Remarques de Michelle Bachelet lors d’un déjeuner-débat avec des responsables du monde des affaires, du milieu scientifique et de la société civile, à New Delhi, en Inde

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Remarques de Michelle Bachelet au cours d'un déjeuner-débat avec les responsables du monde des affaires, du milieu scientifique et de la société civile. New Delhi, Inde. Le 3 octobre 2012.

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J'attendais notre rencontre avec impatience ! Je souhaiterais remercier le PDG de la Confédération de l'industrie indienne (CII) d'organiser ce déjeuner-débat et de nous donner cette opportunité d'interagir étroitement avec les responsables des affaires à l'échelle mondiale, de la société civile, des médias et du milieu scientifique en Inde.

Je souhaiterais adresser mes félicitations à la Confédération de l'industrie indienne, qui joue un rôle-clé dans l'économie indienne en croissance rapide. Le monde continuera d'attendre de l'Inde qu'elle joue un rôle moteur en réalisant les objectifs de la croissance inclusive et du développement durable.

Pour ces raisons et d'autres, je souhaiterais vous parler d'ONU Femmes, de ce que nous faisons, et pourquoi nous sommes intéressés par un partenariat avec vous. ONU Femmes aide les États membres à promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Nous travaillons dans cinq domaines prioritaires : promouvoir le leadership politique des femmes ; prévenir la violence à l'égard des femmes et des filles ; renforcer le leadership des femmes aux niveaux de la paix, de la sécurité et de la réponse humanitaire ; appuyer les processus de planification et de budgétisation en faveur de l'égalité ; et, bien entendu, renforcer l'autonomisation économique des femmes.

Les conclusions des nombreuses recherches effectuées à cet égard nous montrent que le fait de libérer le plein potentiel économique des femmes en éliminant les obstacles et en appuyant l'égalité des chances permet d'augmenter la croissance et les résultats. Je félicite dont le PDG de la CII d'avoir donné la priorité à la discrimination positive et au développement des compétences, dans le cadre des priorités fixées pour cette année et l'an prochain.

Renforcer la présence des femmes au sein des conseils d'administration, dans la haute direction, aux postes de supervision et à des emplois dans le secteur formel n'est pas seulement une chose juste à faire, mais également une chose avisée. Le secteur privé indien étant aujourd'hui un acteur mondial majeur, sa voix compte pour provoquer des changements mondiaux.

L'Inde a un énorme potentiel en tant que leader mondial des avancées scientifiques et technologiques. Mais il y a un risque que la société se divise davantage entre les riches et les pauvres. C'est la raison pour laquelle le fait de dispenser une éducation pratique, accompagnée d'une formation professionnelle et d'un apprentissage inclusif, et de mettre en œuvre des politiques en matière de ressources humaines, peut contribuer à assurer que chacun, femmes comprises, ait la possibilité de tirer partie des avantages offerts par la place de l'Inde en tant que leader mondial dans le domaine scientifique.

C'est par le biais de forums tels que celui-ci, qui réunissent des dirigeants du monde des affaires, du milieu scientifique, du gouvernement et de la société civile, que nous pouvons constituer les réseaux requis pour développer davantage l'entreprise sociale et l'entreprenariat. ONU Femmes appuiera ces processus de toutes les manières possibles.

Nous savons que le renforcement du rôle économique des femmes est important pour l'Inde, et qu'il est positif pour les femmes comme pour les affaires. Il s'agit de mettre à profit les capacités productives, la créativité et le talent de la moitié de la population, et de maximiser le rôle et les droits des femmes en tant que travailleuses du secteur formel dans les secteurs agricoles, manufacturiers et des services ainsi que d'augmenter leur pouvoir d'achat en tant que consommatrices.

Les Principes d'autonomisation des femmes du Pacte mondial des Nations Unies constituent l'un des partenariats les plus importants noués entre les Nations Unies et le secteur privé. Ces derniers sont un ensemble de 7 principes offrant des orientations pratiques sur des mesures concrètes pouvant être prises par les entreprises pour autonomiser les femmes sur le lieu de travail, sur le marché et au sein de la communauté. Au niveau mondial, plus de 400 PDG ont publiquement déclaré leur engagement envers ces principes : quelque 258 entreprises dans le monde les ont signés. En Inde, 4 entreprises du secteur privé les ont signés, ce qui n'est pas suffisant. Je souhaiterais vous demander instamment, en tant que membres de la CII, de signer ces Principes.

En tant que force économique majeure, l'Inde et les entreprises indiennes ont l'occasion d'établir des normes relatives aux droits des femmes à un travail décent qui seront valables pour toute l'Asie. Cela est extrêmement important, car les femmes des régions rurales sont affectées par les politiques macroéconomiques et la « croissance sans emploi », et sont sujettes à l'informalisation et à l'invisibilisation. En Inde, 79 pour cent des femmes rurales travaillent dans l'agriculture. Pourtant, plus de 90 pour cent d'entre elles travaillent dans le secteur informel, sont peu organisées, n'ont quasiment pas de protection sociale, et ont un accès négligeable à la propriété foncière (seulement 9 pour cent).

Et cette situation affaiblit non seulement les femmes mais aussi l'Inde et sa croissance et sa trajectoire actuelles et potentielles en tant que leader mondial. En outre, comme Amartya Sen l'a souligné, le renforcement des capacités des femmes et la promotion de leur autonomisation sont la clé d'une croissance économique rapide, de la cohésion sociale et de la durabilité environnementale. Il a indiqué que cela ne faisait pas de doute.

Les progrès réalisés par l'Inde en matière de développement dépendent de ceux accomplis sur le plan de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes. À ONU Femmes, nous sommes impatients de travailler avec vous à cet égard.