Où je me tiens : « Les femmes doivent pouvoir vivre une vie exempte de violence »

Marie Goretti Ndacayisaba est la directrice exécutive de Dushirehamwe (ce qui signifie « Soyons ensemble pour la paix ») au Burundi. Elle promeut le rôle des femmes dans la consolidation de la paix. À l’occasion d’un entretien avec ONU Femmes, Marie Goretti Ndacayisaba parle de son propre parcours d’artisane de la paix, de la situation actuelle au Burundi et des raisons pour lesquelles nous devons faire participer les femmes.

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Marie Goretti Ndacayisaba. Photo: UN Women/Ryan Brown
Marie Goretti Ndacayisaba. Photo: ONU Femmes/Ryan Brown
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J’œuvre à faire participer les femmes à la consolidation de la paix depuis les années 1990. Lorsque nous avons commencé, nous n’étions que deux femmes, dont moi-même, à former d’autres femmes à la consolidation de la paix, après la crise de 1993. 

Nous avons toutes subi de si grandes pertes pendant la crise… J’ai commencé ce travail parce que je voulais que mes enfants vivent une vie meilleure. Je souhaitais surmonter ma propre souffrance et être utile à ma communauté.

La paix est pour tout le monde. C’est à tout un chacun de bâtir la paix. En temps de crise, différentes forces politiques s’affrontent pour le pouvoir, pendant que les autres sont à la recherche de vivres et d’eau. Nous avons toutes et tous différents besoins et intérêts.

Lorsque nous commençons à impliquer les femmes dans la transformation des conflits, nous démarrons en leur demandant d’analyser le problème et d’en comprendre les causes profondes, afin qu’elles puissent voir au-delà de la manifestation du problème. Qu’il s’agisse de violence politique ou de violence domestique, nous leur apprenons à se poser des questions sur les raisons à l’origine de ces actes.

Aujourd’hui, je constate toute l’étendue de l’injustice, de l’impunité et de la pauvreté qui règnent au Burundi. En tant que femme, le plus difficile pour moi est de me trouver en face d’autres femmes qui ont été victimes de violence, qui ont perdu leurs enfants. Parfois, je me sens impuissante. En revanche, lorsque je travaille avec d’autres femmes, pour nos vies et pour la paix, je me sens forte [à nouveau].

La communauté internationale doit continuer à fixer son attention sur le Burundi. Les résolutions des Nations Unies doivent être mises en œuvre. Les Burundais vivent dans la souffrance, au Congo, en Tanzanie et ailleurs. Il faut qu’ils puissent rentrer chez eux et prendre part à un dialogue inclusif. Les femmes ont beaucoup à dire, et elles disposent de l’expertise nécessaire pour engager le dialogue en faveur de la paix. Il nous faut offrir aux femmes du pays et de la diaspora la possibilité de travailler ensemble pour la paix.

Qu’est-ce qui m’encourage à continuer ? Je souhaite que mes enfants vivent. Les femmes doivent pouvoir vivre une vie exempte de violence. Nous voulons travailler, rentrer chez nous et rêver ».


ODD 16 : Paix, justice et institutions efficaces

À 55 ans, Marie Goretti Ndacayisaba est la directrice exécutive de Dushirehamwe, un réseau national de femmes du Burundi qui œuvre à la consolidation de la paix, au règlement des conflits et à l’exercice des responsabilités par les femmes. ONU Femmes soutient ce réseau par l’intermédiaire du Fonds des femmes pour la paix et l’aide humanitaire (Women’s Peace and Humanitarian Fund). Entre 1993 et 2005, la guerre civile au Burundi a fait près de 300 000 morts et a déplacé des centaines de milliers de personnes. En 2015, l’agitation politique a replongé le pays dans une crise prolongée. En octobre 2017, Marie Goretti Ndacayisaba a pris la parole lors d’un événement parallèle au siège des Nations Unies, co-organisé par ONU Femmes, Impunity Watch et Oxfam IBIS, avec le soutien de la Mission permanente des Pays-Bas auprès de l’Organisation des Nations Unies. Son histoire montre l’importance de faire participer les femmes aux efforts de consolidation de la paix à tous les niveaux afin de concrétiser la vision de l’Objectif de développement durable 16, qui promeut l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à toutes et tous.