Les élections législatives au Cameroun portent 31 % de femmes à l’assemblée Nationale

Cette augmentation sans précédent de 31,11 pour cent de l’Assemblée Nationale étant des femmes a été possible grâce à la synergie des acteurs, l’adoption d’un Code électoral et la mise à disposition d’un expert genre.

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Au Cameroun, les défenseurs de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ont aujourd’hui une raison de se réjouir suite à la proclamation des résultats des élections législatives organisées le 30 septembre 2013. En effet, avec la proclamation des résultats des législatives le 18 octobre 2013 par la Cour suprême, l’Assemblée Nationale du Cameroun compte désormais 56 femmes sur un total de 180 députés, soit 31,11 pour cent.

Ce pourcentage qui dépasse le seuil exigé par le plan d’action de Beijing est d’autant plus appréciable que la représentation des femmes a plus que doublée. La législature précédente comptait 25 femmes sur 180 députés soit 13,8 pour cent. 

« La barre psychologique des 30 pour cent que nous nous étions fixée a été atteinte. Nous rendons un vibrant hommage à ONU Femmes pour son soutien et son accompagnement » dit Justine Diffo, Coordonnatrice nationale du réseau More Women In Politics.

Arlette Mvondo, National Programme Officer UN Women, joins Justine Diffo, National Coordinator of the NGO More Women in Politics, and Paul Ngounou, journalist for Cameroon Radio Television (CTRV), in a panel discussion with traditional and religious leaders, UN system partners and representatives of the Cameroon's political parties in September 2013. Left to right: Justine Diffo, National Coordinator of the NGO More Women in Politics; Arlette Mvondo, National Programme Officer UN Women; and Paul Ngounou, journalist for Cameroon Radio Television (CTRV). Photo: UN Women
Justine Diffo, coordonnateur national de l'ONG de femmes en politique (à gauche), rejoint Arlette Mvondo, National Programme Officer ONU Femmes (au centre) et Paul Ngounou, journaliste au CRTV (à droite), lors d'une table ronde avec et les chefs religieux traditionnels, les partenaires des Nations Unies et les représentants des partis politiques du Cameroun en Septembre 2013. Photo: ONU Femmes

Attendus, les résultats sont incontestablement le fruit d’une longue bataille entreprise par le réseau More Women In Politics, soutenu par ONU Femmes, et en partenariat avec le Système des Nations Unies, le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, les organisations de la société civile et des femmes leaders politiques. 

Cette longue bataille commencée il y a quelques années a pris sa vitesse de croisière avec l’élaboration par ONU Femmes d’un Plan stratégique Genre et élections et sa validation nationale le 12 juin 2012. Cet important document propose, en prévision des élections sénatoriales, municipales et législatives de 2013, une série d’interventions (plaidoyer, renforcement des capacités, sensibilisation)  stratégiques auprès des acteurs-clés du processus électoral tels Elections Cameroun (ELECAM), organisme en charge des élections, les Partis politiques, le Gouvernement, les médias, les leaders traditionnels et religieux, les femmes candidates, l’opinion publique pour une augmentation significative et visible de la représentativité et de la participation des femmes dans les instances de décision. 

« Quand on a mis en place More Women in Politics, il y a sept ans, je n'aurais pas cru qu'un jour on atteindrait de tels résultats! » dit Josephine Odera, Directrice régionale d’ONU Femmes. « Je suis ravie et rassurée que le partenariat d’ONU Femmes avec les autorités Camerounaises, les femmes et la société civile n’a pas été en vain. Le seuil de 30 pour cent est franchi ! On ne peut que faire mieux ! »

L’adoption d’une loi en avril 2012 portant sur le Code électoral du Cameroun, modifiée et complétée par une loi en décembre 2012 a fait de la prise en compte du genre une exigence légale dans la constitution de toutes les listes de candidatures aux élections municipales, législatives, régionales et sénatoriales. 

De manière permanente, l’expert « genre et élections » d’ONU Femmes entretient des rencontres, des échanges sur tout projet d’ELECAM impliquant la prise en compte de la dimension genre dans l’ensemble du processus électoral et des échanges documentaires. Dans le prolongement de ce travail, et pour une grande première, le Conseil électoral d’ELECAM a rejeté sur les 250 listes de candidats présentés par 38 partis politiques, le Conseil Electoral d’Elections Cameroon 48 listes qui ne remplissent pas les conditions requises par la loi. Et sur ces 48 listes de candidats, 20 ont été rejetés pour non respect du genre.

Les résultats sont claires et historiques mais pour Mme. Odera, le travail doit continuer dans une double direction : sur le plan institutionnel avec l’adoption de mesures spécifiques afin de donner définitivement à l’égale participation des hommes et des femmes dans le processus électoral, une assise légale ou constitutionnelle et non seulement volontaire ; et sur le plan de renforcement des capacités institutionnelles et managériales des femmes élues députées, afin qu’elles puissent en toute responsabilité assumer les charges qui leur sont dévolues.