Photoreportage : Un marché du travail en évolution dans un monde en évolution

Date: 28 February 2017

Thaïlande, 2015. Photo : ONU Femmes / Pornvit Visitoran. | Kenya, 2016. Photo : CIAT / Georgina Smith. | Liban, 2015. Photo : ONU Femmes / Joe Saad.
Thaïlande, 2015. Photo : ONU Femmes / Pornvit Visitoran. | Liban, 2015. Photo : ONU Femmes / Joe Saad. | Kenya, 2016. Photo : CIAT / Georgina Smith.

Le monde du travail évolue rapidement, en raison de l’innovation et de l’accroissement de la mobilité et de l’informalité. Mais cela ne suffit pas, il doit évoluer encore plus vite afin d’autonomiser les femmes, dont le travail a déjà contribué à l’échelle mondiale à un grand nombre de progrès au cours des dernières décennies.

Aujourd’hui encore, les femmes occupent principalement des emplois qui sont moins rémunérés et qui ne leur apportent pas d’avantages sociaux. Elles gagnent moins d’argent que les hommes, alors même que repose sur leurs épaules le lourd fardeau, essentiel sur le plan économique, du travail de soins et ménager non rémunéré.

L’autonomisation économique des femmes doit passer par un changement transformateur pour que la prospérité soit partagée de façon équitable et que personne ne soit laissé pour compte. Tel est l’engagement que la communauté internationale a pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Chaque femme devrait pouvoir exercer son droit à un travail décent. En tant que défenseuse mondiale de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes, ONU Femmes s’interroge : De quoi avons-nous besoin pour atteindre cet objectif ?

Timor-Leste, 2013. Photo : ONU Femmes / Betsy Davis.
Timor-Leste, 2013. Photo : ONU Femmes / Betsy Davis.

DES SALAIRES ÉGAUX POUR LES FEMMES

Quelles que soient les régions où elles travaillent ou les tâches qu’elles accomplissent, les femmes dans le monde sont moins rémunérées que les hommes pour un travail égal.

Pourquoi l’écart des salaires entre les sexes persiste-t-il ? Dans de nombreux pays, on observe une réduction progressive des disparités en matière d’éducation, mais cela ne suffit pas à éliminer la discrimination basée sur le genre dans le monde du travail. Celle-ci empêche les femmes d’occuper certains postes et les confine dans d’autres, souvent les postes les moins rémunérés.

La nécessité de concilier un travail rémunéré et les responsabilités familiales impose de nombreuses contraintes. Les heures de travail rigides et les congés parentaux limités font partie des facteurs qui forcent les femmes à se tourner vers des emplois à temps partiel, voire à quitter le marché du travail pendant de longues périodes. Aujourd’hui encore, certains pays obligent les femmes à prendre leur retraite plus tôt que les hommes.

Que pouvons-nous faire ? Appeler à l’adoption et à l’application de lois et de réglementations en faveur du principe de l’égalité salariale pour un travail de même valeur. S’assurer que les entreprises contribuent à combler l’écart salarial entre les hommes et les femmes.

Jordanie, 2015. Photo : ONU Femmes / Christopher Herwig.
Jordanie, 2015. Photo : ONU Femmes / Christopher Herwig.

COMBLER L’ÉCART EN MATIÈRE DE PARTICIPATION

Un nombre record de femmes sont rémunérées en contrepartie d’un travail. Mais leur taux de participation à la main-d’œuvre est inférieur à celui des hommes..

75 % des hommes en âge de travailler participent au marché du travail, contre 50 % des femmes et, dans certaines régions, le taux de chômage des jeunes femmes est largement supérieur à celui des jeunes hommes.

Ces écarts montrent que les femmes qui souhaitent travailler ne peuvent pas toutes le faire. Certaines sont découragées par des préjugés sexistes. D’autres ne parviennent pas à surmonter les obstacles tels que l’absence de congés parentaux et les responsabilités qu’elles doivent assumer en matière de dispense de soins à leurs enfants et à d’autres personnes à charge. Quelle que soit la raison, il n’en demeure pas moins que les femmes disposent d’un droit à participer de manière équitable. En outre, leur contribution potentielle à l’économie est sans équivoque – une hausse de 28 000 milliards de dollars US du PIB annuel mondial d’ici 2025.

Que pouvons-nous faire ? Mettre en place des politiques en faveur de congés parentaux rémunérés et d’horaires de travail flexibles, proposer des services de garde d’enfants et encourager les employeurs du secteur public et du secteur privé à établir la parité entre les sexes à tous les niveaux de leurs procédures d’embauche.

Seychelles, 2017. Photo : ONU Femmes / Ryan Brown.
Seychelles, 2017. Photo : ONU Femmes / Ryan Brown.

PARTAGER LES TRAVAUX DE DISPENSE DE SOINS NON RÉMUNÉRÉS

Les femmes apportent une énorme contribution économique qui comble les lacunes dans les services. Pourquoi cette contribution n’est-elle ni reconnue ni prise en compte ?

La cuisine, le nettoyage, la prise en charge des enfants et des personnes âgées – les économies dépendent de ces tâches, dont la valeur représente entre 10 et 39 pour cent du PIB. Leur contribution à l’économie peut dépasser celle du secteur de la manufacture ou du commerce.

Les tâches familiales et domestiques non rémunérées comblent les lacunes dans les services publics et les infrastructures – et ce sont principalement les femmes qui les exécutent. Elles représentent un fardeau inéquitable et un obstacle discriminatoire qui les empêchent de participer de façon équitable au marché du travail et de percevoir un salaire égal. Pour alléger ce fardeau, il faut changer les normes relatives à leur attribution et investir dans des emplois décents rémunérés dans l’économie des soins.

Que pouvons-nous faire ? Adopter des politiques permettant de réduire le fardeau des tâches non rémunérées et d’en établir une nouvelle répartition, notamment par le biais d’une hausse des emplois rémunérés dans l’économie des soins, et encourager les hommes à assumer une part des tâches familiales et des travaux domestiques. Investir dans des systèmes d’alimentation en eau et en électricité, dans des moyens de transport et dans d’autres composantes essentielles qui permettent d’alléger le fardeau des tâches ménagères.

Colombie, 2015. Photo : ONU Femmes / Ryan Brown.
Colombie, 2015. Photo : ONU Femmes / Ryan Brown.

POUR CHAQUE FEMME : UN TRAVAIL DÉCENT

Un trop grand nombre de femmes occupent des emplois informels pour lesquels elles sont peu rémunérées ou bénéficient d’une protection très limitée de leurs droits.

La discrimination basée sur le genre amène à une concentration inéquitable des femmes dans des emplois tels que vendeuses de rue, travailleuses domestiques et agricultrices de subsistance, ainsi que d’autres professions informelles. Pour les femmes qui possèdent peu de qualifications ou de connaissances sur leurs droits, ou encore pour celles qui ont migré vers un autre pays, les emplois informels peuvent être leur unique chance de gagner leur vie.

De manière générale, les emplois informels sont mal rémunérés. Du fait qu’ils ne sont pas couverts par les lois du travail, ces emplois peuvent être précaires et n’octroyer aucun accès à des services de prestations sociales tels que la retraite, les indemnités de maladie et l’assurance de santé. À l’échelle mondiale, 57 pour cent des travailleuses domestiques ne bénéficient d’aucune restriction sur leurs heures de travail.

Que pouvons-nous faire ? Étendre la couverture des services de protection sociale et instaurer des salaires minimums vitaux, promouvoir la transition vers l’emploi formel conformément à la recommandation no 204 de l’OIT et ratifier la convention no 189 de l’OIT sur les travailleuses domestiques.

Seychelles, 2017. Photo : ONU Femmes / Ryan Brown.
Seychelles, 2017. Photo : ONU Femmes / Ryan Brown.

TOUS LES EMPLOIS PEUVENT ÊTRE OCCUPÉS PAR DES FEMMES

Le monde du travail se transforme rapidement. L’éradication de la ségrégation professionnelle doit faire partie du changement.

Les technologies et le passage à des économies vertes offrent aux femmes de nouvelles possibilités dans le monde du travail. Toutefois, étant donné la surreprésentation des femmes occupant des emplois moins rémunérés et leur sous-représentation à des postes de direction et dans les secteurs des sciences et des technologies, il reste encore des écarts à combler. La moitié de la population active dans le monde travaille dans le secteur des services, dominé par les femmes ; leur représentation dans ce secteur atteint jusqu’à 77 pour cent en Asie de l’Est.

Les obstacles entre les sexes dans le monde du travail découlent de lois, de normes sociales et de politiques discriminatoires. Par exemple, les politiques commerciales peuvent parfois tirer parti de l’existence de travailleuses bon marché. La politique fiscale peut limiter les dépenses consacrées aux services qui permettraient aux femmes de mieux concilier leur vie professionnelle et leurs responsabilités familiales.

Que pouvons-nous faire ? Prendre des mesures politiques d’urgence visant à éliminer les barrières qui promeuvent une discrimination à l’égard des travailleuses. Proposer des programmes d’éducation et de formation aux femmes afin qu’elles puissent bénéficier des possibilités qu’offre l’évolution du monde du travail.

Philippines, 2016. Photo : ONU Femmes / Norman Gorecho.
Philippines, 2016. Photo : ONU Femmes / Norman Gorecho.

SE MOBILISER : C’EST UN DROIT DES FEMMES

De par sa nature, le travail qu’assument les femmes les empêche souvent de bénéficier des systèmes qui protègent la syndicalisation de la main-d’œuvre et des protections syndicales existantes.

La capacité des femmes à s’organiser sur le lieu de travail et dans la communauté est indispensable à la protection des droits du travail. La voix collective des femmes offre un moyen de garantir des emplois décents et d’influencer les priorités des politiques publiques. Au sein des organisations syndicales, les femmes membres ont contribué aux progrès réalisés en matière de syndicalisation et de négociation collective, notamment au sein de groupes très vulnérables tels que les travailleurs domestiques.

Pourtant, le droit d’association demeure confronté à de nombreux obstacles, dont certaines lois répressives. Pour les femmes travaillant à temps partiel ou qui sont isolées dans leurs foyers, les chances de pouvoir connaître, former ou rejoindre des réseaux de protection, des groupes de solidarité ou des organisations telles que les syndicats sont souvent très limitées.

Que pouvons-nous faire ? Promouvoir la parité entre les sexes aux postes décisionnels dans les organisations syndicales, dans les organisations de travailleurs et d’employeurs et dans les conseils d’administration. Appeler les gouvernements, les employeurs et les travailleurs syndiqués à promouvoir conjointement les droits humains et les droits du travail pour toutes les travailleuses.

Liban, 2015. Photo : ONU Femmes / Joe Saad.
Liban, 2015. Photo : ONU Femmes / Joe Saad.

ARRÊTER LE HARCÈLEMENT AU TRAVAIL !

La violence à l’égard des femmes constitue une violation de leurs droits, impliquant des conséquences graves sur le lieu de travail.

Lorsqu’elles se rendent sur leur lieu de travail, les femmes sont exposées à des risques de violence et de harcèlement, quel que soit leur âge, leur revenu ou le type d’emploi qu’elles occupent. Un patron peut conditionner l’avancement de carrière à des faveurs sexuelles. Un taxi peut devenir une source de revenus et poser un risque de viol.

Les conséquences sont nombreuses. Les préjudices physiques et psychologiques peuvent entraîner un absentéisme, une réduction des revenus et une perte d’emploi. Les femmes peuvent avoir l’impression d’être face à des limitations inéquitables dans leurs choix d’emplois ou dans leur liberté de mouvement.

Que pouvons-nous faire ? Adopter et mettre en œuvre des lois et des politiques interdisant toutes les formes de harcèlement et de violence basée sur le genre sur le lieu de travail. Collaborer avec les syndicats, les employeurs et les défenseurs des droits des travailleuses et travailleurs informels afin que toutes les femmes connaissent leurs droits et qu’elles puissent obtenir réparation dans les cas de violations.

Moldavie, 2010. Photo : ONU Femmes / Janarbek Amankulov.
Moldavie, 2010. Photo : ONU Femmes / Janarbek Amankulov.

L’ÉGALITÉ DANS LES LOIS ET LES PRESTATIONS

Les dispositions législatives discriminatoires et les lacunes en matière de protection sociale augmentent le risque pour les femmes de vivre dans la pauvreté.

Seulement 67 pays disposent de lois contre la discrimination basée sur le genre dans les pratiques d’embauche, alors qu’au moins 155 pays imposent une ou plusieurs restrictions législatives concernant l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes. Les lois discriminatoires et les services de protection juridique inappropriés exacerbent les inégalités et désautonomisent les travailleuses.

De plus, les femmes ne bénéficient pas de prestations de protection sociale suffisantes – elles sont surreprésentées parmi les 73 pour cent de personnes dont l’accès à une pension de retraite, à des indemnités de chômage et même à une assurance de santé est limité, voire inexistant. En conséquence, les femmes sont plus vulnérables face à la pauvreté – outre le fait qu’elles perçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes.

Que pouvons-nous faire ? Supprimer toutes les lois du travail discriminatoires, conformément à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Mettre en place des plans de protection sociale soigneusement conçus permettant de réduire la pauvreté et couvrant toutes les femmes, y compris celles qui travaillent, qui sont à la retraite ou qui assument des tâches familiales non rémunérées.

Sources de la mosaïque de photographies : UNAMA/Fardin Waezi, Vidura Jang Bahadur, Vidura Jang Bahadur, ONU Femmes/Ryan Brown, ONU Femmes/Ryan Brown, ONU Femmes/Ryan Brown, Andrei Dolghier, ONU Femmes/Joe Saad, ONU Femmes/Joe Saad, ONU Femmes/Joe Saad, ONU Femmes/Dragana B. Stevanovic, Photo de l’ONU/Marco Dormino, ONU Femmes/Ryan Brown, ONU Femmes/Christopher Herwig, Banque mondiale/Maria Fleischmann, Abbie Trayler-Smith, ONU Femmes CEA/Rena Effendi, ONU Femmes/Janarbek Amankulov, ONU Femmes/Janarbek Amankulov, Abbie Trayler-Smith, ONU Femmes/Janarbek Amankulov, CIAT/Georgina Smith.
Sources de la mosaïque de photographies : UNAMA/Fardin Waezi, Vidura Jang Bahadur, Vidura Jang Bahadur, ONU Femmes/Ryan Brown, ONU Femmes/Ryan Brown, ONU Femmes/Ryan Brown, Andrei Dolghier, ONU Femmes/Joe Saad, ONU Femmes/Joe Saad, ONU Femmes/Joe Saad, ONU Femmes/Dragana B. Stevanovic, Photo de l’ONU/Marco Dormino, ONU Femmes/Ryan Brown, ONU Femmes/Christopher Herwig, Banque mondiale/Maria Fleischmann, Abbie Trayler-Smith, ONU Femmes CEA/Rena Effendi, ONU Femmes/Janarbek Amankulov, ONU Femmes/Janarbek Amankulov, Abbie Trayler-Smith, ONU Femmes/Janarbek Amankulov, CIAT/Georgina Smith.

LES ÉCONOMIES EFFICACES POUR LES FEMMES SONT EFFICACES POUR L’ENSEMBLE DE LA POPULATION

L’avenir que l’ensemble des 17 Objectifs de développement durable présagent pour l’humanité et pour la planète que nous partageons repose sur la libération pleine du pouvoir et du potentiel des femmes. Il est temps de concrétiser les grandes ambitions de l’Agenda 2030 et de garantir que chaque femme puisse s’épanouir et apporter sa contribution, notamment par le biais d’emplois décents et dignes.