Communiqué de presse: Afghanistan : ONU Femmes se félicite des déclarations gouvernementales confirmant que la « fuite » ne constitue pas un crime en vertu de la loi afghane

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE D'ONU FEMMES
Pour diffusion immédiate
3 octobre 2012

Kaboul, le 3 octobre — ONU Femmes en Afghanistan se félicite des récentes déclarations publiques des responsables gouvernementaux clarifiant le fait que la fuite des femmes et des filles de leurs foyers ne constitue pas une infraction pénale en vertu de lois afghanes.

Lors d'une réunion organisée le 16 septembre 2012, le ministre de la Justice Habibullah Ghalib, le ministre des Questions féminines Hussein Banoo Ghazanfar et le vice-ministre de l'Intérieur Mirza Mohammad Yarmand ont tous fermement condamné l'emprisonnement injustifié de femmes et de filles pour délit de « fuite ». De telles clarifications officielles sont cruciales et peuvent être très utiles pour protéger les nombreuses femmes et filles afghanes qui sont contraintes de fuir leurs foyers pour échapper à la violence.

Des femmes et des filles afghanes ont été arrêtées et poursuivies pour « fuite ». Cet acte est souvent utilisé par les procureurs comme preuve de l'intention d'une femme de commettre la zina (l'adultère, qui constitue un crime en vertu de la Sharia). Cela est en contradiction directe avec la loi afghane, en vertu de laquelle la « fuite » n'est pas un crime, et où l'intention seule n'est pas suffisante pour poursuivre une femme pour zina. Ces applications arbitraires ou sélectives de la loi violent également les droits fondamentaux et les garanties assurées en vertu du droit international, y compris le droit à la vie, à la sécurité de la personne, à la liberté de mouvement, le droit à la santé et le droit de ne pas subir d'ingérence arbitraire ou illicite dans l'intimité, la famille ou le foyer.

À la lumière de ces récentes déclarations, ONU Femmes appelle le gouvernement de la République islamique d'Afghanistan à relcher sans conditions toutes les femmes et les filles actuellement détenues pour « fuite » et pour « tentative d'adultère » (on estime que plus de deux-tiers des quelque 700 femmes et filles actuellement détenues dans les prisons dans tout le pays ont été emprisonnées pour délit de « fuite » de leur foyer et « tentative » de commettre la zina).

« Le gouvernement doit assurer que les autorités chargées de l'application de la loi n'arrêtent pas, ne maintiennent pas en détention et n'engagent aucune nouvelle poursuite pour « fuite ». L'établissement de directives stipulant clairement que la « fuite » n'est pas un crime en vertu de la loi afghane contribuera à l'application du droit pénal et à mettre fin aux pratiques discriminatoires à l'égard des femmes » indique Ingibjorg Gisladottir, Directrice de pays d'ONU Femmes. « Le gouvernement doit travailler pour assurer la protection de ces femmes et de ces filles, y compris en leur assurant des services de bases, et doit traduire en justice tous les auteurs de violence à l'égard des femmes.»

Comme reconnu par les ministres Ghalib, Ghazanfar et Yarmand dans leurs déclarations, les femmes et les filles afghanes fuient généralement leurs foyers pour échapper au mariage forcé et à d'autres formes de violence - des actes qui sont réprimés en vertu de la Loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

La loi sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes est considérée par ONU Femmes comme une étape importante sur le plan de la protection juridique des droits des femmes. Si elle est pleinement mise en œuvre, elle peut contribuer de manière importante à protéger et à promouvoir les droits de toutes les femmes et filles afghanes.