Mettre fin aux MGF est essentiel pour assurer aux filles le contrôle de leur propre vie

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The Gambia Committee on Traditional Practices Affecting the Health of Women and Children (GAMCOTRAP), an advocacy group supported by the UN Trust Fund to End Violence against Women, holds an Anti-FGM workshop aimed at empowering women to claim their rights and those of their daughters in February 2016. Photo: UN Trust Fund to End Violence against Women

Atelier anti-MGF visant à donner aux femmes les moyens de revendiquer leurs droits et ceux de leurs filles en février 2016.Photo: UNTF

Dans un monde où le pouvoir et les choix sont déterminés par le sexe, chaque jour des millions de filles sont privées de leur enfance, de leur éducation, de leur santé et de leurs aspirations par les pratiques néfastes du mariage d’enfants, du mariage précoce et forcé et des mutilations génitales féminines (MGF). Dans de nombreuses communautés, les mariages précoces et les MGF vont de pair parce que leurs membres croient que la pratique de l’excision d’une fille accroît leur éligibilité au mariage.

Plus de 200 millions de femmes et de filles en vie aujourd’hui dans 31 pays ont subi des mutilations génitales, bien qu’un certain nombre d’études à petite échelle, de reportages dans les médias et de témoignages anecdotiques indiquent la présence possible des MGF dans plus de 90 pays.

En 2021, 4,16 millions de filles et de femmes à travers le monde sont menacées de mutilations génitales. Qui plus est, en raison des perturbations causées par la COVID-19, jusqu’à 2 millions de cas supplémentaires de MGF – évitables sans cette pandémie – pourraient se présenter d’ici 2030.

Les MGF consistent en « l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales » et sont normalement effectuées entre la petite enfance et l’âge de 15 ans. Elles ne présentent aucun avantage pour la santé, mais leurs conséquences immédiates et à long terme sont nombreuses : infections et cicatrices anormales, douleurs invalidantes ou décès.

À l’occasion de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, le 6 février, faites connaissance ici avec cinq survivantes et activistes qui réclament que toutes les filles et les femmes fassent entendre leur voix et disposent personnellement du choix et du contrôle de leur vie et de leur corps.

Une survivante protégeant sa fille et éduquant ses fils en Égypte

Amal Ahmed avec sa fille de 11 ans. Photo: avec l'aimable autorisation d'Amal Ahmed

Amal Ahmed*, épouse et mère d’une fille de 11 ans et de trois garçons âgés de 15, 18 et 19 ans, vit dans le gouvernorat du Caire, en Égypte. Lorsque Amal avait 10 ans, elle et sa sœur ont été piégées par leur famille et des MGF ont été pratiquées sur elles. Depuis cette expérience, leur vie n’a jamais été la même.

« Je n’avais que 10 ans, mais je me souviens encore de chaque instant. Sans anesthésie, j’ai été forcée de vivre une expérience traumatisante qui m’a laissé non seulement des cicatrices physiques, mais aussi psychologiques. Je ne peux pas expliquer la douleur et la peur insupportables que je ressentais. Je criais de toutes mes forces, mais personne ne semblait entendre. Ma vie en a été bouleversée. Je n’ai jamais pu mener une vie normale », confie Amal.

Les cicatrices psychologiques des MGF sont encore plus profondes.

« J’ai maintenant quatre enfants pour lesquels j’ai décidé de persévérer. J’enseigne à mes garçons que le respect des femmes est essentiel et que nous ne pouvons pas continuer à adopter des habitudes culturelles [néfastes] sans réfléchir. Mes fils comprennent les répercussions des MGF. Ils les refusent. »

« Lorsque mon mari et ma mère m’ont dit que ma fille devait subir des MGF, j’ai refusé.

J’ai alors dit à ma mère : « Je ne vais pas détruire la vie de ma fille et la tuer. »

« J’aimerais que tout un chacun dans le monde entier se rende compte des terribles répercussions physiques et psychologiques des MGF afin que celles-ci prennent fin, et dès maintenant. »

Pour en savoir plus sur l’expérience d’Amal, lisez son récit complet.

*Le nom a été modifié pour protéger son identité.

Une organisation communautaire dans le Kenya rural œuvrant à l’autonomisation des filles

 

Natalie Robi Tingo. Photo: Jenny Riva.
Natalie Robi Tingo. Photo: Jenny Riva.

Natalie Robi Tingo, 28 ans, est fondatrice et directrice générale de Msichana Empowerment Kuria, une organisation communautaire dirigée par des femmes dans les zones rurales du Kenya qui s’emploie depuis 2015 à mettre fin aux MGF en s’attaquant à ses causes profondes et en favorisant l’autonomisation des femmes et des filles.

« Pourquoi nous dit-on que, étant des filles, lorsque l’excision est pratiquée sur nous, nous apportons l’honneur ? » demande Natalie. « Ce n’est pas la vérité. C’est très douloureux, certaines filles en meurent. Ou bien, on nous marie. Au fond, on nous enlève notre vie. »

Natalie est née dans la communauté des Kuria, au sud-ouest du Kenya. En grandissant, elle a été confrontée aux mêmes défis que ceux auxquels d’autres filles de sa communauté ont dû faire face. « Les MGF sont une norme sociale chez les Kuria, comme le fait de devoir frapper à la porte lorsque l’on se rend chez quelqu’un. Étant la première fille de ma famille, il était attendu de ma part que je me fasse exciser. [Parce que] mes deux parents ont été éduqués, ma sœur et moi avons été épargnées », dit-elle.

Elle estime que l’on devrait donner aux jeunes filles des moyens d’action leur permettant de changer leur communauté. « Dès leur plus jeune âge, de nombreuses filles croient que les MGF sont une obligation qu’elles ont envers leurs parents et leur communauté. Une fois que les filles comprennent que ce qui leur arrive est mal, elles sont capables de se battre pour elles-mêmes et de sauver les autres. J’ai vu cela se produire. Nous devons donc continuer de faire entendre les voix des filles. »

Lire l’interview complète de Natalie ici.

Des parajuristes formées en Ouganda font bouger les choses

Christine Awori est responsable de l’aide juridique à l’Uganda Law Society (ULS), qui organise des actions et des campagnes de sensibilisation des médias ainsi que des consultations mobiles d’aide juridique au service des femmes et des filles exposées aux MGF dans le district d’Amudat, dans le nord-est de l’Ouganda. L’ULS est soutenue par ONU Femmes, dans le cadre de l’Initiative Spotlight UE-Nations Unies.

« Les consultations visent à améliorer l’accès à une aide juridique essentielle et à des services d’aiguillage de qualité destinés aux femmes et aux filles survivantes de violence, ainsi qu’à promouvoir leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive », explique Christine. « Nous encourageons les femmes et les filles à rejeter la pratique des MGF et à signaler aux autorités celles qui les pratiquent. Nos interventions comprennent également la formation de parajuristes communautaires, qui sont des intervenantes de première ligne pour les questions juridiques et les droits de la personne. En 2019, l’une de nos parajuristes formées a contacté une personne pratiquant les MGF activement depuis 20 ans, et l’a convaincue de mettre fin à sa pratique. »

« La principale loi érigeant les MGF en infraction pénale en Ouganda est la loi sur l’interdiction des mutilations génitales féminines de 2010, mais son application reste insuffisante, principalement en raison du manque de sensibilisation du public et de l’affectation limitée des ressources financières et techniques par le gouvernement pour faire observer la loi », ajoute Christine.

Le travail au niveau communautaire, avec les auteurs des pratiques, les parents et les filles qui y sont exposées, et aussi avec celles qui en ont été victimes, a donné des résultats prometteurs.

« La Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF nous rappelle que nous ne sommes pas seules à travailler sur cette question et que nous devons coordonner nos efforts [entre nous] pour renforcer le mouvement contre les MGF », affirme Christine.

Lire l’interview complète de Christine ici.

Un chef tanzanien en mission pour changer les normes culturelles

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Le chef Girihuida Gegasa Shulumbu. Photo: ONU Femmes

Le chef Girihuida Gegasa Shulumbu, 55 ans, est un leader traditionnel de la région de Mara, l’un des endroits dans le nord de la Tanzanie où la pratique est fortement répandue. Après le lancement du projet conjoint d’élimination des MGF, « Tokomeza Ukeketaji », par ONU Femmes et la Fondation africaine de recherche médicale en 2016, il s’est consacré à la lutte visant à sauver les filles des MGF et à veiller à ce qu’elles restent scolarisées.

« Le projet Tokomeza Ukeketaji m’a fait prendre conscience qu’en tant que leader traditionnel et gardien de la culture, j’avais le pouvoir d’influencer l’évolution des normes et des pratiques qui nuisent aux autres, en particulier aux femmes et aux filles », indique le chef Girihuida. 

« J’ai aussi trois filles et j’aimerais m’assurer qu’elles auront un avenir plus prometteur. Dans la région de Mara, de nombreuses femmes sont pauvres parce qu’elles ont été privées de la possibilité d’être scolarisées. Les [MGF] font obstacle au développement dans notre communauté et dans l’ensemble de la Tanzanie. »

« Je m’emploie, avec d’autres hommes, à promouvoir des rites alternatifs d’initiation au passage de l’enfance à l’âge adulte qui libèrent les filles des mutilations génitales. Au cours des trois dernières années, 96 chefs traditionnels ont abandonné cette pratique dans ma région. Bien que le projet Tokomeza Ukeketaji ait pris fin en 2018, nous nous employons toujours à convaincre toutes les personnes d’abandonner ces pratiques et nous avons sauvé des MGF plus de 1 500 filles âgées de 9 à 19 ans. ONU Femmes nous aide à mettre en œuvres nos campagnes. »

Pour en savoir plus sur son périple, cliquez ici et regardez une vidéo sur la façon dont ONU Femmes travaille avec les leaders traditionnels et religieux de toute l’Afrique pour mettre fin aux MGF et aux mariages d’enfants.

Les anciennes praticiennes des MGF commencent à faire partie de la solution au Liberia

Jusqu’à l’année dernière, Yatta Fahnbulleh, 65 ans, possédait l’une des plus grandes « écoles de brousse » (dans lesquelles les filles subissaient une série de rituels, y compris des MGF, destinés à les initier à l’âge adulte) à Tienni, une communauté du comté de Grand Cape Mount, dans le nord-ouest du Liberia. Elle fait partie des 300 anciennes praticiennes de MGF au Liberia ayant participé au programme Alternative Economic Livelihood (moyens de subsistance alternatifs) lancé par ONU Femmes en collaboration avec Plan International dans le cadre de l’Initiative Spotlight UE-Nations Unies en décembre 2019.

« Le temps est venu pour moi de changer après 35 ans dans le domaine des activités de brousse. Beaucoup de gens m’ont demandé de quitter les activités de brousse, mais je me suis toujours posé cette question : « Que vais-je faire ensuite pour aider ma famille ? » Maintenant que [ce programme] a répondu à ma question, je me joindrai à vous pour sensibiliser les gens aux projets professionnels et de développement des moyens de subsistance », déclare Yatta.

Yatta travaille maintenant dans la restauration, et elle affirme que le fait de voir tout le monde profiter des plats qu’elle prépare et de se faire payer pour cuisiner est pour elle une expérience « de nature à changer sa vie ».

« Je considère le nouveau projet comme une bonne opportunité que toutes les praticiennes traditionnelles de l’ensemble du Liberia devraient être fières d’accepter. »

Lire le récit complet ici.