Des femmes policières du Zimbabwe se distinguent en tant que membres des « bérets bleus »

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Pour la Commissaire de police adjointe Charity Charamba, qui a servi comme soldate de la paix pendant trois ans au Libéria, le fait d'être la troisième responsable la plus haut placée de la mission n'a pas été sans poser quelques problèmes.

« J'ai dû m'affirmer, car au départ, mes collègues hommes, de grades supérieurs et inférieurs, me traitaient comme si je ne savais pas quels étaient mes devoirs, et, parfois, ignoraient ma présence » se souvient-elle.

Le Zimbabwe est l'un des rares pays d'Afrique dont le pourcentage de soldates du maintien de la paix de la force de police est conforme à la recommandation du Département des opérations de maintien de la paix, soit d'au moins 10 pour cent.

Zimbabwean peacekeepers discuss challenges

Six femmes soldates de la paix parlent des difficultés et des épreuves qu'elles ont rencontrées dans le cadre de leur travail sur le terrain. De gauche à droite: Surintendante Sithulisiwe Mthimkhulu, Surintendante Rosina Mamutse, Commissaire de police adjointe Charity Charamba, Surintendante Jessie Banda, Surintendante Kani Moyo, et l'Inspectrice adjointe Muchaneta Isabell Ngwenya.
Crédit photo : PNUD/Sirak Gebrehiwot

Sur les 1.063 officiers de police du Zimbabwe qui ont participé à huit missions de maintien de la paix dans le monde, un nombre total de 189 (soit 18 pour cent) étaient des femmes. La première femme a servi au Timor oriental en 2000, sept ans après que la police a commencé à participer aux missions de maintien de la paix.

Le travail des soldats du maintien de la paix commence à l'aube et se termine après que tout le monde soit allé se coucher. Il consiste notamment à garantir la sécurité des femmes et des filles lorsqu'elles partent collecter du bois pour cuisiner, à fournir un appui pendant les élections et à assurer que l'approvisionnement alimentaire atteigne les camps de réfugiés en toute sécurité. Loin de leurs propres amis et familles, les soldats du maintien de la paix jouent un rôle crucial au niveau du maintien de la paix dans les pays postconflictuels.

Le fait d'assumer des postes de haut niveau pendant une mission est naturel pour les femmes policières du Zimbabwe, qui occupent déjà des fonctions élevées dans leur pays, explique la Commissaire adjointe Charamba.

« Au sein de la police, nous bénéficions de l'égalité des chances, et nous nous voyons donner l'opportunité de grimper les échelons et de participer à tous les niveaux. Les femmes sont responsables de plusieurs provinces du pays, et la Chef du centre de formation est une femme » indique-t-elle, ajoutant que le Commissaire général de police du Zimbabwe favorise la promotion des femmes au sein de la force.
Elle explique que le fait de travailler au niveau international donne aux femmes bérets bleus l'opportunité de se familiariser à différents types de pratiques policières et de partager des expériences.

« Je me trouve dans la force de police du Zimbabwe depuis 31 ans, et je travaille au sein de l'Unité d'accueil des victimes en tant que formatrice sur le genre. J'ai toujours voulu faire partie des bérets bleus, et mon rêve est devenu réalité » explique la Surintendante Kani Moyo, qui a servi pendant 15 mois en tant que Conseillère de la police sur les questions de genre et de Fonctionnaire en charge de la formation à Nyala, auprès de l'opération hybride de maintien de la paix Union africaine-Nations Unies au Darfour (Soudan), connue sous le nom d'UNAMID.

La Superintendante Sithulisiwe Mthimkhulu, qui a travaillé dans des missions de maintien de la paix au Soudan et au Libéria, se rappelle des obstacles qu'elle a dû surmonter, en tant que femme mais aussi en raison des différences culturelles.

« Au Darfour, avant l'indépendance, la population locale nous regardait comme si nous étions des extra-terrestres, parce que nous étions des femmes en uniforme. Dans ce pays musulman, les hommes policiers locaux voyaient en outre d'un mauvais œil le fait de recevoir des ordres d'une femme » se rappelle-t-elle.

Au cours de ses missions, Mthimkhulu a travaillé à motiver les femmes par le biais du sport, des cours d'alphabétisation, et d'autres activités, afin de les intéresser à tous les aspects du travail de la police, et elle les a aidées à établir un réseau de femmes policières.

Les études montrent que dans de nombreux pays, les femmes soldates de la paix sont souvent devenues des modèles pour les femmes et les filles locales, en tant que gardiennes de la paix et de la sécurité et qu'autorité vers qui elles peuvent se tourner.

« J'ai beaucoup appris des officiers de police avec qui j'ai travaillé en missions, et l'apprentissage interculturel sur les politiques et autres questions a été intense » indique la Superintendante Jessie Banda, qui a officié comme Responsable de la communication pendant un an au Kosovo, et comme Officier de police communautaire pendant 15 mois au Darfour. « Je considère les Nations Unies comme une organisation qui unit les gens » dit-elle.

Les quatre femmes soldates de la paix interrogées par ONU Femmes Zimbabwe indiquent que leur formation préalable au déploiement les a bien préparées à accomplir leurs missions. Celle-ci portait sur la formation et le mentorat des officiers de police locaux, sur les politiques communautaires et relatives au genre, et sur les moyens d'enquêter sur les cas de viols et de fournir des conseils aux victimes. Elles estiment toutefois que le fait d'en apprendre davantage sur les lois, notamment les lois contre la violence sexiste, et sur les cultures des pays où elles sont déployées, permettrait de renforcer leur préparation sur le terrain.