services financiers, l’on aboutirait à une augmentation de 12 pour cent du revenu par tête d’ici 2030 [6]. En outre, la FAO a estimé que si l’on comblait le fossé dans l’accès à la terre et aux graines, aux engrais, au crédit, aux conseils de vulgarisation et aux marchés, il serait possible d’augmenter la production agricole dans les pays en développement de 2,5 % à 4 % en moyenne [7], ce qui augmenterait également le revenu disponible des femmes et contribuerait à élargir l’assiette fiscale.
  • Pour chaque dollar US dépensé dans 74 pays durement touchés, la société gagnerait près de neuf dollars en retombées économiques et sociales du fait d’une morbidité et d’une mortalité diminuées d’ici à 2035. Jusqu’à 147 millions de décès d’enfants, 32 millions de mortinaissances, et cinq millions de décès maternels pourraient être évités en l’espace d’une génération [8].

Finances publiques internationales

  • Le volume total des promesses d’aide des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE en faveur de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes a plus que quadruplé, passant de 8 milliards de dollars US en 2002 à 35 milliards de dollars US en 2014. Cependant, en 2014 et 2015, seulement 5 pour cent de l’aide des membres du CAD qui avait été contrôlée plaçait l’égalité des sexes en tant qu’objectif principal [9].
  • En 2014, exactement la moitié de l’aide des membres du CAD aux organisations de la société civile était ciblée sur les questions de genre, contre 31 % en 2010. Cependant, les données dont font état les membres du CAD donnent à penser que les groupes féminins pourraient ne pas pleinement bénéficier de cette augmentation. Ainsi, il a été fait état du fait qu’en 2014, 192 millions de dollars US ont été alloués directement aux organisations promouvant les droits des femmes, un montant qui est plus faible que celui des années précédentes. La somme de 192 millions de dollars US représente 3 % des aides ciblant l’égalité des sexes comme leur objectif principal, et seulement 0,5 % de l’aide totale à l’égalité des sexes en 2014 [10].

Financement des organisations féminines et financement privé

  • La majorité des budgets des organisations féminines est de très faible ampleur. Une enquête mondiale menée auprès de 1 119 organisations féminines dans 140 pays (en 2011) a montré que le revenu combiné de 740 organisations féminines en 2010 s’élevait à seulement 106 millions de dollars US, le revenu moyen étant de 20 000 dollars US. Ce montant n’est qu’une fraction du budget de nombreuses grandes organisations non gouvernementales évoluant au niveau international [11].
  • Le pourcentage d’organisations féminines bénéficiant d’un financement pluriannuel a diminué : il est passé de 42 % en 2008 à 21 % en 2010. Les chiffres font apparaître une tendance inquiétante : de plus en plus d’organisations doivent compter sur des fonds ponctuels, sans aucune prévisibilité et assurance de financement futur [12].
  • D’après une étude réalisée en 2013, 23 pour cent (276,5 millions sur 1,2 milliard de dollars US) des financements effectués en 2010 par des fondations promouvant les droits humains ont été attribués à des causes à caractère prioritaire pour les femmes et les filles. Une analyse de la façon dont ces fonds ont été répartis entre les différents secteurs montre que plus d’un tiers de ces fonds (37 pour cent) sont affectés au soutien des droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles [13].

Notes

[1] ONU Femmes, Rapport de la Secrétaire générale adjointe/Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sur les progrès réalisés dans le cadre du plan stratégique 2014-2017 pour l’année 2016, 2017. p. 13.

[2] Ibid.

[3] ONU Femmes, 2014, Rapport de la Secrétaire générale adjointe / Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2013 pour l’année 2013, p. 26. (Document mentionné sur le site d’ONU Femmes dans sa version française, mais inaccessible)

[4] Commission interaméricaine des femmes. Mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la Convention de Belém do Para (MECEVI). Deuxième rapport hémisphérique sur la mise en œuvre de la Convention de Belém do Para, 2012.

[5] CESAP. Étude 2007 sur la situation économique et sociale de l’Asie et du Pacifique, p. VII

[6] Global Markets Institute. Giving credit where it is due. How closing the credit gap for women-owned SMEs can drive global growth (2014). (« Accorder à chacun le mérite qui lui revient. Comment le resserrement des crédits accordés aux PME appartenant à des femmes peut stimuler la croissance mondiale », 2014).

[7] FAO. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2010-2011, 2011.

[8] Partenariat pour la santé maternelle, néonatale et infantile, Organisation mondiale de la Santé (OMS) et Université de Washington. Advancing social and economic development by investing in women’s and children’s health: a new global investment framework (2013). p. 5. (« Promouvoir le développement social et économique en investissant dans la santé des enfants et des femmes : un nouveau cadre d’investissement mondial », 2013. p. 5).

[9] Organisation de coopération et de développement économiques, Comité d’aide au développement (OCDE-CAD).

From commitment to action: Financing gender equality and women’s rights in the implementation of the Sustainable Development Goals. (« De l’engagement à l’action : Financement de l’égalité des sexes et des droits de la femme dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable », 2015. p. 2).

[10] Réseau de l’OCDE CAD sur l’égalité entre les sexes (Gendernet). Donor Support To Southern Women’s Rights Organisations: OECD Findings. (Soutien des donateurs aux organisations des droits des femmes dans les pays du Sud : conclusions de l’OCDE, 2016).

[11] Association pour les droits de la femme et le développement (AWID). « Arroser les feuilles et affamer les racines », 2013. p. 16-17.

[12] Ibid., p. 123.

[13] Foundation Centre et International Human Rights Funders Group (IHRFG), 2013. Advancing Human Rights: the state of Global Foundation Grant making (Promouvoir les droits de l’homme : situation concernant les subventions mondiales à la Fondation), pp. 17, 114.

[Dernière mise à jour de la page : août 2017]