Les centres communautaires assurent des services essentiels de protection, de prévention et d’accompagnement au profit de femmes et de filles vulnérables en Jordanie.

Dunya Khalil et Basma Hamed* sont deux victimes de la violence domestique. Vivant dans des zones rurales et ne disposant que de moyens de subsistance limités tout en ayant à nourrir leurs enfants, elles ont trouvé un accueil et une aide psychosociale au centre pour femmes et jeunes filles d’Ajloun, géré par l’Institut de santé familiale et ONU Femmes avec le soutien généreux du gouvernement du Japon.

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Dunya, 21 ans, est l’une des 3 000 jeunes femmes qui ont bénéficié d’une assistance en compétences de vie et de services de protection au centre pour femmes et jeunes filles d’Ajloun, en Jordanie. Photo : ONU Femmes/Andre Pain

À l’âge de 21 ans, Dunya Khalil* a quitté son mari pour fuir chez les siens à Ajloun. « Je me suis mariée quand j’avais 17 ans. Après sept mois de mariage, ne pouvant plus supporter les brutalités, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis enfuie. » À ce moment-là, elle était déjà enceinte.

Khalil espérait commencer une nouvelle vie mais n’avait personne vers qui se tourner, avant de découvrir le centre pour femmes et jeunes filles géré par l’Institut de santé familiale à Ajloun avec le soutien d’ONU Femmes. Cet établissement offre des services de protection, de prévention et d’accompagnement à des femmes et à des jeunes filles victimes de situations de violence. Khalil a souhaité participer aux rencontres d’assistance prénatale et d’aide psychosociale offertes par le centre.

« Une nouvelle perspective de vie s’est ouverte à moi après quelques séances de conseils psychosociaux, » affirme-t-elle.

 Le centre tient régulièrement différents ateliers visant à équiper des femmes en compétences pratiques et à leur donner les moyens de s’engager dans la vie de leur communauté. Khalil ne tarda pas à s’inscrire à l’atelier d’artisanat, qui lui a apporté un apprentissage lui permettant de vendre des produits au sein de sa communauté. « Aujourd’hui, j’entrevois un avenir pour mon enfant et moi-même. » Situation partagée par de nombreuses victimes de violences, il était essentiel pour Khalil de trouver le moyen économique de subvenir à ses besoins.

Le récit de Khalil est donc loin d’être unique. En Jordanie, 24 pour cent des femmes du groupe d’âge de 15 à 49 ans ont été victimes d’actes de violence physique et/ou sexuelle au moins une fois dans leur vie [1].

Basma Hamed*, 55 ans, en a fait les frais pendant des années avant de rechercher l’aide du centre. Elle avait lutté contre la dépression pendant cinq ans après avoir perdu son fils dans un tragique accident. Avec cinq enfants et un mari violent, Hamed avait perdu tout espoir.

Un jour, une femme ayant bénéficié des services du centre a persuadé Hamed de s’y rendre avec elle pour une journée. « J’ai aussitôt eu le sentiment d’avoir trouvé un nouveau chez-moi », dit-elle. Peu après, elle a entamé une thérapie hebdomadaire avec un psychologue.

Basma Hamed, Dunya Khalil et de nombreuses autres femmes à Ajloun ont suivi les ateliers de compétences pratiques et de création de capacités proposés par le centre.

Aujourd’hui, Hamed vend chaque matin un assortiment de savons artisanaux et de sandwiches à son marché local. « J’ai le sentiment de réaliser le travail de 20 hommes en une seule journée et j’en suis fière ! »

Elle continue chaque semaine de voir un psychologue au centre. « J’ai compris toute l’importance de l’épanouissement intérieur », explique-t-elle. « Remplir ma journée de choses positives a eu un effet non seulement sur ma vie, mais également sur ma famille. Être en mesure de soutenir mes enfants financièrement m’a donné une grande satisfaction, mais pouvoir leur apporter les moyens de progresser vers un avenir meilleur a été un rêve exaucé. »

Avec le soutien généreux du gouvernement du Japon dans le cadre du programme « Leadership, Autonomisation, Accès et Protection des Femmes (LEAP) », ONU Femmes s’est associée avec l’Institut de santé familiale dans la mise en place de services cruciaux en matière de prévention de violences sexuelles et sexistes et de services d’accompagnement. Le centre assure également des services de conseil en santé et planification familiales. Situé dans le gouvernorat d’Ajloun et Jarash, dans le nord de la Jordanie, le centre touche plus de 6 000 femmes chaque année.

« Les centres communautaires jouent un rôle vital en assurant des services multisectoriels de protection grâce auxquels des femmes et des jeunes filles peuvent trouver un lieu sûr pour recevoir une aide psychosociale et rompre le cycle du silence », a déclaré Ziad Sheikh, représentante pays d’ONU Femmes en Jordanie, lors d’une récente visite au centre d’Ajloun. « ONU Femmes s’attaque aux multiples facettes de la violence basée sur le genre par une approche holistique de concert avec ses partenaires, veillant à combiner la formation à des compétences et la sensibilisation dans le but d’autonomiser des femmes et des jeunes filles. »

Dunya Khalil et Basma Hamed continuent de se rendre régulièrement au centre afin d’y assister à des séances d’aide psychosociale et de se réunir avec leurs nouvelles amies. Les deux femmes cherchent toutes deux à améliorer leurs vies, à développer leur activité économique et à inspirer d’autres femmes à suivre leur exemple. 

*Les noms ont été changés afin de protéger l’identité des victimes.

Notes

[1] Département statistique [Jordanie] et ICF International, 2013. Enquête sur la démographie et la santé familiale en Jordanie, 2012. Calverton, Maryland, États-Unis : Département statistique et ICF International, par l’intermédiaire de la Base de données mondiales d’ONU Femmes sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes.