Remarques de la Directrice exécutive adjointe d’ONU Femmes Lakshmi Puri à la fondation Loomba

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Remarques de la Directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes lors d'un dîner organisé par la fondation Loomba à l'occasion du lancement de la Journée internationale des veuves 2013 à Londres, le jeudi 22 novembre 2012.

[Seul le texte prononcé fait foi.]

Merci Mme Blair, et bonsoir à tous, Lord Loomba, Lords et Dames, Mesdames et Messieurs.

Quel plaisir de me trouver dans cet endroit magnifique, et de saluer le formidable travail que nous sommes venus célébrer ici, et qui nous aide à changer le monde à notre manière. La vision exposée devant nous par Cherie Blair constitue une grande source d'inspiration pour moi.

C'est certain : il faut que le monde fasse davantage preuve d'un tel enthousiasme pour améliorer la condition des femmes, en particulier celle des groupes négligés dont s'occupe la fondation Loomba. Et je vous félicite, vous et la fondation Loomba, de votre engagement envers cet objectif.

Je me trouve aujourd'hui parmi vous en qualité de Directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes, l'Entité des Nations Unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Moins de deux ans après sa création, ONU Femmes demeure une organisation relativement jeune. Nous essayons de faire les choses différemment, d'innover dans la manière dont les Nations Unies travaillent, et de repousser les limites plus loin que jamais auparavant en vue d'autonomiser les femmes et de réaliser l'égalité des sexes.

Pour citer Mahatma Gandhi, « nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde ». Dans mes fonctions à ONU Femmes, je ne suis pas seulement motivée par les objectifs édictés par l'organisation en matière de promotion de l'égalité des sexes et d'autonomisation des femmes, mais également par la passion et l'engagement personnels qui sont les miens à cet égard.

Ayant grandi en Inde et ayant eu l'immense honneur de vivre et de travailler dans différentes parties du monde, j'ai personnellement pu observer la manière dont les changements que nous souhaitons pour améliorer la condition de la femme commencent souvent par des idées telles que celle-ci.

En tant que jeune femme ayant grandi en Inde, j'ai été directement témoin des conséquences de la stigmatisation et de la discrimination, de la marginalisation et de la dépendance économique. En Inde comme dans de nombreux autres pays, les veuves forment une communauté invisible, mais qui est forte de 42 millions de membres (on estime le nombre de veuves à 250 millions au niveau mondial). Traditionnellement, de nombreuses cultures voient d'un mauvais œil le remariage des veuves, et beaucoup d'entre elles se sont vues dépossédées du pouvoir social et économique.

Une fois veuves, les femmes de nombreux pays se voient souvent privées de leurs droits à l'héritage et fonciers, et sont soumises à des rites de deuil et de funérailles dégradants et qui mettent leur vie en danger ainsi qu'à d'autres formes d'abus. Pour beaucoup, la perte d'un mari n'est que le premier traumatisme d'une longue série d'épreuves.

Dans de nombreux cas, elles sont victimes de discriminations multiples et graves, des préjugés, de l'exclusion, de l'exploitation, de la perte d'autonomisation, de la violence et de la stigmatisation en raison de leur veuvage, qui s'ajoutent à la pauvreté et à la dureté de la vie dans des zones reculées ou rurales. Les veuves sont les premières victimes des déplacements pendant ou après les conflits et après les catastrophes naturelles, ainsi que de la pandémie de VIH/sida.

Ptissant déjà d'être veuves, elles peuvent être victimes d'autres types de discriminations en raison de leur origine ethnique, de leur statut social, et autres facteurs. La pauvreté dont elles souffrent peut être aggravée par l'insuffisance ou l'absence d'accès au crédit et aux autres ressources économiques, ainsi que par l'analphabétisme ou le manque d'instruction. Sans éducation et formation, elles ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins ni à ceux de leurs familles.

Dans de nombreux pays, mais en particulier en Afrique et en Asie, les veuves sont victimes de violences physiques et mentales - y compris d'agressions sexuelles - liées à l'héritage et aux différends concernant la terre et les biens. L'insuffisance de données fiables et incontestables demeure l'un des obstacles principaux entravant l'élaboration de politiques et de programmes pour lutter contre la pauvreté, la violence et la discrimination que subissent les veuves.

ONU Femmes est résolue à travailler avec toutes les parties prenantes en vue de renforcer les droits des veuves, comme stipulé dans le droit international, y compris dans la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et dans la Convention relative aux droits de l'enfant. Nous mettons également activement en œuvre des programmes et des politiques visant à mettre fin à la violence à l'égard des veuves et de leurs enfants et à réduire la pauvreté. Il convient également d'assurer l'éducation et d'autres types d'appui aux veuves de tous ges.

Le fait d'autonomiser les veuves en leur assurant l'accès aux soins de santé, à l'éducation, à un travail décent, à une pleine participation à la prise de décisions et à la vie publique, ainsi qu'à une vie exempte de violence et d'abus, leur donnerait une chance de reconstruire une vie après le deuil. Surtout, le fait de créer des opportunités pour les veuves peut également contribuer à protéger leurs enfants et à leur éviter de rentrer dans le cycle de la pauvreté et de la privation intergénérationnelles.

Dans ce contexte, je suis ravie de me trouver ici afin de saluer ce partenariat entre ONU Femmes et la fondation Loomba, qui vise à promouvoir l'autonomisation économique des veuves en Inde, en Afrique et en Amérique latine.

Ce partenariat de mobilisation et d'action d'une durée de trois ans est historique, et concilie les objectifs communs de deux organisations engagées, l'une en vertu du mandat des Nations Unies et l'autre en tant qu'organisation non gouvernementale, infatigable défenseuse des mêmes objectifs de promotion des femmes. Il est un superbe exemple de la manière dont on peut traduire une idée en actes, en se donnant la main dans un objectif commun.

Dans le cadre de ce partenariat, nous nous attachons à travailler concrètement sur des programmes destinés à créer un espace visible pour les femmes au sein de leurs sociétés et à leur donner les outils appropriés pour atteindre l'indépendance économique. La première tche qui nous attend est de concevoir des moyens pragmatiques pour les identifier et écouter leurs histoires. Parce que, après tout, chaque personne a une histoire dont il est toujours précieux de tirer des enseignements.

Permettez-moi de remercier Lord Loomba pour son généreux soutien et pour son engagement en faveur de cet objectif. Ses activités de collecte de fonds et de mobilisation sur la question du veuvage dans le monde en développement ne sont plus à présenter, et je sais qu'il en fait une question d'engagement personnel.

Nul n'est besoin de préciser que sans son engagement ni le travail acharné accompli par sa fondation, ce jour n'aurait pas été possible. Le monde a besoin de davantage de gens comme vous, et je vous félicite pour votre vision et les services que vous rendez. Je souhaiterais également rendre hommage au dévouement des nombreux particuliers engagés au sein de la fondation Loomba et d'ONU Femmes et aux autres personnes qui ont rendu cette journée possible. Je souhaiterais leur exprimer à eux aussi toute ma gratitude. Je voudrais également remercier Jan Grasty, Présidente du Comité national d'ONU Femmes au Royaume-Uni, de son immense soutien.

Permettez-moi également de mentionner que, si ce partenariat constitue un véritable accomplissement et que notre joie et notre reconnaissance sont bien méritées, le vrai travail ne fait que commencer. Le chemin à parcourir est ardu et riche en défis. En toute humilité, je compterai sur vous tous sur cette route vers le succès, car si les changements sont difficiles, nous devons nous engager à devenir le changement que nous voulons voir dans le monde.

Merci de votre attention.