Les femmes leaders qui suscitent notre admiration

Le leadership des femmes est au centre des discussions qui se déroulent dans le cadre du plus grand rassemblement annuel de l’ONU sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, la 65e session de la Commission des Nations Unies de la condition de la femme, du 15 au 26 mars 2021. ONU Femmes fait entendre les voix inspirantes de femmes leaders du monde entier.

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Les femmes leaders d’aujourd’hui sont tenaces et d’horizons divers. Elles se mobilisent derrière le mouvement pour la lutte mondiale contre le changement climatique, réclament la mise en place de protections sociales, mènent de front la lutte contre la crise de COVID-19, et mettent un terme à la discrimination raciale systémique. Partout dans le monde, les femmes leaders améliorent la vie de toutes et tous et offrent l’espoir d’un avenir meilleur.

Pourtant, l’égalité est encore loin d’être atteinte, et les progrès sur la participation des femmes aux processus décisionnels sont trop lents. Trop de gens continuent de croire que les hommes font des leaders naturels meilleurs que les femmes, trop d’institutions fonctionnent de telle sorte qu’elles avantagent les hommes et favorisent leur leadership, et le financement des campagnes et des initiatives lancées par des femmes reste dérisoire. Au rythme actuel des progrès, il faudra 130 ans pour atteindre l’égalité des sexes aux postes les plus élevés du pouvoir.

Pour changer le cours des choses, le pouvoir doit être partagé de manière équitable. Il doit être visible de toutes et tous et redevable, à tous les niveaux, et c’est ce qui est au cœur du leadership féministe.

Diriger selon des principes féministes, c’est redéfinir les concepts de valeur et de succès, partager le pouvoir et le crédit du succès, bâtir une communauté et nouer des relations, et, au final, remédier aux causes de la mise en place de structures oppressives et de normes sociales qui entravent le progrès pour tous, y compris les femmes et les filles.

Nous avons besoin d’un leadership féministe transformateur pour relever les défis sans précédent que connaît notre époque. Veuillez trouver ci-après les récits de 16 femmes leaders qui, parmi tant d’autres, nous inspirent. Voici ce qu’elles ont à dire sur le leadership féministe.

Michelle Bachelet

Michelle Bachelet. Photo: ONU Femmes/Carolina Sainz

Défenseuse des droits de l’homme, Michelle Bachele a été la première femme présidente du Chili et la première Directrice exécutive d’ONU Femmes. Aujourd’hui, elle occupe le poste de Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, œuvrant à la protection et à la promotion des droits fondamentaux de toutes les personnes dans le monde.

Lorsqu’on lui demande pourquoi le leadership féministe est important aujourd’hui, au moment où nous sommes aux prises avec la crise de COVID-19 et ses retombées, Michelle Bachelet dit que la pandémie a décuplé l’ampleur et l’impact des inégalités et que nous avons besoin de radicalement transformer nos systèmes politiques, économiques et sociaux si nous voulons surmonter les crises sanitaires, économiques et sociales actuelles.

« Cette transformation ne sera possible que si nous changeons notre manière de prendre des décisions et de concevoir les politiques, à travers l’inclusion et la participation, notamment des défavorisés et de ceux qui sont souvent sans voix. En d’autres termes, grâce au leadership féministe. »

Michelle Bachelet affirme que, même si de nombreuses leaders féministes l’inspirent, elle tient à rendre particulièrement hommage aux femmes défenseuses des droits humains, aux dirigeantes des mouvements féministes et aux femmes qui œuvrent collectivement et individuellement à un monde meilleur. « Leur vision, leur force, leur courage, leur empathie et leurs réussites sont d’énormes sources d’inspiration et d’espoir pour l’avenir. »

Damilola Odufuwa et Odunayo Eweniyi

Damilola Odufuwa. Photo: Aisha Ife ; Odunayo Eweniyi. Photo: Anny Robert
Damilola Odufuwa. Photo: Aisha Ife ; Odunayo Eweniyi. Photo: Anny Robert

Damilola Odufuwa et Odunayo Eweniyi sont des femmes entrepreneures prospères et de jeunes leaders féministes originaires du Nigéria. Les deux femmes ont récemment figuré dans la liste Bloomberg 50 des personnes qui ont modifié la face du commerce mondial en 2020 et dans la liste TIME NEXT 100 en février 2021.

En 2020, Damilola Odufuwa et Odunayo Eweniyi ont uni leurs forces pour créer la Coalition féministe, axée sur les droits et la sécurité des femmes, l’autonomisation économique et la participation politique des femmes au Nigéria. Pour son premier projet, l’organisation a soutenu la vague de manifestations #EndSARS qui a déferlé au Nigéria en 2020 et a mis en place une campagne de collecte d’aliments pour les femmes à faible revenu et leurs familles.

« Une leader féministe reconnaît que toutes les femmes et tous les hommes méritent, à chances égales, de poursuivre des carrières et des vies épanouissantes, de mettre en place des structures visant à aider les autres, de réaliser leur potentiel et de provoquer un véritable changement », affirme Odunayo Eweniyi. « Une leader féministe fait preuve d’empathie et comprend l’importance que revêt l’intersectionnalité », ajoute Damilola Odufuwa.

Que peuvent faire les leaders pour mener à bien les principes féministes ? Damilola Odufuwa dit : « employer plus de femmes dans des rôles de leadership et payer les femmes de manière équitable ; vouloir se défaire des préjugés et tenir compte des commentaires constructifs, puis procéder à des changements ; et entretenir le concept d’intersectionnalité. 

Demecia Yat

Demecia Yat. Photo: UN Women/Ryan Brown
Demecia Yat. Photo: ONU Femmes/Ryan Brown

Demecia Yat fait partie des 15 femmes survivantes des violences sexuelles perpétrées pendant le conflit armé interne qui a frappé le Guatemala pendant 36 ans (de 1954 à 1996). De 2011 à 2016, ces femmes, que l’on nomme par respect abuelas (grands-mères) dans leur petite communauté près de l’avant-poste de Sepur Zarco, ont lutté pour obtenir gain de cause devant la plus haute juridiction du pays.

La quête de justice des abuelas a abouti à la condamnation de deux anciens officiers militaires pour crimes contre l’humanité et 18 mesures de réparation ont été prononcées en faveur des survivantes et de leurs communautés.

Aujourd’hui, les abuelas exigent de faire appliquer l’intégralité des décisions de justice en leur faveur : avoir accès à une éducation, à la terre, à un dispensaire, et mettre un terme à la pauvreté et à la discrimination dont souffre leur communauté depuis des générations.

« Le message que j’adresse à celles qui appartiennent à la génération d’aujourd’hui est qu’elles doivent dénoncer toute violation de leurs droits, » dit Demecia Yat. « Je veux que chacun sache ce qui est arrivé à Sepur Zarco afin que cela ne se reproduise pas. »

En savoir plus sur Demecia Yat, les abuelas, et leur lutte pour la justice.

Malala Yousafzai

Malala Yousafzai. Photo: UN Women/Ryan Brown
Malala Yousafzai. Photo: ONU Femmes/Ryan Brown

Malala Yousafzai avait 11 ans lorsque les talibans ont annoncé à la radio que les filles ne pouvaient plus aller à l’école au Pakistan. « C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que l’éducation ne se limitait pas à lire des livres et faire ses devoirs. Il était question de l’autonomisation des femmes », explique Malala Yousafzai.

Malala Yousafzai a commencé à revendiquer le droit à l’éducation au nom des filles, et, en raison de son activisme, elle est rapidement devenue une cible pour les talibans. En octobre 2012, Malala Yousafzai a été victime d’une attaque par balle alors qu’elle rentrait de l’école. Elle a repris son activisme après des mois d’interventions chirurgicales et de réhabilitation, devenant ainsi l’une des activistes les plus déterminées du droit des filles à l’éducation dans le monde, et la plus jeune lauréate du prix Nobel à l’âge de 17 ans.

« Je fais entendre ma voix, non pas pour pouvoir crier, mais pour que celles qui n’ont pas de voix soient entendues. Nous ne parviendrons pas à nos fins tant que la moitié d’entre nous aura les mains liées. »

Gordana Comic

Gordana Comic. Photo: Government of Serbia (CC BY-NC-ND 3.0 RS)
Gordana Comic. Photo: Gouvernement de Serbie (CC BY-NC-ND 3.0 RS)

Gordana Comic est ministre des Droits de l’homme et des minorités et du Dialogue social en République de Serbie. En tant que fondatrice du Réseau parlementaire des femmes de l’Assemblée nationale et membre du mouvement des femmes en Serbie, elle a joué un rôle important dans la lutte du pays pour l’égalité des femmes et l’égalité de participation aux processus décisionnels.

En février 2020, le Parlement serbe a adopté des amendements proposés par Gordana Comic introduisant un quota de 40 pour cent de candidates aux listes électorales pour les élections législatives et locales.

Pour Gordana Comic, le leadership féministe est indispensable et signifie changer la nature même du pouvoir politique et la manière dont il est perçu. « Je suis ici grâce au travail, au dévouement, au courage et à l’engagement de milliers de femmes avant moi. Je m’appuie sur leurs épaules et me prépare à laisser la place à la prochaine génération », dit-elle.

Anastasiia Yeva Domani

Anastasiia Yeva Domani. Photo: UN Women/Tara Milutis
Anastasiia Yeva Domani. Photo: ONU Femmes/Tara Milutis

« Je suis une leader et une féministe. C’est dans mon âme et dans mon sang », dit Anastasiia Yeva Domani, l’une des activistes transgenres les plus en vue de Kiev, en Ukraine. Anastasiia Yeva Domani n’a toutefois jamais eu l’intention de devenir défenseuse des droits humains. C’est après avoir opéré sa propre transition et bravé bon nombre d’obstacles institutionnels qu’elle s’est décidée à se battre pour les droits des personnes transgenres en Ukraine.

« Parmi d’autres contraintes qui nous sont imposées, il nous est interdit d’adopter des enfants, de donner notre sang et de travailler dans certains secteurs... Nous ne disposons que d’une partie de nos droits humains », dit Domani. « La notoriété et les voix des femmes leaders qui revendiquent le changement dans les médias et la législation sont de la plus haute importance. »

En savoir plus sur l’activisme de Anastasiia Yeva Domani.

Ellen Johnson Sirleaf

Ellen Johnson Sirleaf. Photo: UN Women/J Carrier
Ellen Johnson Sirleaf. Photo: ONU Femmes/J Carrier

En tant que première femme présidente élue de manière démocratique en Afrique, Ellen Johnson Sirleaf a dirigé le Libéria par la réconciliation et le relèvement après une décennie de guerre civile et a su faire face à la crise d’Ebola de 2014-2015. Elle est reconnue au niveau international pour les réussites économiques, sociales et politiques de son administration et a reçu, en 2011, le prix Nobel de la paix pour son travail en matière d’autonomisation des femmes.

Aujourd’hui, Ellen Johnson Sirleaf est une voix influente dans le processus visant à favoriser la participation des femmes à la vie politique et aux processus décisionnels. « On entend de plus en plus que l’équité totale entre les sexes sera le garant d’une économie plus forte, d’une nation plus développée et plus pacifique. C’est pourquoi nous devons poursuivre notre action », dit-elle.

Alaa Murabit

Alaa Murabit. Photo: UN Women/Ryan Brown
Alaa Murabit. Photo: ONU Femmes/Ryan Brown

D’origine libyo-canadienne, Alaa Murabit est médecin, stratège en sécurité mondiale, défenseuse des droits des femmes et la plus jeune Haute-Commissaire des Nations Unies à la santé, à l’emploi et à la croissance économique.

La carrière de Alaa Murabit l’a emmenée à promouvoir le leadership des femmes dans la résolution des conflits, la consolidation de la paix et la sécurité partout dans le monde. « Je sais à quoi cela ressemble de transformer une famille, une communauté, un pays et plus encore, lorsque nous soutenons, investissons et encourageons les femmes », dit Alaa Murabit. « Je crois fermement au leadership, à l’organisation, à l’égalité et au pouvoir des femmes. »

Selon elle, il convient de créer un climat permettant à chacune et chacun de faire entendre son opinion et sa voix, d’accompagner et de permettre aux gens de cultiver et d’accepter leur propre leadership, et d’avoir une tolérance zéro pour le harcèlement ou l’abus, quel qu’il soit, si l’on veut diriger selon les principes féministes.

Emtithal Mahmoud

Emtithal Mahmoud. Photo: UN/Cristophe Wu
Emtithal Mahmoud. Photo: ONU/Cristophe Wu

Emtithal Mahmoud est une poète de slam de renommée mondiale et activiste pour la cause des réfugiés. Née à Khartoum, au Soudan, « Emi » — comme ses partisans l’appellent — a immigré aux États-Unis d’Amérique avec sa famille lorsqu’elle était enfant. Elle utilise ses talents pour mettre en lumière les expériences de millions de réfugiés dans le monde.

« J’utilise mes mots pour donner l’alarme sur les conflits de notre temps... dans l’espoir que quelqu’un s’émeuve en les entendant », dit Emi. En 2016, elle a été nommée Ambassadrice de bonne volonté du HCR et a visité des camps de réfugiés en Jordanie, en Ouganda et en Grèce, animant des ateliers de poésie et incitant d’innombrables réfugiés à partager leur histoire.

Zainab Fasiki

Zainab Fasiki. Photo: OJ Robert
Zainab Fasiki. Photo: OJ Robert

Zainab Fasiki est une artiviste marocaine primée (artiste et activiste) et ingénieure mécanique. Elle utilise l’art, la littérature et les médias sociaux pour susciter des conversations sur la vie et le corps des femmes, sans censure ni honte.

Zainab Fasiki est la fondatrice d’un collectif féministe qui soutient les jeunes femmes artistes, et elle a été nommée Next Generation Leader (Leader de la nouvelle génération) dans le magazine TIME en 2019 pour son projet Hshouma, un roman graphique qui explore des thèmes liés aux identités de genre et aux orientations sexuelles.

Selon elle, il convient de garder à l’esprit que, pour parvenir à la paix, « l’art, la littérature, la politique, la philosophie et l’amour sont nos outils », si l’on veut diriger selon les principes féministes.

Alicia Garza

Alicia Garza. Photo: Filip Wolak (via Flickr CC BY-NC-SA 2.0)
Alicia Garza. Photo: Filip Wolak (via Flickr CC BY-NC-SA 2.0)

Alicia Garza est une organisatrice et auteure originaire des États-Unis. Elle est la directrice du Black Futures Lab et cofondatrice du Réseau mondial Black Lives Matter (avec Patrisse Cullors et Opal Tometi), qui est devenu l’un des mouvements de justice sociale les plus puissants au monde.

Au cœur de l’activisme d’Alicia Garza se trouve la conviction que les communautés noires, comme toutes les communautés, méritent le pouvoir dans tous les aspects de leur vie. S’exprimant après plus de deux décennies d’expérience en organisation lors d’un récent entretien avec Forbes, Alicia Garza conseille de « comprendre ce qui vous préoccupe vraiment » avant de former et mener des mouvements transformateurs. « Trouvez des personnes qui se préoccupent des mêmes choses que vous. Rejoignez-les. Et quand vous l’avez fait, continuez de rallier d’autres personnes à votre cause. »

Gloria Steinem

Gloria Steinem. Photo: UN Women/Ryan Brown
Gloria Steinem. Photo: ONU Femmes/Ryan Brown

Gloria Steinem est une activiste féministe et écrivaine renommée des États-Unis. Elle a été en première ligne de l’activisme social pendant des décennies et a reçu d’innombrables honneurs, y compris la Médaille présidentielle de la liberté, pour son service à l’humanité.

« Toute personne qui reconnaît l’égalité et la pleine humanité des femmes et des hommes est une personne féministe », dit Gloria Steinem, qui reste aujourd’hui une féministe active et qui nous encourage à faire avancer le mouvement des droits des femmes au travers d’un engagement collectif. « L’avenir repose entièrement sur ce que chacun de nous fait chaque jour ; un mouvement, ce ne sont que des gens qui bougent. »

Nanaia Mahuta

Nanaia Mahuta. Photo: New Zealand Labour Party (via Wikipedia CC 3.0)
Nanaia Mahuta. Photo: New Zealand Labour Party (via Wikipedia CC 3.0)

En 2002, Nanaia Mahuta est devenue à l’âge de 26 ans la plus jeune femme maorie à être élue au Parlement néo-zélandais. Deux décennies de leadership législatif plus tard, Nanaia Mahuta est devenue la première femme maorie ministre des Affaires étrangères en novembre 2020.

Elle fait partie du cabinet le plus diversifié que le pays ait jamais connu : elle a été nommée par la Première ministre Jacinda Ardern, dont l’administration a été reconnue pour sa réponse rapide et réussie à la pandémie de COVID-19.

S’exprimant lors du Forum économique mondial de 2021, Nanaia Mahuta a souligné l’importance d’une gestion de la pandémie qui vise à la fois à autonomiser et à protéger. « En tant que gouvernement, nous adoptons une approche fondée sur la science et nous ne sommes pas que dans l’action : nous éduquons également le public afin qu’il comprenne les tenants et les aboutissants de la pandémie mondiale ainsi que les outils utilisés dans le cadre de notre intervention continue. »

Luisa Neubauer

Luisa Neubauer. Photo: Stefan Müller (via Flickr CC BY 2.0)
Luisa Neubauer. Photo: Stefan Müller (via Flickr CC BY 2.0)

Luisa Neubauer est une activiste pour la lutte contre le changement climatique originaire de Berlin, en Allemagne. Elle travaille avec le mouvement mondial Fridays for Future à l’origine des manifestations et de l’action en faveur du climat à travers le monde.

Pendant la pandémie de COVID-19, Luisa Neubauer et ses collègues organisatrices ont rapidement déplacé leur activisme en ligne et ont continué à faire pression dans le but d’obtenir une réponse plus ferme face au changement climatique.

« Nous demandons aux gens de poster des selfies depuis chez eux et de montrer leurs pancartes de protestation. Nous organisons des appels de masse et demandons aux gens de suspendre des bannières à leurs fenêtres, d’écrire des messages sur leurs masques, de se joindre à nous lors des pics de tweets et des actions de messagerie de masse. Il y a beaucoup à explorer ! » dit Luisa Neubauer.

En savoir plus sur la façon dont Luisa Neubauer et d’autres jeunes activistes du climat adaptent leur activisme pendant la pandémie.