Je suis de la Génération Égalité : Natalie Robi Tingo, mobilisatrice communautaire dans la lutte contre les mutilations génitales féminines

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Je suis la Generation Egalite
Natalie Robi Tingo. Photo: Jenny Riva.
Natalie Robi Tingo. Photo: Jenny Riva.

Je suis de la Génération Égalité parce que...

« Pourquoi nous dit-on quand nous sommes petites qu’en étant excisées, nous apportons de l’honneur ? Ce n’est pas vrai. C’est très douloureux, certaines filles en meurent. Ou alors, nous sommes mariées. En fait, nos vies nous sont volées. 

Trois actions possibles pour participer à la Génération Égalité :

  • Comprendre que la responsabilité incombe à chacun et chacune de mettre fin aux MGF et aux autres formes de violence contre les femmes. Assumer cette responsabilité.
  • Soutenir les mouvements de base au niveau communautaire ; c’est là que le changement réel se produit.
  • Icon- a girl raises her arm
  • Adopter une approche intersectionnelle envers les défis auxquels sont confrontées les communautés.

Je suis née dans la communauté des Kuria. En grandissant, j’ai été confrontée aux mêmes défis que les autres filles de la communauté. J’apportais les serviettes hygiéniques que j’avais en trop et je les donnais à des filles à l’école. Petit à petit, quelques filles ne sont plus venues à l’école. Après avoir subi une mutilation génitale, elles étaient mariées de force.

J’étais en colère contre ma communauté, en colère parce qu’en fait, ceux qui étaient censés protéger les enfants les maltraitaient. Il fallait que je fasse quelque chose.

Je comprends la douleur des survivantes, étant moi-même une survivante d’abus sexuels. Je sais ce que cela signifie quand quelqu’un nous apporte du réconfort.

Les MGF constituent une norme sociale profondément enracinée

Les MGF constituent une norme sociale chez les Kuria, tout comme la nécessité de frapper à la porte avant de rentrer chez quelqu’un. Si vous excisez votre fille, vous êtes récompensés. Les gens lui offriront des cadeaux, par exemple, ou abattront une vache pour festoyer.

Si vous ne le faites pas, il arrive que les enfants soient battus et que leurs mères soient chassées. Ceci, en soi, fait que la plupart des filles veulent se faire exciser. Elles ne veulent pas être l’exception ou être connues comme étant « non excisées ». On dit également que les MGF augmentent l’éligibilité au mariage, un mythe qui exerce beaucoup de pression sur les filles.

Étant la première fille née dans ma famille, il allait de soi que je serais excisée. [Comme] mes deux parents étaient éduqués, ma sœur et moi avons été épargnées.

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«Nous devons toutes militer pour les droits des filles.»


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La pandémie de COVID-19 a augmenté le nombre de filles à risque de MGF. La période d’excision, qui va normalement de novembre à décembre dans ma communauté, a commencé en octobre l’année dernière. Les gens étaient occupés à répondre à la pandémie, ce qui a détourné l’attention du bien-être des filles à risque de MGF – qui étaient également chez elles car les écoles étaient fermées.

De nombreuses familles ont fait exciser leurs filles à cause de la situation économique difficile. Les cadeaux offerts à leurs filles ont servi de source de revenus, tout comme la dot après le mariage forcé de leurs filles.

Autonomiser les filles pour changer leurs communautés

Dès leur tout jeune âge, on fait croire à de nombreuses filles que les MGF sont une obligation qu’elles ont envers leurs parents et envers la communauté. J’ai appris que, dès que les filles comprennent que ce qui leur arrive est inacceptable, elles sont capables de se défendre elles-mêmes et de sauver d’autres filles. C’est ce que j’ai constaté. Nous devons donc continuer de rassembler les voix des filles. 

Nous devons toutes militer pour les droits des filles… prendre soin l’une de l’autre et, dans ce cas, prendre soin des femmes et des filles les plus vulnérables. C’est ça la justice. »


Natalie Robi Tingo, 28 ans, est la fondatrice et la directrice exécutive de Msichana Empowerment Kuria, une organisation communautaire dirigée par des femmes dans les zones rurales du Kenya qui s’emploie depuis 2015 à mettre fin aux mutilations génitales féminines (MGF) en s’attaquant à ses causes profondes et en favorisant l’autonomisation des femmes et des filles.