Communiqué de presse : Les progrès réalisés par les femmes dans les médias sont stoppés

Après 20 ans de recherches dans 114 pays, on constate une sérieuse disparité entre les représentations des femmes et des hommes dans les médias d'information.

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Le rapport intégral peut être consulté sous http://whomakesthenews.org/gmmp/gmmp-reports/gmmp-2015-reports

Selon la cinquième étude – qui est en même temps la plus vaste – sur la manière dont les femmes sont présentées dans les médias d'information, le progrès vers l'égalité des genres dans ce domaine s'est pratiquement arrêté net.

L'ensemble des conclusions du rapport du Projet mondial de monitorage des médias (GMMP), publié le 23 novembre 2015, montrent que dans le monde entier, les femmes constituent environ 50 pour cent de la population, mais seulement 24 pour cent des personnes entendues, vues ou faisant l'objet de nouvelles dans les journaux, à la télévision et à la radio sont des femmes, ce qui représente exactement le même taux que dans le rapport de 2010.

La relative invisibilité des femmes dans les médias d'information traditionnels se retrouve dans les médias numériques. Seuls 26 pour cent des personnes figurant dans les nouvelles diffusées sur Internet et les "tweets" sont des femmes.

Le GMMP est un projet de l'organisation de défenses des médias WACC (Association mondiale pour la communication chrétienne) avec le soutien d'ONU Femmes. La première enquête sur l'image des genres donnée dans les médias d'information a été réalisée en 1995, puis tous les cinq ans après cette date. GMMP 2015 constitue la plus vaste entreprise mondiale de recherche et de défense portant sur l'égalité des genres dans les médias. ONU Femmes a soutenu cette entreprise à deux reprises consécutives.

« Les médias ont la possibilité de faciliter plus rapidement et de manière plus approfondie l'égalité des genres et les progrès des femmes – ou au contraire d'y faire obstacle. Ce rapport doit résonner comme un appel pour réveiller les entreprises de médias et les salles de rédaction. La discrimination fondée sur le genre prive la couverture médiatique de l'équilibre et de l'autorité que la diversité des perspectives lui apporterait », déclare Phumzile Mlambo-Ngcuka, Sous-secrétaire générale des Nations Unies et Directrice exécutive d'ONU Femmes. « Les manières dont les femmes sont présentées dans les médias ont un effet considérable sur les attitudes de la société et renforcent les rôles traditionnels des genres. Les femmes et les jeunes filles représentent la moitié de l'humanité. Le fait d'accorder la même durée et le même poids aux nouvelles qui les concernent, en les présentant comme des modèles à suivre et non pas comme des victimes, contribuerait, dans une mesure dont on n'a pas suffisamment conscience, à créer pour toutes et tous et monde meilleur et plus libre ».

« Le Rapport GMMP 2015 a examiné la visibilité, les possibilités d'expression et les mentions des femmes et des hommes dans les médias d'information et constaté que le sexisme subsiste depuis des décennies, par-dessus toutes les frontières géographiques; il s'adapte aux formes de médias émergentes et prospère dans tous les espaces où on produit et diffuse des informations », déclare Sarah Macharia, Coordinatrice du GMMP au niveau mondial.

Les résultats de l'étude tels qu'ils seront publiés mettent l'accent sur la nécessité urgente d'abolir le sexisme dans les médias d'ici à 2020.

« De nombreuses conclusions détaillées du Rapport GMMP 2015 peignent un tableau où l'inégalité des relations de pouvoir entre les genres est fermement ancrée et acceptée et où les stéréotypes de genre sont reproduits et renforcés par les médias d'information dans le monde », déclare Margaret Gallagher, Spécialiste des médias et du genre, dans sa préface au Rapport.

Karin Achtelstetter, Secrétaire générale de la WACC, déclare : « Les informations et les médias qui les diffusent constituent des forces efficaces qui contribuent à la manière dont les gens considèrent leur société et eux-mêmes, agissent – chez eux, à l'école, au travail – et opèrent leurs choix politiques. »

Elle continue : « Le fait est que l'image que le journalisme quotidien donne des femmes ne reflète pas leur contribution à la société. Il faut des efforts concertés et un engagement de la part des entreprises de médias, des institutions de surveillance et de formation et de la société civile pour améliorer le niveau professionnel et indiquer avec autorité ce qui constitue la liberté d'expression. »

Autres conclusions importantes :

  • D'une manière générale, actuellement les femmes risquent deux fois plus souvent d'être montrées comme des victimes qu'il y a 10 ans (soit 16% et 8%).
  • Il existe un plafond de verre à l'échelle mondiale auquel se heurtent les reporters femmes dans le domaine de l'information: 37% des informations sont rédigées par des femmes, soit la même proportion qu'il y a 10 ans.
  • Les femmes transmettent 5% plus d'informations en ligne – 42% au total – que dans l'ensemble des médias traditionnels.
  • La manière dont les informations parlent des femmes ne donne pas une image fidèle: à l'échelle mondiale, les femmes occupent environ 42% des postes rétribués, tandis qu'une large proportion travaille dans le secteur parallèle, notamment dans l'hémisphère sud. Pourtant, si on en juge par le contenu des informations, seuls 20% des employés officiels seraient des femmes, tout comme 67% des personnes sans emploi et des parents restant à la maison.
  • Si on considère les six rôles dans lesquels les gens apparaissent dans les émissions d'information, le plus grand progrès en matière de comblement du fossé entre les genres a eu lieu au niveau des gens qui témoignent de leurs expériences. Les femmes représentent 38% des personnes apportant un témoignage personnel, contre 31% en 2005.
  • Les sources d'informations sont souvent masculines et font une large place à certains types – hommes politiques et milieux proches des hautes sphères gouvernementales – très présents dans tous les genres de nouvelles, qu'il s'agisse d'"experts" ou de témoignages de "gens de la rue".
  • On constate des différences régionales marquées au niveau de la présence des femmes dans les informations en général. L'Amérique du Nord maintient sa position avec le fossé des genres le plus étroit (36%), tandis que c'est au Moyen-Orient qu'il est le plus large (18%). L'Amérique latine a fait le plus grand effort pour combler ce fossé au cours des 20 dernières années, passant de 19% en 2005 à 29% en 2015.
  • Alors qu'en 2010 on constatait un quasi-équilibre des âges au niveau des présentateurs/trices de télévision, les jeunes femmes sont maintenant clairement surreprésentées. Mais la grave sous-représentation actuelle (29%) des femmes entre 50 et 64 ans et la disparition totale de celles de plus de 65 ans est incontestable.

Le texte intégral du Rapport et des résumés en anglais, français, espagnol, ainsi que les rapports régionaux et nationaux sont disponibles sur le site

http://whomakesthenews.org/gmmp/gmmp-reports/gmmp-2015-reports

Pour plus d'informations, consultez www.whomakesthenews.org ou adressez-vous à Sara Speicher, ss@waccglobal.org, +44 7821 860 723 ou +44 7985 276 515.

Informations sur le contexte:

Le GMMP constitue la plus vaste entreprise mondiale de recherche et de défense sur l'égalité des genres dans les informations. Le Rapport 2015 rassemble les données de 114 pays et propose une analyse et des études de cas aux niveaux mondial, régional et national, y compris les tendances décelées depuis la réalisation du premier GMMP en 1995. Cette année-là, on avait rassemblé des données dans 71 pays. Ce chiffre n'a cessé d'augmenter pour tous les autres GMMP (en 2000, 2005, 2010 et 2015).

Le GMMP est coordonné par l'Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC), réseau mondial voué à la promotion de la communication en vue de la justice sociale et du développement durable, qui travaille avec des gens de toutes religions ou sans attache religieuse. Le monitorage mondial des médias est réalisé avec la collaboration d'organisations de défense des droits des femmes, de groupes de la base, d'associations de médias, d'organisations liées aux religions, d'étudiant-e-s d'universités et de chercheurs/euses du monde entier.

Chaque groupe de monitorage a été formé à suivre une méthodologie spécifique pour examiner et coder les informations diffusées à une date précise. En 2015, il s'agissait du 25 mars.