Où je me tiens : Zaad Al-khair
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Le jour où j’ai fui vers la Jordanie, il y avait des bombardements intensifs dans mon quartier. Des bombes tombaient près de notre maison. C’était très dangereux. Nous n’avions pas d’autre choix que de prendre la fuite. Dans ces moments de panique, nous n’arrivions pas à trouver mes frères et ma sœur, et le plus dur a été de laisser derrière moi une partie de ma famille. Par la suite, nous avons appris que mon frère avait été tué le même jour. Ma mère était bouleversée. Ce jour-là, beaucoup de mères ont pleuré la mort de leurs enfants.
J’espère que la guerre se terminera bientôt pour que nous puissions revenir en Syrie et retrouver mon autre frère et ma sœur.
Quand je suis arrivée dans le camp de réfugiées et réfugiés de Za’atari, je suis retournée à l’école et j’ai commencé à lier de nouvelles amitiés. Je viens chaque jour à l’oasis d’ONU Femmes, car je veux voir mes amies et amis jordaniens et syriens. Quand elles ont eu 15 ans, beaucoup de mes amies ont arrêté d’aller à l’école et se sont mariées, et elles ont déjà des enfants. Beaucoup de gens me demandent pourquoi je ne suis pas encore mariée, mais je pense que c’est trop tôt. Heureusement, ma famille m’encourage à terminer d’abord ma scolarité. En fait, je rêve d’aller à l’université.
Ma mère travaille dans l’oasis. Elle y confectionne des produits artisanaux, aux côtés de mon père, qui enseigne aux femmes comment fabriquer des accessoires, comme des bijoux faits avec des dattes et des grains de café. Je travaille comme journaliste pour le magazine du camp, ce qui me permet de contribuer au partage des informations et de pratiquer mon anglais. Mais aussi, j’ai appris l’anglais dans le camp parce je souhaite devenir traductrice, afin qu’un jour peut-être je puisse raconter au monde entier ce qui s’est passé en Syrie ».
Zaad Al-khair est une réfugiée syrienne de 17 ans vivant dans le camp de réfugiées et réfugiés de Za’atari en Jordanie, qui abrite environ 80 000 Syriens, dont 80 pour cent sont des femmes et des filles. Mettant tout en œuvre pour achever sa scolarité et accéder à des études supérieures, elle a fait partie des premières filles à travailler comme journalistes pour le magazine du camp. Ses parents participent tous deux à un programme de rémunération en échange d’un travail dans l’un des trois espaces sûrs « Oasis » qu’ONU Femmes a mis en place dans le camp, qui proposent notamment des cours d’alphabétisation, un service de garde d’enfants et des services de protection à plus de 16 000 personnes par an. Ce travail est directement lié à l’Objectif de développement durable n° 1, qui porte sur l’éradication de la pauvreté, et à l’ODD n° 4, qui vise à assurer l’accès de toutes et tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité. Zaad contribue également à l’ODD n° 16, qui promeut l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à toutes et tous aux fins du développement durable, notamment par la garantie de l’accès du public à l’information.
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