La loi Maria da Penha : Un nom qui a changé la société brésilienne

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Maria da Penha tenant la Constitution du Brésil
Maria da Penha tenant la Constitution du Brésil. (Photo: Divulgação Instituto Maria da Penha)

En mai 1983, la biopharmacienne Maria da Penha Fernandes dormait à poings fermés lorsque son mari tira sur elle, la laissant paraplégique à vie. Deux semaines après son retour de l'hôpital, il tentait de l'électrocuter.

Le cas de Maria da Penha a traîné devant les tribunaux pendant 20 ans, tandis que son mari restait en liberté. Des années plus tard, à l'issue d'un jugement historique, la Cour des droits de l'homme a critiqué le gouvernement brésilien pour ne pas avoir pris des mesures efficaces en vue de poursuivre et de condamner les auteurs de violences domestiques. Suite à cela, le gouvernement brésilien a promulgué en 2006 une loi qu'il a dénommée de manière symbolique « la Loi Maria da Penha sur la violence domestique et familiale ».

A l'occasion du 5ème anniversaire de cette loi, en août 2011, le Conseil national de la justice du Brésil a recueilli des informations montrant que des résultats positifs ont été enregistrés: plus de 331.000 poursuites judiciaires et 110.000 jugements finaux, ainsi que près de deux millions d'appels ont été recueillis par le Centre de services pour les femmes.

Des résultats positifs que Maria da Penha fait partager, non sans émettre quelques réserves.

« Avant l'Acte, la violence domestique était considérée comme un crime à faible potentiel offensif » explique-t-elle. « Cette réalité a changé, et il est de fait que dans tous les endroits où je me rends pour prendre la parole, les femmes se trouvent « sauvées par la loi » ; pourtant, nous avons besoin de davantage de ressources financières pour mettre celle-ci en œuvre dans toute sa mesure ».

L'Acte Maria da Penha permet de mettre en place des tribunaux spéciaux et des peines plus strictes pour les coupables, mais aussi d'autres instruments pour la prévention et l'aide dans les villes de plus de 60.000 habitants, tels que les commissariats de police et les refuges pour femmes.

« Le problème n'est pas dans la loi mais dans son application » souligne Mme da Penha. « Malheureusement, ces instruments n'existent que dans les grandes villes ».

Avec une moyenne de 10 meurtres par jour, la violence domestique au Brésil demeure alarmante.
« Il est nécessaire de sensibiliser et de former les personnes qui contribuent à lutter contre la violence, mais beaucoup de gens sont déjà impliqués, des hommes et des femmes qui vivent et rêvent d'une société plus humaine pour leurs enfants et petits-enfants » conclue-t-elle.

ONU Femmes collabore avec l'Institut Avon pour renforcer la sensibilisation sur la violence domestique et faire connaître la loi, par l'intermédiaire d'un site Internet dédié www.quebreociclo.com.br (« Rompre le cycle »).
Le site Internet cible les jeunes gens et les praticiens du droit et de la justice. Des jeux et des outils interactifs sont proposés aux jeunes, tandis que des instruments juridiques et un espace de discussion sur la loi sont accessibles aux praticiens.

A l'occasion du 5ème anniversaire de la loi Maria da Penha, ONU Femmes, ONUSIDA, le FNUAP et l'UNICEF ont lancé la campagne « Des femmes et des droits ». La campagne comprend trois films, qui examinent la contribution de la loi et le réseau de services de soins à l'intention des femmes victimes de violences.

Vidéos sur le sujet

Interview de Maria da Penha pour le documentaire « Donner la parole aux femmes : la violence contre les femmes dans le Cône Sud ».


Campagne sur les droits des femmes, Vidéo 1 (en espagnol)


Campagne sur les droits des femmes, Vidéo 2 (en espagnol)

Liens sur le sujet

Le progrès des femmes dans le monde