Où je me tiens : « Ils disaient qu’une femme ne pouvait pas se présenter aux élections… je leur ai donné tort »

Coumba Diaw est la seule femme à occuper la fonction de maire dans la région de Louga au Sénégal. Sa jeunesse a été marquée par une rhétorique interdisant aux femmes de participer à la vie publique et politique. Mais elle ne s’est pas arrêtée à cela. Aujourd’hui, elle sensibilise les autres élus à l’importance du leadership des femmes.

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Coumba Diaw. Photo : ONU Femmes/Assane Gueye.
Coumba Diaw. Photo : ONU Femmes/Assane Gueye.

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Ils disaient qu’une femme ne pouvait pas se présenter aux élections. Ils disaient qu’une femme veuve ne pourrait pas être maire… qu’une femme ne disposait pas des compétences pour gérer une collectivité.

Je leur ai tous donné tort.

Je suis née dans une famille conservatrice. Rien [dans mon profil] ne me destinait à entrer en politique. À l’âge de 14 ans, j’ai été obligée de quitter l’école pour me marier. Pendant presque 30 ans, j’ai été une femme au foyer, conformément à ce qui était attendu de moi. Mais j’étais convaincue que je pouvais changer le cours de ma destinée. Les femmes de mon pays qui ont été des pionnières dans leurs métiers ont été une source d’inspiration pour moi — par exemple Leyti Ndiaye, qui a été maire de Linguère, et Aminata Mbengue Ndiaye, ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille de 1994 à 2000. Je me suis lancée en politique en 1998.

Dans mon premier poste d’agent sanitaire, j’ai sensibilisé les femmes aux questions d’hygiène et de santé reproductive. J’ai aussi travaillé sur différents projets visant à créer des activités génératrices de revenus pour les femmes en milieu rural. J’étais proche des communautés et leur faisait prendre conscience de l’importance de la participation des femmes dans la vie publique et politique. J’ai ainsi gagné la confiance des gens qui m’ont élue en tant que maire de Sagatta Djoloff.

En tant que femme maire, je sais que je dois être un modèle d’inspiration pour d’autres femmes. Je sais aussi que je ne dois pas décevoir celles et ceux qui ont placé en moi leurs espoirs. L’une de mes premières interventions a été d’installer des fontaines d’eau potable dans 33 des 43 villages qui composent la collectivité de Sagatta Djoloff. Cela a permis aux femmes de regagner le temps qu’elles passaient auparavant à chercher de l’eau dans des puits éloignés. J’ai aussi mis en place un marché hebdomadaire pour que les femmes puissent accroître leurs revenus.

Les formations sur l’égalité des sexes d’ONU Femmes dont j’ai bénéficié m’ont permis de prendre confiance en mes capacités et d’assumer mes responsabilités. J’ai récemment terminé une formation sur le leadership des femmes et la gouvernance locale. Je présenterai cette formation à l’ensemble des élus de ma région pour qu’eux aussi se rendent compte de la valeur qu’apporte la participation des femmes à la vie publique et encouragent leur leadership au sein des institutions. »


ODD 5 : Égalité entre les sexes

Coumba Diaw, 48 ans, a su lever de nombreux obstacles culturels pour se lancer en politique. Elle est désormais la seule femme maire de la collectivité de Sagatta Djoloff dans la région de Louga au Sénégal, qui compte 54 autres municipalités, toutes dirigées par des hommes. Coumba Diaw a six enfants — quatre filles et deux garçons — âgés de 14 à 30 ans. Son parcours démontre le grand potentiel de leadership à la disposition des femmes et est lié aux Objectifs de développement durable, en particulier l’ODD n° 5, qui appelle au leadership et à la participation des femmes à tous les niveaux de prise de décision, y compris en politique.

Consultez plus de témoignages dans la série « Où je me tiens... ».