Des militantes luttent pour les droits des femmes séropositives au Pérou

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Mujeres marchan en Huánuco para la Cero Discriminacion y Cero Violencia de las Mujeres VIH-positivas, en el IV Encuentro descentralizado de la RPM+.  Crédito de foto: PROMSEX/ Balbina Cárdenas

Marche de femmes à Huánuco pour zéro discrimination et zéro violence à l'égard des femmes séropositives au cours de la 4ème Réunion décentralisée du RPM+. Photo: PROMSEX/Balbina Cárdenas

« Je pense en général que nous avons tendance à associer la violence aux manifestations de violence physique et sexuelle, et que nous en tant que femmes avons tendance à négliger beaucoup d'autres formes de violence. Dans mon cas, le fait que le diagnostic (séropositif) de mon mari m'ait été délibérément dissimulé constitue un acte de violence, » affirme Guiselly Flores, directrice du Réseau péruvien des femmes vivant avec le VIH (RPM+).

En conséquence de cette dissimulation, Guiselly vit aujourd'hui avec le VIH /sida. Et pire encore, elle a souffert du décès de l'un de ses fils qui a contracté le VIH/sida alors que Guiselly ne savait pas qu'elle était porteuse du virus.

L'histoire de Guiselly est loin d'être unique, mais ressemble étonnamment aux histoires de beaucoup d'autres femmes qui sont aujourd'hui séropositives au Pérou - et dont le nombre varie entre 14 000 et 25 000. Depuis qu'elle a contracté le virus, Guiselly a fait preuve d'un engagement sans faille en faveur de la lutte visant à garantir les droits des femmes vivant avec le VIH.

« Nous voulons que chaque femme vivant avec le VIH au Pérou puisse avoir accès à des services de santé complets et de grande qualité, que ces femmes soient respectées, qu'elles jouissent de l'ensemble de leurs droits, que leurs efforts d'organisation soient soutenus, qu'elles puissent continuer à formuler leurs revendications au plan local, provincial et régional et que leurs vies soient une préoccupation essentielle des décideurs », a déclaré la directrice du Réseau péruvien des femmes vivant avec le VIH (RPM).

Au cours de cette année, Guiselly a fait partie d'un projet pour lequel ONU Femmes a apporté son soutien aux côtés du RPM+ et l'ONG Promsex. Le projet vise à contribuer à la réduction de la violence et de la vulnérabilité des femmes séropositives vivant au Pérou, à renforcer les organisations des femmes séropositives et à promouvoir l'engagement total des agences publiques.

Parmi les autres réalisations, il y a lieu de rappeler que le projet veille à ce que les femmes soient elles-mêmes en mesure d'identifier et reconnaître les éléments de la violence fondée sur le genre dans leur vie, renforcer la revendication de leurs droits et promouvoir l'engagement participatif.

L'histoire de Guiselly n‘est pas une exception. Elle explique sa propre expérience personnelle par « un manque de reconnaissance des droits humains d'autrui ». Elle pense par ailleurs que ses droits sexuels et reproductifs ont été violés du fait de la rétention d'informations vitales, ce qui l'a empêché de se protéger de l'infection du VIH de son mari.

Pire, Guiselly estime que le droit de son bébé à la vie a été violé : « si j'avais été informée du diagnostic à temps, j'aurais arrêté l'allaitement et aurais pris le traitement médical nécessaire. »

Guiselly pense qu'il est question de « contrôle du corps des femmes avec des conséquences nuisibles, telles que l'infection au VIH ». Elle explique que la coercition sexuelle, que subissent de nombreuses femmes vivant aujourd'hui avec le VIH/sida, n'est toujours pas considérée par la société comme une violence en soi. On perçoit encore comme une chose naturelle, normale et même culturellement acceptable qu'un homme oblige une femme à avoir des relations sexuelles avec lui même quand elle ne le souhaite pas ; et même lorsqu'il s'agit de droits reproductifs, les femmes continuent d'être soumises au contrôle des hommes.

Les droits sexuels et reproductifs sont des revendications communes aux organisations de femmes et aux mouvements féministes. La mise en œuvre de ces droits dans le cadre de ce projet est l'un des défis communs pour Promsex, une organisation féministe et le RPM+, une organisation de base, avec la collaboration d'ONU Femmes. La coordination d'un agenda commun entre les organisations de femmes vivant avec le VIH/sida et d'autres organisations de femmes et de droits humains est l'une des recommandations d'ONUSIDA visant à mieux aborder les multiples problèmes rencontrés par les femmes et les filles par rapport à l'égalité des sexes et l'infectiosité du VIH.

La reconnaissance du cercle vicieux de la violence est un autre résultat de ce projet. Guiselly parle des situations de violence vécues au sein de couples dans lesquels l'un des membres est séropositif et l'autre membre n'est pas infecté et du chantage affectif qui résulte si souvent de ce genre de situation.

Les femmes du Réseau vivant avec le VIH déploient des efforts incessants pour rendre leurs revendications visibles tout en dénonçant la violation continue de leurs droits. Il n'est guère surprenant que ces femmes soient aussi connues comme étant le Réseau péruvien des femmes séropositives.

« Nous ne devrions pas attendre que de telles choses aussi horribles que le VIH nous arrivent avant de réagir», estime Guiselly. « Nous sommes de loin trop fortes pour rester là à attendre que ces choses nous arrivent. Nous pouvons montrer notre force au monde. »

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