L'industrie cinématographique mondiale perpétue la discrimination à l’égard des femmes
Le Geena Davis Institute on Gender in Media, ONU Femmes et la Fondation Rockefeller présentent la toute première étude internationale des images sexistes présentes dans les films du monde entier. Une étude réalisée par la Dre Stacy L. Smith, Marc Choueiti et la Dre Katherine Pieper dans le cadre de l'Initiative médias, diversité et changement social de l'École de communication et de journalisme Annenberg de l'Université de Californie du Sud.Date:
(NEW YORK, le 22 septembre) La toute première étude des personnages féminins dans les films populaires, publiée aujourd'hui, révèle une discrimination profondément ancrée et des clichés omniprésents à l'égard des femmes et des filles, fruits de l'industrie cinématographique internationale. Cette étude a été commandée par le Geena Davis Institute on Gender in Media (Institut d'étude du genre dans les médias Geena Davis) et a bénéficié du soutien d'ONU Femmes et de la Fondation Rockefeller. Elle a été menée par la Dre Stacy L. Smith et son équipe de recherche à l'École de communication et de journalisme Annenberg de l'Université de Californie du Sud.
Les chercheurs ont analysé des films populaires dans les pays et territoires les plus rentables au monde, dont l'Australie, le Brésil, la Chine, la France, l'Allemagne, l'Inde, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, les États-Unis, le Royaume-Uni, ainsi que des films issus de la collaboration entre le Royaume-Uni et les États-Unis.
Alors que les femmes représentent la moitié de la population mondiale, moins d'un tiers des personnages qui ont la parole dans les films sont de sexe féminin. Les femmes occupent moins d'un quart des emplois liés aux œuvres de fiction portées à l'écran (22,5 pour cent). Lorsqu'elles travaillent dans ce secteur, elles se retrouvent très rarement à des postes à responsabilité. Les femmes y représentent moins de 15 pour cent des chefs d'entreprise, personnalités politiques ou personnes employées dans le domaine de la science, de la technologie, de l'ingénierie et/ou des mathématiques.
« Il se fait que les femmes sont terriblement sous-représentées dans pratiquement tous les secteurs de la société dans le monde entier, et pas seulement à l'écran, mais la plupart du temps nous ne nous en rendons tout simplement pas compte. De plus, les images diffusées par les médias exercent une puissante influence sur la création de nos préjugés inconscients et les perpétuent, » explique Geena Davis, fondatrice et présidente du Geena Davis Institute on Gender in Media.
« Néanmoins, les images diffusées par les médias peuvent également avoir une influence tout à fait positive sur nos conceptions. Il ne nous faudra pas plus de temps que pour faire un film pour faire changer l'avenir. Le nombre de femmes PDG dans le monde est tristement réduit, mais il pourrait y en avoir beaucoup dans les films. Comment pouvons-nous encourager bien plus de filles à se lancer dans des carrières scientifiques, technologiques et d'ingénieur ? En montrant dans les films de nombreuses femmes à divers postes dans les domaines de la science, de la technologie, de l'ingénierie, des mathématiques, de la politique et du droit, par exemple », ajoute-t-elle.
Les stéréotypes étouffent aussi les femmes qui occupent des fonctions prestigieuses. On trouve beaucoup plus d'hommes que de femmes dans les rôles de procureurs et de juges (13 fois plus), de professeurs (16 fois plus) et de médecins (5 fois plus). Par contre, l'hypersexualisation touche davantage de femmes que d'hommes. Les filles et les femmes sont présentées plus de deux fois plus souvent que les garçons et les hommes dans une tenue sexuellement attirante, au moins partiellement dénudées, ou minces.
« Les femmes apportent davantage à la société que leur beauté physique, » affirme la Dre Stacy L. Smith, l'investigatrice principale. Ces résultats montrent qu'à l'échelle mondiale, la valeur accordée aux femmes et aux filles n'est pas qu'un simple problème cinématographique. Il s'agit d'un problème humain. »
Le rapport ne montre pas seulement comment les attitudes discriminatoires qui affectent les femmes et les filles se reflètent au cinéma dans le monde entier, mais il fait aussi ressortir quelques différences significatives entre les pays. Dans les pays qui montrent plus ou moins l'exemple (le Royaume-Uni, le Brésil et la Corée du Sud), les personnages féminins occupent entre 38 et 35,9 pour cent de tous les rôles de personnages qui prennent la parole à l'écran. Les collaborations entre le Royaume-Uni et les États-Unis ainsi que les films indiens figurent au bas de la liste, avec respectivement 23,6 et 24,9 pour cent de femmes. La moitié des films sud-coréens comprennent un rôle principal féminin, tout comme 40 pour cent des films analysés provenant de Chine, du Japon et d'Australie.
« Il y a vingt ans, 189 gouvernements ont adopté le Programme d'action de Beijing, feuille de route internationale pour l'égalité des sexes qui invitait les médias à éviter de dépeindre les femmes de manière stéréotypée et dégradante. Vingt ans plus tard, cette étude nous rappelle à l'ordre et montre que l'industrie cinématographique mondiale a encore de grands progrès à faire, » raconte la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka.
« Vu leur forte influence sur les opinions de vastes publics, les médias jouent un rôle capital dans la défense de l'égalité des sexes. L'influence se double de responsabilité. L'industrie ne peut se permettre d'attendre encore vingt ans pour prendre des décisions appropriées », ajoute-t-elle.
Parmi les films évalués, les femmes occupaient près d'un quart des postes de cinéastes derrière les caméras (postes de réalisateurs, scénaristes et producteurs). Mais lorsque le réalisateur ou le scénariste d'un film est une femme, le nombre de personnages féminins à l'écran augmente de manière significative. Un remède évident à la disparité entre les sexes consiste à employer davantage de cinéastes de sexe féminin. Une autre approche consiste à inciter les cinéastes à faire preuve d'une plus grande sensibilité au manque d'équilibre dans les rapports hommes-femmes et aux stéréotypes à l'écran.
« C’est d’autant plus évident maintenant que nous remarquons que le cinéma reflète à merveille les réalités quotidiennes de la vie des femmes, » affirme Sundaa Bridgett-Jones, Directrice adjointe de la Fondation Rockefeller. « Soucieuse de l’avenir, la Fondation Rockefeller est déterminée à favoriser une prospérité plus équitable. Nous ce faire, nous devons nous débarrasser des stéréotypes éculés qui empêchent les femmes et les hommes d’exprimer tout leur potentiel humain. »
Voici les principales conclusions de cette étude :
- Seulement 30,9 pour cent de tous les personnages qui prennent la parole sont de sexe féminin.
- Quelques pays font mieux que la moyenne mondiale : le Royaume-Uni (37,9 pour cent), le Brésil (37,1 pour cent) et la Corée du Sud (35,9 pour cent). Néanmoins, ces pourcentages restent bien en deçà de la moyenne de la population mondiale qui est de 50 pour cent de femmes. Deux cas sont à la traîne : dans les films issus d'une coopération entre les États-Unis et le Royaume-Uni (23,6 pour cent) et dans les films indiens (24,9 pour cent), moins d'un quart des acteurs qui prennent la parole sont des personnages féminins.
- Les films d'action et d'aventure manquent de femmes. À peine 23 pour cent des personnages qui ont la parole dans ce genre de films sont des femmes.
- Sur 1452 cinéastes dont le sexe a pu être identifié, 20,5 pour cent étaient des femmes, et 79,5 pour cent des hommes. L'échantillon analysé comprenait 7 pour cent de réalisateurs, 19,7 pour cent de scénaristes et 22,7 pour cent de producteurs de sexe féminin.
- Dans les films réalisés ou écrits par une femme, le nombre de filles et de femmes apparaissant à l'écran est significativement plus élevé que dans les films dont ni le réalisateur ni le scénariste ne sont de sexe féminin.
- Dans le monde entier, il est courant de faire des personnages féminins des objets sexuels : les filles et les femmes apparaissent deux fois plus souvent que les hommes dans une tenue suggestive, partiellement ou totalement nues, minces, et on les dit cinq fois plus souvent attirantes. Les films destinés aux jeunes sont moins enclins à faire des femmes des objets sexuels que les films destinés à un public plus âgé.
- Les adolescentes et les très jeunes adultes (de 13 à 20 ans) sont aussi souvent considérées comme des objets sexuels que les femmes de 21 à 39 ans.
- Sur la scène internationale, les personnages féminins ne représentent que 22,5 pour cent des acteurs, contre 77,5 pour cent pour les personnages masculins.
- Les postes à responsabilité y sont généralement occupés par des hommes : à peine 13,9 pour cent des cadres et 9,5 pour cent des figures politiques importantes sont de sexe féminin.
- Quant aux professions remarquables, elles sont le plus souvent l'apanage des hommes, qu'il s'agisse des rôles de procureurs et de juges (13 fois plus d'hommes que de femmes), de professeurs (16 fois plus d'hommes), de médecins (5 fois plus d'hommes) ou de personnages occupant un poste dans le domaine des sciences, de la technologie, de l'ingénierie ou des mathématiques (7 fois plus d'hommes).
Le rapport complet est disponible à l'adresse http://seejane.org/wp-content/uploads/full-study-gender-disparity-in-family-films-v2.pdf
À propos d’ONU Femmes :
ONU Femmes est l’organisation des Nations Unies qui se consacre à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Porte-drapeau mondial de la cause des femmes et des filles, ONU Femmes a été créée pour accélérer les progrès réalisés en vue de répondre à leurs besoins à travers le monde. Pour davantage d'informations, consultez le site www.unwomen.org/fr .
À propos du Geena Davis Institute on Gender in Media :
Installé au sein du Mt. St. Mary's College, le Geena Davis Institute on Gender in Media (Institut d'étude du genre dans les médias Geena Davis), fondé par Geena Davis, une actrice qui a remporté un Academy Award®, est la seule organisation de recherche à collaborer avec les entreprises des secteurs médiatique et du divertissement pour entreprendre des recherches de pointe, éduquer et mener des actions de sensibilisation visant à nettement améliorer l'image des filles et des femmes dans les médias destinés aux enfants de 11 ans et moins. Pour davantage d'informations, consultez le site www.seejane.org
À propos de l'école de communication et de journalisme Annenberg de l'Université de Californie du Sud :
L'Initiative médias, diversité et changement social (MDSC Initiative) est un important groupe de réflexion sur l'inégalité dans l'industrie du divertissement. Le MDSC fait partie de l'École de communication et de journalisme Annenberg de l'Université de Californie du Sud. L'École Annenberg est un des principaux centres d'étude et de formation des États-Unis dans les domaines de la communication, du journalisme, de la diplomatie publique et des relations publiques. Cette école et le MDSC mettent l'accent sur le leadership, l'innovation, les services et l'entrepreneuriat, et exploitent les ressources d'une université en réseau située dans la capitale médiatique du monde. Pour davantage d'informations, consultez le site http://annenberg.usc.edu/MDSCI ; Annenberg.usc.edu , et sur divers réseaux sociaux.