Dublin rejoint l’initiative mondiale des Nations Unies « Des villes sûres »

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Au moment où les décideurs locaux se réunissent à Dublin à l’occasion du 8e Forum biennal de l’Alliance mondiale des villes contre la pauvreté(WACAP), coorganisé par la ville de Dublin et le PNUD, en partenariat avec ONU Femmes et l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), ONU Femmes s’entretient avec le maire de la ville, M. Naoise Ó Muirí, qui s’est engagé à faire de Dublin une ville sûre, intelligente et durable. Dublin est la première ville d’un pays développé à adapter et à développer les outils et approches de l’Initiative mondiale « Des villes sûres » des Nations Unies [i].

Dublin mayor

Interview du maire de Dublin, Naoise Ó Muirí

1) Pourquoi Dublin a-t-elle souhaité rejoindre l’initiative « Des villes sûres » ?

Le Conseil municipal de Dublin est fermement attaché à promouvoir l’égalité, à lutter contre la discrimination et à assurer que la ville est ouverte et accueillante, et qu’elle offre des chances égales à toutes et tous.

Nous sommes ravis de rejoindre le Programme mondial « Des villes sûres », car nous sommes fermement convaincus que chacun, quels que soient son sexe, son âge, son origine ethnique, son orientation sexuelle ou son handicap, a le droit d’utiliser et de profiter des espaces publics dans la paix, sans être harcelé. La liberté de mouvement est un droit de l’homme fondamental, et il existe des liens très positifs avec la récente élection de l’Irlande au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ; c’est un immense honneur et une grande responsabilité pour notre pays.

Si les villes à travers le monde sont confrontées au défi de la violence et du harcèlement, cela ne signifie pas que nous devons accepter cette situation comme partie intégrante de la vie urbaine. Chaque fois que les femmes et les filles se sentent menacées ou se trouvent empêchées de participer à tous les aspects de la vie urbaine, y compris le travail, l’éducation, les loisirs et les activités sociales ou bien les activités politiques et communautaires, cela constitue une violation des droits égaux qui sont les leurs en tant que citoyennes. Les faits montrent qu’une ville qui est plus sûre pour les femmes et les filles est plus sûre pour tout le monde.

Dublin a une politique très volontariste d’ouverture au monde, de développement des liens avec les autres villes, d’apprentissage et de partage de l’expérience, et nous voyons cette initiative des Nations Unies comme un élément-clé de notre stratégie d’internationalisation. Cette démarche comporte une dimension économique ; on s’accorde généralement à penser qu’il existe trois caractéristiques nécessaires d’une ville fonctionnant bien et compétitive, résumées dans la phrase : « Une ville sûre, propre et verte ». Il est crucial qu’une ville soit sûre si elle veut avoir un pouvoir d’attraction envers les résidents, les entreprises, l’emploi, les investisseurs et les touristes.

2) Pourquoi est-il si important de lutter contre la violence à l’égard des femmes au niveau local ?

Les problèmes liés au harcèlement surviennent dans des espaces publics particuliers, à des heures particulières de la journée ou de la nuit, ou sur des voies de transport public particulières. Il est donc nécessaire d’apporter des solutions locales à ces problèmes bien localisés. Nous choisirons un site de projet qui concernera les femmes ayant un emploi faiblement rémunéré et/ou défavorisées, ces dernières et leurs enfants étant plus vulnérables à un tel harcèlement.

Il convient bien entendu également de mettre en place des politiques et des programmes aux niveaux municipal ou métropolitain et national. C’est pourquoi notre Groupe de travail comprendra des représentants nationaux, afin que le projet municipal puisse influer sur la politique nationale. Nous nous joignons à cette Initiative mondiale « Des villes sûres » non pas parce que Dublin est une ville particulièrement peu sûre, mais parce que nous voulons être proactifs, que nous sommes exigeants, et que nous désirons mettre en place des améliorations, le cas échéant.

3) Quels organisations et partenaires prévoyez-vous d’impliquer dans l’initiative « Des villes sûres » ?

Nous sommes en train de mettre en place un Groupe de travail qui comprendra des représentants des organisations de femmes, y compris celles dont la mission est de lutter contre la violence sexuelle à l’égard des femmes et de réaliser l’égalité entre les sexes : la Garda Síochána (police), le Département de la Justice et de l’Égalité, Mandate (un syndicat qui représente les travailleurs de service et qui compte beaucoup de femmes parmi ses membres), les employeurs, l’Autorité pour l’égalité statutaire (qui compte au nombre de ses missions la lutte contre la discrimination et la promotion de l’égalité sur la base du genre), et bien entendu, le Conseil municipal de Dublin.

Dublin regroupe des entreprises de haute technologie de premier plan, et nous souhaiterions nous engager avec ces dernières en vue d’identifier des manières novatrices et simples par lesquelles les femmes pourraient par exemple participer à l’initiative, signaler des cas de harcèlement, suggérer des réponses, etc. Nous voyons cela comme un élément de notre projet global visant à promouvoir Dublin comme une ville « intelligente » ou numérique.

4) Quelles mesures initiales Dublin a-t-elle prises pour lancer l’initiative au cours de ces prochaines semaines ?

Nous sommes honorés et ravis que Mme Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU Femmes et ancienne Présidente du Chili, nous rejoigne ici à Dublin pour le 8e Forum mondial des villes contre la pauvreté, à l’occasion duquel j’annoncerai officiellement l’engagement de Dublin en faveur du Programme mondial « Des villes sûres ». Le Conseil municipal de Dublin co-organise ce Forum avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en partenariat avec ONU Femmes, les 20 et 21 février 2013. Une partie significative de ce Forum traitera des questions liées aux villes sûres pour les femmes et les enfants, ce qui donnera une excellente occasion à Dublin de tirer des enseignements des autres villes et d’apprendre de leurs expériences de mise en œuvre de l’Initiative « Des villes sûres ». Lors de la mise en place du projet, nous suivrons les conseils détaillés édictés dans le document des Nations Unies sur les Directives pour des villes sûres.

[i] L’Initiative mondiale des Nations Unies à ONU Femmes implique le Programme mondial « Des villes sûres exemptes de violence à l’égard des femmes et des filles », qui a été lancé en 2010 par ONU Femmes, en partenariat avec ONU-HABITAT, des autorités municipales, des groupes de femmes et la société civile. Les cinq premières villes pilotes sont : Quito (Équateur), New Delhi (Inde), Kigali (Rwanda), Port Moresby (Papouasie-Nouvelle Guinée) et le Caire (Égypte). En 2011, l’UNICEF s’est joint à cette initiative, dans le cadre d’un Programme commun sur les villes sûres et durables, impliquant huit villes supplémentaires : Beyrouth (Liban), Douchanbé (Tadjikistan), Manille (Philippines), Marrakech (Maroc), Nairobi (Kenya), Rio de Janeiro (Brésil), San José (Costa Rica) et Tegucigalpa (Honduras).