20 ans après, un changement radical s’impose pour inclure concrètement les femmes dans les processus de paix et le pouvoir politique

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New York, 29 octobre 2020 – Alors que 2 milliards d’habitants dans le monde entier luttent pour survivre dans des zones en proie à des conflits armés au milieu d’une pandémie mondiale, les femmes, qui sont affectées de manière disproportionnée par de tels conflits et jouent un rôle clé en tant que médiatrices et bâtisseuses de la paix, demeurent largement exclues des processus formels de paix et des structures de pouvoir post-conflits, comme le montre un nouveau rapport des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité.

Le rapport, présenté au Conseil de sécurité des Nations Unies au cours du débat public annuel tenu aujourd’hui sur les femmes, la paix et la sécurité, qui commémore le 20e anniversaire de sa résolution 1325 historique établissant un nouveau cadre pour le leadership des femmes et leur inclusion dans tous les aspects de la paix, définit cinq objectifs visant à réaliser une paix inclusive et durable au cours de la prochaine décennie. Ceux-ci ci vont de la pleine inclusion des femmes dans toutes les initiatives de paix et dans la défense inconditionnelle des droits des femmes à l’inversion de la hausse historique des dépenses militaires mondiales ; viennent s’y ajouter l’obtention de niveaux minimaux d’aide financière et le lancement d’une révolution des données pouvant éclairer la prise de mesures rapides et leur mise en œuvre.

« À mesure que nous nous remettons de la pandémie, nous faisons face à un choix : nous pouvons continuer sur la voie de la militarisation croissante, des conflits et des pertes intergénérationnelles, ou nous pouvons travailler à favoriser l’inclusion et l’égalité et à encourager la prévention des conflits et des crises de toutes sortes », a déclaré António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies.

Alors que les pays peinent à fournir les services de base qui constituent le fondement de la sécurité humaine, les dépenses militaires atteignent des sommets historiques. Rien qu’en 2019, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1 900 milliards de dollars, suite à la plus forte augmentation annuelle en dix ans. « Les besoins mis en évidence par la pandémie devraient motiver la prise de décisions favorisant l’investissement national dans la consolidation de la paix, l’éducation, la santé et d’autres programmes publics vitaux, avec pour corollaire l’inclusion pleine et entière des femmes dans tous les aspects de ces considérations », a déclaré pour sa part Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes. « Lorsque nous changerons le visage de la politique, que nous tirerons les enseignements de décennies d’activisme des femmes, que nous ferons évoluer les perspectives budgétaires en encourageant les dépenses dans les services sociaux plutôt que dans les armements, nous serons alors dans une position plus favorable pour maintenir la paix, surmonter la crise climatique, nous remettre de cette pandémie ou empêcher la prochaine. Une réponse véritablement inclusive à la COVID-19 représente une opportunité d’action transformatrice en faveur d’un monde plus pacifique, durable et équitable. Il est temps de répondre à cet appel », a-t-elle ajouté.

Vingt ans après l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, des lacunes alarmantes dans sa mise en œuvre entravent ses effets positifs à un moment crucial où une action menée en commun et persévérante visant à contenir la COVID-19 est nécessaire. La paix est une condition indispensable à la santé, à l’égalité et à la sécurité humaine. Malgré les contributions qui ont suivi la résolution, les femmes restent trop souvent tenues à l’écart derrière ceux qui détiennent les armes. En moyenne, les femmes représentaient 13 pour cent des négociateurs, 6 pour cent des médiateurs et 6 pour cent des signataires des grands processus de paix entre 1992 et 2019.

Au sein du groupe informant le Conseil de sécurité des Nations Unies aujourd’hui figurait Danai Gurira, ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes, dramaturge et comédienne primée, qui a déclaré : « La plupart du temps, lorsque les femmes parviennent à exercer leur influence malgré des obstacles presque insurmontables, ce n’est pas parce qu’on leur a donné l’espace nécessaire et l’occasion, mais bien parce qu’elles ont protesté contre leur exclusion et ont persisté dans leurs demandes. »

Les organisations féministes ont lancé à maintes reprises des appels en faveur du désarmement, du contrôle des armements et du transfert des dépenses militaires vers l’investissement social. En début d’année, des groupes de femmes ont également été parmi les premiers à faire écho à l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial qui permettrait de se concentrer collectivement sur la lutte contre la pandémie. Les femmes militant pour la paix exhortent les parties aux conflits à faire taire leurs armes parce que les pays dont les infrastructures et les systèmes de soins de santé ont été décimés par les conflits sont dans l’incapacité de mener une bataille sur deux fronts.

« La paix ne peut se faire au détriment des droits des femmes. Tout ce que nous avons accompli est en jeu dans les négociations en cours entre les talibans et le gouvernement afghan... Nous exhortons donc la communauté internationale, notamment les institutions mondiales et régionales, les États membres et les pays donateurs, à exercer leur responsabilité de veiller à ce qu’aucune des parties impliquées, y compris les talibans, ne restreigne de quelque façon que ce soit les droits, les libertés civiles ou la citoyenneté des femmes », a ajouté Zarqa Yaftali, activiste afghane et Directrice exécutive de la Women and Children Legal Research Foundation, qui a tenu les mêmes propos au Conseil de sécurité.

Les femmes sont au cœur des efforts de paix et elles obtiennent des résultats. Les faits l’attestent : la présence de femmes à la table de négociations pour la paix suscite une plus grande adhésion et renforce la responsabilisation à l’égard de la mise en œuvre des avancées. La participation des femmes rend également la paix plus durable parce que, grâce à leur contribution, les accords vont au-delà du domaine du pouvoir et tiennent compte des réalités vécues par les populations. Toutefois, les accords de paix comportant des dispositions sur l’égalité entre les sexes sont passés de 14 pour cent en 1995 à seulement 22 pour cent en 2019. 

Si des mesures radicales ne sont pas prises au cours de la prochaine décennie pour intégrer les femmes à tous les aspects de la paix, nous risquons de continuer à vivre une situation d’insécurité, d’instabilité accrue et de conflits prolongés.


Pour une liste complète des rencontres se tenant dans le monde entier dans le cadre du débat public et du 20e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, cliquer ici.

Pour plus d’informations, de récits de femmes leaders de la paix et de nouvelles données sur les femmes, la paix et la sécurité, consulter le site https://www.unwomen.org/fr/news/in-focus/women-peace-security

Pour des données supplémentaires sur les femmes, la paix et la sécurité, cliquer ici.