La voix des jeunes pour le changement : Pourquoi nous devons toutes et tous écouter les jeunes leaders

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collage of photos of youth activists

1,8 milliard de jeunes, âgés de 10 à 24 ans, sont à l’avant-garde des mouvements en faveur de l’égalité, de la justice et de la dignité pour toutes et tous. Oui, nous pensons à eux aujourd’hui, car c’est la Journée internationale de la jeunesse. Mais en fait , ils élèvent leurs voix et aspirent tous les jours à un avenir meilleur. S’ils n’ont pas renoncé aux anciennes normes, ils ont le pouvoir d’imaginer et d’activer de nouvelles normes.

Alors que la pandémie de la COVID-19 surcharge les services de santé, perturbe les activités éducatives, les moyens de subsistance et la vie sociale, et accroît le fardeau des soins, les jeunes militent tant pour eux-mêmes que pour les besoins des communautés. Ils veulent que leurs priorités soient reflétées dans les mesures prises pour répondre à la COVID-19, et ils aspirent à l’égalité raciale, à l’égalité des sexes et aux initiatives en faveur du climat. Ils veulent d’un monde meilleur et plus durable.

Nous avons questionné quelques jeunes activistes sur leurs espoirs pour le futur et sur ce que signifie pour eux la reconstruction en mieux.

Sur le fossé entre les sexes sur le plan numérique et ses conséquences négatives sur l’égalité des sexes

Anya Kathpalia. Photo: Arjun C. Kathpalia
Anya Kathpalia. Photo: Arjun C. Kathpalia

« Pendant le confinement, les vidéoconférences, les cours en ligne et les autres plateformes digitales nous ont permis de travailler et d’étudier depuis notre domicile, et de profiter de divertissements et d’autres activités. Les plateformes numériques peuvent être de grands facilitateurs, mais aussi de grands inhibiteurs.

En Inde, les femmes utilisant Internet sont moitié moins nombreuses que leurs homologues masculins. L’ [écart entre les sexes] est encore plus élevé dans les régions rurales. Les femmes tirent moins de bénéfices de cette utilisation que les hommes. Actuellement, il y a beaucoup de contenu circulant en ligne qui ridiculise les hommes se livrant à des travaux domestiques. Les hommes qui apportaient une aide pour les tâches ménagères la perçoivent maintenant comme une remise en question de leur masculinité. La nature des messages communiqués en ligne déterminera si notre société prend 100 mesures en faveur d’un avancement ou d’un retour en arrière. »

- Anya Kathpalia, 15 ans, Inde


Sur la force que procure la solidarité entre jeunes femmes

Katrina Leclerc. Photo courtesy of Katrina Leclerc
Katrina Leclerc. Photo courtesy of Katrina Leclerc

« Les jeunes femmes ont des expériences uniques – souvent vécues par le biais de réalités intersectorielles – qui peuvent contribuer utilement au changement social et au processus décisionnel. Et pendant trop longtemps, il a été dit aux jeunes femmes que leur voix ne compte pas. Je ne suis pas d’accord.

En tant que jeunes femmes, nous devons remettre en question les normes sociales et non pas nous contenter du statu quo. Pour ce faire, nous devons nous soutenir mutuellement. Se haïr les unes les autres et se dénigrer ne font que pénaliser notre avancement. »

- Katrina Leclerc, 24 ans, Canada


Sur l’importance des approches intersectorielles entre les mouvements

Renata Koch Alvarenga. Photo: Natalie Lucas
Renata Koch Alvarenga. Photo: Natalie Lucas

« En tant qu’écoféministe, mon travail en matière de promotion de la parité entre les sexes et de défense du climat est axé sur l’intersectionnalité, et c’est ainsi qu’il se poursuivra. L’environnementalisme intersectionnel souligne l’importance de la prise en compte des communautés vulnérables en même temps que de l’environnement, car plusieurs questions concernant la justice sociale, telles que le sexisme et le racisme, se chevauchent étroitement.

Nous devons intégrer la lutte contre le racisme dans notre vie quotidienne, ce qui pour moi veut dire le faire dans mon travail en faveur du climat, car il n’existe pas de justice climatique sans justice raciale. »

- Renata Koch Alvarenga, 23 ans, Brésil


Sur le rassemblement, tout en restant physiquement éloignés

Mohamed Ali Raddaoui. Photo courtesy of Mohamed Ali Raddaoui
Mohamed Ali Raddaoui. Photo courtesy of Mohamed Ali Raddaoui

« J’estime que les jeunes de mon pays doivent faire entendre leur voix dans la lutte contre la violence dans le couple et la violence familiale. Les victimes doivent être réhabilitées, et les oppresseurs doivent être punis par la loi. Les plateformes virtuelles ne doivent pas propager la haine et la discrimination, ou normaliser la culture de la violence. Pendant le confinement, je me suis joint à des campagnes virtuelles et à des mouvements sur les médias sociaux pour combattre la violence domestique et pour aider les personnes confrontées à la haine, à la violence et à la discrimination.

Au cours du confinement, les camps des ODD ont commencé à mettre en place des camps virtuels partout en Tunisie. Nous avons formé des jeunes issus de différentes organisations et associations tunisiennes..., nous avons aidé les jeunes leaders à se former à l’entrepreneuriat social pour leur permettre de mettre sur pied leurs propres entreprises sociales et leurs startups sociaux. »

- Mohamed Ali Raddaoui, 21 ans, Tunisie


Sur la réclamation d’un avenir meilleur

Atilla Yoldas. Photo: Julide Yoldas
Atilla Yoldas. Photo: Julide Yoldas

« Pour moi, "reconstruire en mieux" après la COVID-19 signifie qu’il faut utiliser les points de vue que nous avons acquis pendant cette période pour construire une communauté qui est irrémédiablement égalitaire. Nous devons comprendre que l’isolement, la peur et les risques sont des facteurs qui anéantissent notre société.

Dans mon pays, nos jeunes ont donné la priorité à ces questions avant même que n’arrive la pandémie, par le biais d’activités sur les médias sociaux et de manifestations. Le temps est venu pour le reste de notre société de se rendre compte de la valeur de notre travail sur des questions telles que la violence contre les femmes et la masculinité toxique. Cela est devenu clair en raison de la COVID-19 – de plus en plus de personnes deviennent des victimes lorsque les portes sont fermées. »

- Atilla Yoldas, 27 ans, Suède


Sur le réexamen de notre propre rôle en matière de militantisme

Leah Namugerwa. Photo courtesy of Leah Namugerwa
Leah Namugerwa. Photo courtesy of Leah Namugerwa

« Avant la COVID-19, il y avait une crise connue sous le nom de crise climatique. Je ne comprends pas ce que les personnes veulent dire lorsqu’elle parlent d’un retour à la normale, à moins qu’elles ne se réfèrent aux comportements anormaux qui amènent à la pollution de notre planète. L’heure est venue pour chacun de réfléchir à la contribution qui peut être apportée à notre planète. Nous devrions être en train de nous poser des questions difficiles. Je pense que nous devons maintenir le mode de vie que nous avons adopté au cours de la pandémie de la COVID-19.

L’urgence qui s’est manifestée pour répondre à la COVID-19 devrait également être utilisée pour lutter contre le changement climatique. »

- Leah Namugerwa, 15 ans, Ouganda


Sur les rapports entre les migrations, le féminisme et la justice raciale

Shila Block. Photo: Greta Linkogel
Shila Block. Photo: Greta Linkogel

« En tant que fille de migrants iraniens en Allemagne, j’ai vécu à la croisée du sexisme et du racisme en Allemagne toute ma vie. Et donc, mes pensées et mon travail ont toujours comporté une dimension de justice raciale. Mais j’ai souvent été la seule personne non blanche présente dans les lieux où je travaillais pour faire le monde devenir un meilleur endroit où vivre. Je veux créer des espaces dans lesquels la participation des jeunes et leur leadership sont plus inclusifs.

Pour moi, « reconstruire en mieux » signifie transformer notre société après la COVID-19 afin qu’elle devienne plus juste. En voyant s’initier le mouvement autour de la mort de George Floyd partout dans le monde, je constate combien ma génération reconnaît dans le racisme un problème systémique et appelle à un changement radical. Je considère que l’inclusion de la justice raciale parmi toutes les luttes pour la justice, par exemple celles pour l’égalité des sexes et pour le climat, doit devenir une priorité pour notre génération. »

- Shila Block, 23 ans, Allemagne