« Libérées de la terreur » : mettre fin aux violences contre les femmes

Une déclaration conjointe prononcée le 10 décembre 2017, à l’occasion de la Journée des droits de l’homme, par les Directeurs du secrétariat du FNUAP et d’ONU-Femmes, et par l’Administrateur du PNUD

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Les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.  C'est le principe fondamental consacré par la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. 

Le 10 décembre 1948, il y a près de 70 ans, l’ONU a adopté la Déclaration universelle des droits de l’homme, par laquelle la communauté internationale a proclamé pour la première fois “la plus haute aspiration de l’homme”, notamment la promotion du respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales et “l’avènement d’un monde où les êtres humains sont libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère.” 

A l’occasion de cette Journée des droits de l’homme, le dernier jour de la campagne mondiale de 16 jours d'activisme contre la violence faite aux femmes, nous réitérons le lien étroit entre la libération de la terreur et de la misère, et la lutte pour mettre fin aux violences sexistes. 

Le nombre croissant d’hommes et de femmes œuvrant pour faire cesser l’impunité dans les cas de violences sexuelles et pour faciliter la compréhension de leurs conséquences, témoigne du fait qu’une prise de conscience s’accompagne souvent d’une détermination à faire évoluer les choses. Et que l’unité d’action donne la force d’y parvenir.

La Déclaration met l’accent sur l’intégration des efforts de tous, de “tous les individus et tous les organes de la société” en vue de garantir le respect de ces droits.  Nous reconnaissons la valeur des citoyens ordinaires qui accomplissent des choses extraordinaires – des hommes et des femmes – qui prennent le risque de défendre la protection de ces droits et l’accès à la justice, de la société civile et des organes de presse qui amplifient la portée de ces appels et contraignent leurs gouvernements à respecter les normes les plus élevées. 

De par le monde, dans tous les pays, des femmes et des filles luttent toujours pour exercer pleinement leurs droits humains, parfois juste pour être considérées comme des êtres humains à part entière. Les violences contre les femmes et les filles sont sans doute la manifestation la plus tangible des profonds déséquilibres de pouvoir qui perdurent dans nos sociétés, et des faiblesses qui les caractérisent, affectant notamment les personnes marginalisées, en particulier dans les contextes de crises, lorsque les vulnérabilités s’intensifient et que les protections s’effondrent.  Défendre les droits des femmes et des filles signifie comprendre les conséquences des violences et s’y attaquer de manière holistique. 

Dans le monde, une femme sur trois a subi des violences physiques ou sexuelles, le plus souvent par un partenaire intime. Près de 750 millions de femmes et de filles dans le monde aujourd’hui ont été mariées avant leur 18ème anniversaire, et plus de 200 millions de femmes subissent des mutilations génitales. Plus de 70 % des victimes de la traite des êtres humains dans le monde sont des femmes ou des filles, et trois sur quatre d’entre elles sont sexuellement exploitées. Cela doit cesser. 

Aujourd’hui, les leaders du PNUD, du FNUAP et d’ONU-Femmes lancent un appel conjoint pour éliminer les violences contre les femmes et les filles et faire respecter pleinement leurs droits dans le monde entier, y compris les droits liés à la procréation. 

Nous savons ce qu’il faut faire. La déclaration a consacré les principes clefs d’égalité, de non-discrimination, de participation et de responsabilisation pour veiller à que les femmes puissent exercer pleinement leurs droits humains. Cela signifie qu’il faut travailler à l’abrogation de plus de 155 lois discriminatoires envers les femmes et promulguer de nouvelles lois qui garantissent leur égalité et leur autonomisation. Cela signifie qu’il faut mettre l’accent sur la prévention de la violence en travaillant avec les juges, la police et les hommes ainsi qu’avec les organisations féminines et les groupes de jeunes pour briser les stéréotypes et les attitudes discriminatoires. Cela signifie qu’il faut appuyer les services créés pour aider les victimes de violences, y compris l’instauration de lieux sûrs et le soutien psychologique dans les contextes humanitaires et les situations de vulnérabilité.  Ensemble, nous toucherons des millions de femmes et de filles, d’hommes et de garçons en leur affirmant que les violences sexuelle et sexiste ne sont pas acceptables, qu’elles sont destructrices tant pour nos sociétés que pour notre potentiel individuel.

L’ONU aborde également cette question par le biais de nouvelles approches intersectorielles porteuses d’espoir. En septembre dernier, nous  avons appuyé le lancement de l’Initiative  spotlight, un effort concerté avec l’Union européenne afin d’éliminer toutes les formes de violences contre les femmes et les filles d’ici à 2030, conformément aux Objectifs de développement durable.  Cette initiative met l’accent sur les violences conjugales et familiales, sexuelles et sexistes, les pratiques préjudiciables, les fémicides, la traite des êtres humains et l’exploitation économique. Grâce à cette initiative, nous travaillerons conjointement avec les secteurs public et privé afin de renforcer les lois et veiller à leur application, transformer les normes sociales qui sous-tendent et perpétuent ces violences et renforcer l’autonomisation des femmes.  

En lançant un appel pour que tous les êtres humains puissent jouir des mêmes droits, la Déclaration universelle des droits de l’homme a jeté les bases d’un monde fondé sur l’égalité des droits et des chances pour les femmes, les hommes, les filles et les garçons. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 envisage de parvenir à ce résultat en moins de 13 ans. Son concept central consistant à ne laisser personne de côté constitue en fin de compte un engagement en faveur des titulaires de droits et une obligation importante pour les responsables. Nous allons tous devoir travailler de concert pour veiller à ce que ces droits soient pleinement mis en œuvre et puissent être exercés par tous.