Communiqué de presse de Michelle Bachelet à Dakar, Sénégal

Date:

Communiqué de presse de Michelle Bachelet Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d'ONU Femmes à l' Hôtel King Fadh Palace, Dakar, Sénégal. Le 8 Janvier 2013.

[Seule la version prononcée fait foi.]

Je remercie toutes celles et toux ceux qui sont parmi nous aujourd'hui. C'est mon premier voyage au Sénégal en ma qualité de Directrice exécutive d'ONU Femmes, visite dont je me suis beaucoup réjouie.

Je viens d'avoir des entretiens très constructifs avec le Président et le Premier Ministre. Je les remercie vivement de leur appui continu à ONU Femmes et de leurs efforts de promotion de l'égalité des sexes aux niveaux national et régional.

Au cours de ma visite, j'ai rencontré des hauts fonctionnaires, des parlementaires, et des partenaires de la société civile, notamment des hommes et des femmes chefs de file, qui œuvrent inlassablement à la promotion de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. J'ai également rendu visite aux employées des pêcheries de Joal Fadiouth pour me rendre compte du travail accompli sur le terrain.

C'est formidable d'être ici en Afrique. Force est de constater que, dans le monde entier, dans toutes les régions, la participation pleine et entière des femmes est indispensable à la paix, au développement durable et à la démocratie.

Je félicite le Sénégal d'avoir adopté une loi historique sur la parité des sexes, qui prévoit que la moitié des candidats aux élections locales et nationales doivent être des femmes. Lorsque les hommes et les femmes dirigent conjointement, les décisions qui sont prises reflètent mieux les différents besoins de la société auxquels ils répondent mieux aussi.

Ici, au Sénégal, la loi sur la parité a donné des résultats. Au niveau mondial, le Sénégal est passé de la 54e position à la sixième en ce qui concerne la représentation politique des femmes avec 43 % de femmes députées. Je félicite le Sénégal pour cette belle victoire !

Pendant la période précédant les élections, ONU Femmes a appuyé un Programme féminin pour des élections pacifiques visant à contribuer à la tenue d'un processus électoral pacifique et transparent. Cela a permis aux dirigeantes de se joindre à des missions d'observation ou de les organiser au cours du processus électoral.

Je suis convaincue que la représentation des femmes aux élections locales et législatives de 2014 enregistrera d'autres progrès. J'espère qu'il en sera de même pour l'accès des filles à l'enseignement supérieur. Il faut redoubler d'efforts pour réduire le fossé entre les garçons et les filles en matière d'éducation et d'alphabétisation. De nos jours, le taux d'alphabétisation parmi les jeunes Sénégalaises gées de 15 à 24 ans s'élève à 56 pourcent par rapport à 74 pourcent pour les jeunes hommes.

L'éducation est la pierre angulaire de l'égalité, de la justice et de la démocratie. Nous savons que l'éducation ouvre la porte à l'emploi, à la participation politique et à davantage de choix. Nous savons aussi qu'un enfant de mère alphabète a 50 pourcent plus de chances de survivre au-delà de l'ge de 5 ans. Les filles qui achèvent leurs études secondaires courent moins de risques de devenir séropositives et la probabilité qu'elles fassent un mariage précoce est jusqu'à six fois moindre.

ONU Femmes travaille de concert avec des chefs de file sénégalaises à l'édification de collectifs et à l'élaboration de programmes visant à mener des activités de plaidoyer plus soutenues et une action en faveur de l'égalité plus vigoureuse. Tous les êtres humains doivent pouvoir jouir des mêmes chances, dans tous les domaines de la vie, notamment sur le lieu de travail et le marché de l'emploi. Ici, au Sénégal, la grande majorité des femmes travaillent dans le secteur informel de l'économie (83 pourcent) et font partie de la tranche de revenu la plus faible.

Permettez-moi également de dire ceci : réaliser l'égalité des sexes n'est pas le seul travail des femmes. C'est le travail de toute et de tous. Ce travail nécessite la participation des hommes et des femmes, un leadership déterminé, des politiques audacieuses et une évolution des comportements, et la collaboration de nous tous, notamment des médias influents tels que vous.

L'égalité est une question de droits de l'homme, mais elle est également favorable à l'économie. De plus en plus d'éléments provenant de la Banque mondiale, du milieu universitaire et du secteur privé indiquent que l'élimination des entraves à l'action et à la participation des femmes favorise le développement économique. Je lance donc un appel en faveur du déploiement d'efforts concertés, afin que le plein potentiel des femmes et des filles, tant au Sénégal que dans tous les pays du monde, soit pleinement exploité.

Dans le secteur de la pêche au Sénégal, les femmes sont très actives dans l'industrie de la transformation à petite échelle et contribuent à 34 pourcent de la production totale. Les paroles des femmes de Joal Fadiouth m'ont beaucoup inspirée pendant ma visite au Sénégal.

Le travail utile qui est réalisé pour mettre fin à la discrimination et aux violences contre les femmes m'a également inspirée. Je sais que le Sénégal est en train d'accomplir des progrès considérables dans la cessation de pratiques nuisibles telles que la mutilation des organes génitaux féminins. Vos efforts sont renforcés par la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU interdisant cette pratique, adoptée le 20 décembre dernier.

Nous devons également lutter contre les violences sexuelles et les mariages précoces, qui privent les filles des chances de se préparer un avenir heureux. C'est actuellement la réalité de trop nombreuses filles et femmes, notamment en RDC orientale et au nord du Mali, qui subissent ces violations des droits fondamentaux au quotidien.
Je serai demain au Mali puis au Nigéria.

Les dirigeantes, les défenseures des droits des femmes et ONU Femmes ne peuvent plus se permettre de garder le silence face aux violences qui ciblent le corps des femmes et des filles !
Comme le dit un proverbe wolof : Coonooy Njalbeenug Njarin : « les difficultés ouvrent la voie au succès »

Les violences contre les femmes sont un phénomène mondial. Dans certains pays, jusqu'à sept femmes sur 10 sont battues, violées, maltraitées ou mutilées au cours de leur vie. L'année dernière, ONU Femmes a lancé une initiative intitulée ENGAGEONS-NOUS. Nous avons exhorté les gouvernements à mettre en œuvre des accords internationaux sur la cessation des violences à l'encontre des femmes et à s'engager à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ce fléau qui touche les femmes dans le monde entier.

À ce jour, 13 pays ont pris des engagements nouveaux et nous espérons que de nombreux autres pays leur emboîteront le pas à l'approche de la prochaine session de la Commission de la condition de la femme de l'ONU, dont les travaux porteront sur la fin des violences à l'encontre des femmes.

Pour terminer, je tiens à dire que dans le contexte actuel de la crise politique et économique dans la région du Sahel, le Sénégal représente une lueur d'espoir. Le Sénégal est la preuve que la démocratie peut garantir la paix et la sécurité.

ONU Femmes se réjouit d'une collaboration renforcée avec le Sénégal.

Je vous remercie. Je vais répondre bien volontiers à vos questions.