Où je me tiens : « La participation des jeunes femmes à la consolidation de la paix permettra d’instaurer une paix durable »

À 32 ans, Susan Sebit, originaire du Soudan du Sud, est une avocate accomplie. Elle milite pour la protection des femmes et des enfants contre la violence et pour la mise en œuvre des cadres mondiaux adoptés en faveur des droits des femmes, de la paix et de la sécurité.

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Susan Sebit poses for a photo. Photo: UN Women/Jodie Mann
Susan Sebit. Photo: ONU Femmes/Jodie Mann

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Comme de nombreux autres pays en Afrique et ailleurs, le Soudan du Sud a été en proie aux conflits.

Il est primordial que les femmes participent au processus de paix et à la consolidation de la paix, car elles sont particulièrement touchées par les conflits. Elles sont non seulement victimes de violences sexuelles, mais elles sont également forcées de se déplacer. Elles voient disparaître leurs maris et leurs fils et doivent donc assumer la charge de leur famille. Mais lorsque les protagonistes du conflit se réunissent, les femmes ne font guère partie de leurs préoccupations. Les questions qui les concernent et celles liées au genre ne figurent pas en priorité dans l’ordre du jour.

Et lorsque la situation des femmes est évoquée, ce sont toujours les femmes âgées qui prennent la parole. Or, les jeunes femmes aussi ont à faire face à de grandes difficultés, mais elles ne sont pas prises en compte. Elles s’entendent dire : « Vous êtes jeunes, qu’est-ce que vous y connaissez ? ». Les programmes d’action des jeunes pour la paix et la sécurité n’incluent pas toujours les femmes, si bien qu’elles [les jeunes femmes] restent invisibles. Ces programmes sont dirigés par des hommes qui n’accordent aucune place aux jeunes femmes.

Mais au Soudan du Sud, la voix des femmes, y compris celle des jeunes femmes, a été entendue. Une coalition regroupant 40 organisations de femmes [la Coalition des femmes du Soudan du Sud pour la paix et le développement] a été créée, et ONU Femmes a soutenu sa participation aux pourparlers de paix. Grâce à cette coalition, une place leur a été faite et une aide financière accordée pour pouvoir participer à ces rencontres pour la paix. Leur présence leur a permis de défendre les questions les concernant. Mais il ne s’agissait pas seulement de femmes de l’opposition ou de femmes du gouvernement, il s’agissait de toutes les femmes du Soudan du Sud.

C’est grâce à ces femmes que l’accord de paix contient des dispositions les favorisant (tels l’établissement d’un quota de 35 % de femmes au sein du gouvernement de transition et l’octroi d’un soutien financier destiné aux survivantes de violences sexuelles liées au conflit et à leur récupération).

Cette Coalition est dirigée par des jeunes femmes. Elles ont été les premières à réfléchir et à comprendre le contexte du conflit actuel ; elles ont fait preuve d’innovation. Lorsque les jeunes femmes ont pris place [à la table des négociations], [certaines] femmes plus âgées ont pensé que cette place revenait aux hommes et que cela compromettait leur sécurité. Leur présence a conduit à remettre en cause les normes traditionnelles.

Je pense que la participation des jeunes femmes au processus de consolidation de la paix permettra d’instaurer une paix durable, car elles savent comment résoudre ces difficultés. »



ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces

Susan Sebit est membre du programme Cora Weiss pour la consolidation de la paix mis en œuvre par le Réseau mondial des femmes pour la paix (GNWP), et cofondatrice de l’Alliance nationale des femmes avocates du Soudan du Sud. Elle milite activement pour l’accès des femmes à la justice et pour les droits de l’enfant, ainsi que pour la participation des femmes à tous les niveaux de gouvernance et de leadership. En octobre 2018, Susan Sebit a participé à un événement organisé par ONU Femmes en marge du Débat ouvert annuel du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité, l’occasion pour elle et d’autres jeunes femmes activistes de partager leur vécu.