Où je me tiens : Sinet Seap
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J’ai vendu mes boucles d’oreilles en or pour payer ma première année à l’université de Phnom Penh.
Je viens d’une famille de fermiers du Cambodge rural. La plupart de mes amies et amis ont arrêté l’école à 11 ans. Seuls quelques-uns d’entre nous sommes allés au lycée. Un des professeurs me disait : « tu ne devrais pas étudier. Tu seras toujours occupée avec les tâches ménagères ».
L’école, c’était difficile, nous devions travailler dur et tout le monde dans le village me décourageait constamment. Mais cela a eu l’effet inverse : j’étais encore plus motivée à poursuivre mes études et viser encore plus haut.
J’avais 17 ans quand je suis arrivée à Phnom Penh pour étudier. J’étudiais le soir et travaillais avec les jeunes les week-ends. Voir leur motivation et leur volonté de changer le monde m’a fait prendre conscience de mon désir de m’investir dans l’autonomisation des jeunes.
Les gens me disent encore de trouver un mari plutôt que de poursuivre mes études ou de travailler avec les jeunes. On m’a dit qu’aucun homme n’accepterait de m’épouser. Ces expériences réaffirment l’importance d’inciter les jeunes femmes à défier les stéréotypes de genre et à réaliser pleinement leur potentiel. Si les jeunes femmes ne se soutiennent pas les unes les autres, comment pourrons-nous avancer ? »
Sinet Seap, 31 ans, est une jeune militante de la province de Kandal, au Cambodge. Elle travaille avec l’organisation de la société civile cambodgienne Youth Resource Development Programme et ONU Femmes Cambodge pour l’implication des jeunes, en particulier les jeunes femmes. Récemment, la récompense Australia Award a été décernée à Mlle Seap afin qu’elle termine son Master en études de genre, et elle a également été sélectionnée par la prestigieuse initiative Young Southeast Asian Leaders. Ses efforts contribuent à la réalisation de l’Objectif de développement durable 4 qui assure une éducation inclusive, équitable et de qualité, et des opportunités d’apprentissage permanentes pour toutes et tous, et met l’accent sur l’élimination des disparités de genre dans l’éducation , ainsi qu’à la réalisation de l’ODD5, qui promeut l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaît explicitement le rôle des jeunes comme un moteur décisif du développement et de l’autonomisation des femmes.
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