Discours de Michelle Bachelet lors de la Journée de consultation du Forum ONG-CSW

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Discours de Michelle Bachelet, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU Femmes, lors de la Journée de consultation du Forum ONG-CSW, à New York, le 3 mars 2013

[Seul le texte prononcé fait foi.]

Je suis ravie de me trouver ici une fois encore pour prendre la parole devant la communauté des organisations non gouvernementales dans son ensemble, en cette veille du début officiel de la 57e session de la Commission de la condition de la femme.

Je suis honorée de l’occasion qui m’est donnée de rencontrer tant de femmes et d’hommes qui ont fait de la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes l’ambition de leur vie. Votre énergie et votre dévouement sont véritablement facteurs d’inspiration.

Permettez-moi de commencer en remerciant la Présidente du Comité des ONG sur la condition de la femme de New York, Mme Soon-Young Yoon. C’est également un grand honneur de parler en cette même occasion devant la lauréate du Prix Nobel de la Paix, Tawakkol Karman. Cette dernière est en effet le courageux visage de la révolution, une femme qui lutte pour les changements au sein de la société.

C’est la troisième fois que j’ai l’occasion de m’adresser à cet important organe avant que ne débute la Commission de la condition de la femme.

Je veux commencer par souligner que cet engagement enthousiaste de la société civile donne le ton des deux semaines à venir. Il est temps de passer à l’action. La discrimination et la violence à l’égard des femmes et des filles n’ont pas leur place au XXIe siècle. Mais le changement est possible, et il se produit.

Au niveau mondial, nous avons été témoins de nombreuses réalisations majeures, et même notables, en faveur de l’égalité des sexes. Le Président des États-Unis vient de signer une nouvelle Directive pour renforcer le travail visant à promouvoir l’égalité des sexes dans le monde. Le 11 octobre 2012, la toute première Journée internationale de la fille a été lancée et célébrée. Deux femmes ont été élues Présidentes, au Malawi et en République de Corée, et l’Union africaine a élu sa toute première Présidente.

Hélas, les récits positifs comme ceux-ci ont été souvent relégués au second plan par des affaires de violations persistantes et graves des droits fondamentaux des femmes et des filles. Dans les pays à travers le monde, les femmes et les filles continuent d’être vicieusement attaquées, violées et tuées.

On peut pourtant tirer la conclusion, y compris de ces horribles événements, que les choses sont en train de changer, que l’indifférence diminue et que des voix se font entendre pour dire : ça suffit !

Le mouvement prend de l’ampleur, et nous pouvons entendre résonner l’écho de cet appel à l’action au sein de la population et dans les milliers d’organisations de la société civile des communautés, villes et pays à travers la planète. Les femmes, les hommes et les jeunes sont descendus dans la rue en brandissant des pancartes qui demandaient « Où est la justice ? » et en poussant des cris de ralliements qui disaient « Réveillez-vous ! ».

Ils ont affirmé leur solidarité envers une fille pakistanaise sur qui on a tiré parce qu’elle défendait le droit à l’éducation ; ils se sont engagés à rendre justice à des jeunes femmes en Inde et en Afrique du Sud, qui sont décédées après avoir été brutalement violées ; et ils ont exigé qu’il soit mis fin aux affaires incessantes de viols et de violences qui menacent la vie d’innombrables femmes et filles sans jamais faire la une des journaux.

Cet appel a raisonné autour du monde le 14 février, lorsque d’innombrables personnes ont quitté leurs bureaux, leurs foyers, leurs boutiques, afin de se réunir, de se lever et de danser dans le cadre de la campagne « Un milliard de personnes se lèvent », dans un acte de défiance contre le silence, l’indifférence et l’injustice.

C’est un euphémisme de dire que le thème prioritaire de la 57e CSW, l’élimination et la prévention de toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des filles, tombe à point nommé.

Le monde ne peut se permettre d’assumer les coûts de la violence à l’égard des femmes et des filles. La violence doit cesser. Nous devons passer à l’action. Ne soyons pas dupes : il n’y aura pas de paix, de prospérité ou de progrès sans la pleine et égale participation des femmes. Tel est le message que je délivre, où que j’aille.

C’est ce message que j’ai fait passer lors des récentes consultations sur les inégalités organisées à Copenhague, où la discussion a porté sur rien de moins que l’avenir du développement durable. Grâce aux enseignements que nous avons tirés des objectifs du Millénaire pour le développement, il est finalement devenu clair que dans le monde de l’après-2015, la violence à l’égard des femmes et des filles sape tous nos efforts de développement.

Cette exclusion, cette discrimination et cette violence basées sur le genre est l’un des obstacles les plus importants auxquels nous soyons confrontés sur le plan de la promotion du développement durable.

À l’occasion de cette réunion, nous disons non à toutes les formes de violences à l’égard des femmes.
Non à la violence perpétrée par un partenaire intime,
Non au mariage précoce et forcé,
Non aux crimes commis au nom de l’honneur ou de la passion,
Non aux mutilations génitales féminines,
Non aux fémicides,
Non à la violence sexuelle,
Non au harcèlement sexuel,
Non à la traite,
Non à la violence tolérée par l’État, et
Non à la violence à l’égard des femmes dans les situations de conflits.

Aujourd’hui, jusqu’à 7 femmes sur 10 dans le monde déclarent avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles à un moment donné de leur existence. Et bien que 125 pays soient dotés de lois pénalisant la violence domestique, pour 603 millions de femmes, la violence domestique n’est toujours pas considérée comme un crime dans leur pays.

Aucun pays n’est épargné par cette violation des droits de l’homme, et chacun d’entre eux paie le prix de ces graves obstacles au développement de la société.

De nombreux développements positifs ont eu lieu sur le plan des cadres juridiques, dont beaucoup ont été favorisés par le soutien indéfectible de la société civile. Aujourd’hui, nous devons nous attaquer aux défis de l’application et de la responsabilité.

Nous espérons que cette CSW aboutira à des actions au niveau des promesses faites par les États, et des traités et accords internationaux qu’ils ont signés. Car les lois et les politiques ne valent même pas le papier sur lequel elles sont rédigées si elles demeurent lettres mortes.

Cette réunion internationale est la plus importante jamais organisée sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes. L’occasion nous est aujourd’hui donnée d’accomplir de véritables progrès, en faveur de l’adoption de nouvelles lois et politiques qui seront promulguées, appliquées, mises en œuvre et « popularisées ».

Et c’est grâce à cet appui de la société civile que les gouvernements nationaux entreprendront ces mesures et prendront en compte les groupes qui sont souvent laissés pour compte, tels que les femmes handicapées, vivant avec le VIH/ sida, autochtones et migrantes, les filles adolescentes et les femmes âgées.

Au moment où nous travaillons à réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement, il n’est pas acceptable de se contenter de gratter la surface. Nous devons aujourd’hui nous attaquer efficacement aux causes profondes de la violence à l’égard des femmes et des filles. C’est là où l’État doit assumer son rôle, mais aussi où la société civile est un partenaire indispensable.

Nous devons creuser en profondeur : aux niveaux de la culture patriarcale, des pratiques socioculturelles discriminatoires, de la répartition inégale du pouvoir social, culturel et économique et de la marginalisation économique des femmes. Nous devons promouvoir la sensibilisation et l’éducation, ainsi que l’engagement des hommes et des femmes. Je l’ai dit à de nombreuses reprises, et le redirai : nous devons faire participer les jeunes hommes et les garçons en tant que partenaires de nos efforts en faveur de l’égalité des sexes.

Lorsque nous avons mis en place ONU Femmes il y a plus de deux ans, nous avons fait de la violence à l’égard des femmes l’une de nos principales priorités. Et nous sommes pleinement conscients que cela exige un changement des attitudes et des normes culturelles profondément enracinées, ainsi que de réaliser des progrès vers l’égalité des droits, des chances et de la participation, notamment en matière de prise de décisions.

De quelle manière ONU Femmes travaille-t-il dans ce domaine ? Nous appuyons l’élaboration des lois, des plans nationaux d’action et des politiques ainsi que les programmes de renforcement des capacités et de formation. Nous fournissons des financements aux ONG et à la société civile, contribuons aux initiatives de plaidoyer et de sensibilisation, et appuyons les initiatives locales.

Par le biais du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les bénéficiaires mènent à bien des initiatives à petite échelle mais d’un grand impact sur le terrain. À ce jour, le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies a fourni plus de 86 millions de dollars américains à 351 initiatives dans 128 pays et territoires différents.

Notre mobilisation sociale et plateforme de plaidoyer « Dites NON – Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » a mobilisé et obtenu les signatures de Chefs d’État, de ministres et de parlementaires de plus de 70 pays. C’est également une plateforme permettant aux individus et aux organisations de faire connaître le travail qu’ils réalisent au sein de leurs communautés, depuis la sensibilisation locale jusqu’aux activités de plaidoyer en faveur d’une législation protégeant les femmes et les filles de la violence.

Avec l’UNICEF et ONU-Habitat, nous avons lancé un programme sur cinq ans, « Des villes sûres et accueillantes pour tous », en vue de promouvoir la sûreté des femmes et des filles dans les espaces publics. Nous travaillons avec les dirigeants locaux et les groupes de la société civile à prévenir et à réduire la violence ainsi qu’à mobiliser les groupes de femmes, et les défenseurs des jeunes et des enfants, en vue de façonner leur environnement urbain. Nous travaillons désormais dans plus de 20 villes autour du monde, et ce nombre continue de grandir.

Je souhaiterais également souligner qu’au mois de novembre dernier, j’ai lancé l’Initiative ENGAGEONS-NOUS d’ONU Femmes, qui appelle les gouvernements à mettre en œuvre des accords internationaux sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes et à s’engager en faveur de mesures nouvelles et concrètes pour mettre fin à cette violation des droits de l’homme qui touche tant de femmes à travers le monde, tout en renforçant la dynamique en faveur de la CSW et au-delà.

Du Togo à la République de Corée, en passant par l’Australie, la Turquie et la Pologne, quelque 40 pays ont pris des engagements nationaux clairs et applicables dans leurs pays, et nous espérons que davantage d’engagements seront pris dans les jours à venir.

ONU Femmes a appuyé les initiatives couronnées de succès déployées par une délégation de femmes militantes de la paix en vue de participer aux négociations de stabilisation politique au Mali en période de troubles politiques et humanitaires début 2012.

Et en Asie, un accord historique a été signé entre le gouvernement des Philippines et le Front de libération islamique Moro, qui prévoit de garantir aux femmes le droit à une participation politique significative et à une protection contre toutes les formes de violences.

Permettez-moi maintenant d’évoquer la manière dont nous renforçons notre partenariat avec les organisations de la société civile.

L’an dernier, j’ai lancé le Groupe consultatif mondial de la société civile. 13 groupes consultatifs de la société civile ont également été créés aux niveaux régional, sous-régional et national par ONU Femmes et la société civile.

Le premier groupe régional a été mis en place pour l’Amérique latine et les Caraïbes, suivi par l’Europe centrale et du Sud-Est. Au niveau sous-régional, des groupes des Caraïbes et du Pacifique ont été créés, et neuf pays ont leurs propres groupes consultatifs nationaux : le Brésil, le Cameroun, la Géorgie, l’Inde, le Kirghizistan, le Moldova, le Pakistan, le Tadjikistan et la République unie de Tanzanie. En 2013, ONU Femmes prévoit de créer au moins 13 nouveaux groupes consultatifs de la société civile autour de la planète.

Ces groupes consultatifs sont en voie de servir de forums dynamiques de dialogue et d’engagement, et je suis ravie du fait que près de la moitié des membres du Groupe mondial se trouveront parmi nous au cours de la session – comme ce sera aussi le cas pour quelque 20 membres d’autres groupes consultatifs de la société civile venant de la région d’Europe centrale et du Sud-Est, de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, du Cameroun, de l’Inde et du Brésil.

Je compte sur leur ingéniosité, leur engagement et leur influence pour bâtir des ponts entre les parties prenantes, stimuler les membres et faciliter le partage d’informations au cours de la session. Je me réjouis à l’avance de notre engagement au cours de la session et ultérieurement, au cours de l’année.

ONU Femmes a également appuyé la création d’un certain nombre de nouveaux Comités régionaux ONG-CSW. Nous sommes reconnaissants à ces comités et à leurs partenaires pour les précieuses contributions qu’ils ont déjà apportées aux discussions de la CSW 57, par le biais des documents de consultation qu’ils ont produits et partagés avec ONU Femmes et le Bureau de la CSW.

L’an dernier, plus de 2 000 représentants des ONG issus de 429 organisations ont participé à la session annuelle de la Commission de la condition de la femme. Mais en dépit des échanges stimulants et des initiatives des États membres et des ONG, il n’a pas été possible d’adopter de conclusions, ce qui a été très décevant.

Cette année, le nombre des ONG est plus important, et les attentes en faveur de résultats importants sont élevées. À ONU Femmes, nous connaissons la valeur de la pleine participation de la société civile à ces sessions et à d’autres sessions importantes.

C’est la raison pour laquelle j’ai contacté les responsables de délégations, en vue de veiller à ce qu’ils intègrent des représentants de la société civile au sein de leurs délégations gouvernementales au cours de la CSW de cette année. ONU Femmes est déterminée à constituer des alliances avec ces organisations attachées à faire changer la vie des femmes.

Cette année, nous espérons que la Commission adoptera des conclusions concertées qui renforceront les normes et standards internationaux, et intègreront des actions concrètes pouvant être mises en œuvre pour prévenir et mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles sous toutes ses formes.

Nous sommes fermement convaincus que les politiques doivent être enrichies par les expériences des rescapées, et que les mesures d’autonomisation économique doivent être une partie essentielle des stratégies d’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles.

La question de la violence à l’égard des femmes et des filles est d’une immense complexité, et exige notre pleine attention – rien de moins. ONU Femmes compte sur vous pour nous faire partager la mine de connaissances et d’expériences que vous pouvez apporter aux discussions sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles au cours des manifestations parallèles et des tables-rondes organisées au cours de cette session. Cela est crucial pour aboutir à des résultats progressistes.

Pour ma part, je demeure engagée en faveur du renforcement de la relation entre ONU Femmes et la société civile. Je demeure attachée à la conception et à l’élaboration de moyens permettant d’avancer sur les questions de préoccupation et d’intérêt communs – ensemble. Je continuerai de travailler à élargir les espaces afin que la société civile puisse participer aux réunions et programmes des Nations Unies.

Vers la fin de l’an passé, au cours du Forum des parties prenantes organisé par ONU Femmes, nous avons entendu de vive voix les témoignages des femmes rescapées de la violence. Elles ont indiqué très clairement que nous ne devons pas ignorer leurs voix et leurs expériences. Elles veulent participer à la solution, et elles se tournent vers les Nations Unies pour que soient élaborées des politiques fermes, à plusieurs volets et efficaces.

Dans l’avenir, nous avons désormais l’opportunité unique de donner un caractère prioritaire à l’égalité des sexes et de façonner le programme de développement pour l’après-2015 sur la base des principes d’inclusion, de justice et d’égalité.

Les inégalités sont, et continueront d’être, le défi principal de notre siècle. Les inégalités entre les hommes et les femmes, entre les personnes fortunées et marginalisées, et même celles qui existent entre les pays et les régions, ont un impact perturbateur que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer.

Comme je l’ai mentionné, au cours des quelques mois passés, la communauté internationale a été impliquée dans un processus de consultation mondiale sur le thème des inégalités et de l’avenir du développement pour l’après-2015.

Le rapport final des consultations sur la lutte contre les inégalités, codirigées par ONU Femmes et l’UNICEF, a été particulièrement instructif.

La démarche consistant à écouter et à impliquer la société civile, les organisations des droits de la femme et les individus de toute la planète, doit relever d’un processus continu et non pas d’un effort ponctuel.

Le dialogue et l’inclusion doivent toujours se voir accorder une place centrale lorsqu’on lutte contre les inégalités. La participation de la population au développement ne doit pas être considérée comme une formalité procédurale, c’est notre devoir collectif.

Les gens ne sont pas des bénéficiaires, ce sont des partenaires du développement. Sans eux, nous ne pouvons pas élaborer, et encore moins mettre en œuvre, un nouveau programme de développement. La pleine participation des femmes est essentielle si nous voulons faire de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes une priorité pour l’après-2015.

Le programme pour l’après-2015 devra s’appuyer sur un nouveau contrat social entre les États et les citoyens, qui donne priorité à l’inclusion, à l’égalité et à la participation démocratique. Il devra être basé sur un système de gouvernance mondial plus juste, qui ne tolère pas les pratiques injustes et les inégalités profondément enracinées.

L’égalité des sexes doit être une priorité dans le nouveau programme de développement mondial. Seul cet objectif permettra de remplir la promesse d’un monde plus équitable, plus inclusif, pacifique et durable.

Mesdames et Messieurs,

La Journée internationale de la femme est imminente. Cette journée donne l’occasion de célébrer toutes les avancées que nous avons réalisées en faveur de l’avènement d’un monde où l’égalité des sexes est la règle et non l’exception.

Les réalisations dont nous pouvons nous sentir fiers sont nombreuses. Une fille née aujourd’hui aura toutes les chances de vivre et de grandir dans un monde qui est plus conscient de ses capacités et de sa valeur. Elle aura de meilleures opportunités d’étudier, de travailler, d’exprimer son opinion, qu’une fille née il y a ne serait-ce qu’un demi-siècle. Elle aura plus de chances de pouvoir participer à l’édification et au combat pour un monde plus équitable, juste et pacifique.

Mais notre travail est loin d’être achevé, car cela n’est pas vrai pour toutes les filles nées dans ce monde.

Voilà pourquoi la Journée internationale de la femme doit également être le moment de réfléchir à ce qui doit continuer d’être fait. Il doit être le moment de contempler les défis qui nous attendent, et de regrouper et de planifier nos prochaines étapes. C’est le moment d’aller de l’avant.

La bonne nouvelle est que la violence à l’égard des femmes et des filles n’est pas inévitable. La violence à l’égard des femmes et des filles peut être prévenue.

Vous et moi savons que nous avons tous la responsabilité d’en finir avec notre monde de violence, et que, à cet égard, l’importance de votre rôle en tant que société civile ne saurait être assez souligné.

Tawakkol Karman, qui nous honore de sa présence aujourd’hui, a souligné au cours de son discours lors de la remise de son prix Nobel : « J’ai toujours été convaincue que la civilisation humaine est le fruit de l’effort des femmes comme des hommes. Ainsi, lorsque les femmes se voient traiter de manière injuste ou privées de leur droit naturel dans le cadre de ce processus, toutes les déficiences sociales et les maladies culturelles se révèlent, et, en fin de compte, la communauté dans son ensemble, hommes et femmes, en pâtit ».

Elle a poursuivi en disant qu’ « on ne peut résoudre les questions intéressant les femmes que dans une société libre et démocratique, dans laquelle l’énergie humaine est libérée, l’énergie des femmes comme celle des hommes ».

J’emprunte ses mots aujourd’hui, non seulement parce que je les trouve véritablement facteurs d’inspiration, mais aussi parce que ce sentiment se trouve exactement au cœur de nos efforts en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, et d’une vie exempte de violence pour tous.

C’est exactement ce que nous devons faire : associer les énergies des hommes et des femmes pour transformer notre monde. Ce n’est qu’alors que nous pourrons parler de progrès. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons assurer un développement basé sur l’inclusivité et l’égalité. La vérité, c’est que soit nous trouverons toutes et tous un moyen vers le développement, soit nous échouerons tous dans cette tentative.

Je veux vous remercier tous, vous qui êtes réunis ici aujourd’hui, de votre travail acharné au fil des années. Je sais que beaucoup des réalisations dont nous sommes si fiers aujourd’hui ont été rendues possibles par vous et d’autres comme vous : des personnes dévouées, engagées en faveur des valeurs de justice, de démocratie, de paix et d’égalité.

Vous vous trouvez ici aujourd’hui car vous estimez qu’aucun pays ne peut promouvoir une croissance et une égalité inclusives sans protéger les droits fondamentaux des filles et des femmes à vivre à l’abri de la violence et de la discrimination.

Vous vous trouvez ici car la protection de nos avancées exigera le plein appui des gouvernements et de l’autorité de la loi pour protéger les progrès si chèrement acquis en faveur de l’égalité des sexes.

Et vous êtes ici car ce sont vos voix qui feront avancer nos efforts collectifs. Car ensemble, nous pouvons faire de ce siècle celui de l’inclusion pour les femmes.

Le changement est possible. Le changement arrive. Et je suis fière de prendre la parole aujourd’hui et de savoir que nous y participons tous.
Merci beaucoup.