Diriger le changement à tous les niveaux: les femmes atteintes du VIH au Cambodge réclament leurs droits
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« Je suis déterminée à travailler de toutes mes forces et à déployer toute l'énergie nécessaire pour permettre aux femmes atteintes du VIH/sida de vivre en bonne santé ».
Le jour Dalish Prum, jeune Cambodgienne à la voix douce apprend sa séropositivité, sa vie bascule, elle est loin de se douter des retombées positives qu'elle pourrait un jour en tirer - ni des endroits où cela la mènerait.
A peine sortie de l'adolescence, sa première réaction a été comme celle de nombreuses femmes lorsqu'elles apprennent leur séropositivité: confusion, frustration, isolement et peur.
Mais plusieurs années après, Dalish, aujourd'hui gée de 27 ans, fait face à la maladie avec détermination. Trouvant un appui au sein de la communauté affectée par le VIH/sida au Cambodge, elle a commencé à aider des personnes de son entourage, et celles confrontées à la même situation. Elle a choisi de se battre et de prendre des initiatives.
« Les femmes séropositives ont besoin d'être encouragées et autonomisées sur le plan personnel pour progresser vers un avenir meilleur » explique Dalish, aujourd'hui Coordonnatrice nationale de la Communauté cambodgienne des femmes vivant avec le VIH, un réseau national partenaire d'ONU Femmes. « Je suis consciente d'être un exemple pour les jeunes femmes séropositives du Cambodge, et je sens que j'ai le devoir de leur montrer comment elles peuvent devenir plus fortes, vivre sans peur du VIH/sida et contribuer à la prévention contre le VIH/sida».
Dalish a été aidée dans son initiative par ONU Femmes et la Commission européenne qui ont mis l'accent sur le renforcement des compétences de leadership des femmes vivant avec le VIH/sida. S'attaquant aux obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans le pays, en raison de la discrimination dont elles font l'objet au niveau du genre et du statut, Dalish et les membres de son réseau cherchent à améliorer l'efficacité de la lutte contre le sida pour les femmes et l'accès de celles-ci à la prévention, aux traitements, aux soins et au soutien en matière de VIH. Le réseau a pu avoir un accès sans précédent aux espaces de prise de décisions qui déterminent la riposte du Cambodge face au sida, à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
Et dans un pays où les taux d'infection des femmes ont augmenté au cours des dix dernières années, la Communauté cambodgienne des femmes vivant avec le VIH vise principalement à améliorer l'information et les services concernant la santé sexuelle et reproductive à l'intention des femmes, à leur assurer de meilleures opportunités d'existence et à les aider à faire face à la stigmatisation, à la discrimination et à la violence liées au VIH.
Beaucoup de ces initiatives et défis feront l'objet de discussions au cours de la XIXème Conférence internationale sur le sida qui aura lieu à Washington D.C., et en particulier lors de la session parallèle organisée par ONU Femmes : Les femmes qui dirigent, organisent et inspirent les changements dans la riposte contre le sida (le 22 juillet 2012 de 13h30 à 15h30), au cours de laquelle Danish prendra la parole en qualité de panéliste.
Ce voyage n'est pas le premier pour elle. En février 2012, elle a été la première femme vivant avec le VIH à faire partie de la délégation gouvernementale officielle du Cambodge, composée de quatre membres, participant à la réunion intergouvernementale de haut niveau Asie-Pacifique de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) consacrée au VIH et au sida, organisée en Thaïlande. Sa participation à la réunion a incité avec succès un réseau de femmes séropositives d'Indonésie à se mobiliser en vue d'être représenté au sein de la délégation gouvernementale officielle de son pays.
Le niveau d'investissement dans le leadership des femmes atteintes du VIH reste critique dans le monde entier. On a pourtant franchi un cap au niveau de la participation active de ces femmes aux forums de décisions politiques de haut niveau, comme entend le souligner Danish à Washington.
« Elles ont le droit de revendiquer un avenir meilleur, souligne-t-elle. Je veillerai à ce que les voix, sentiments, besoins et problèmes des femmes séropositives soient entendus ».