Les femmes maliennes font entendre leur voix : aide d’urgence, participation au processus de paix et justice pour tous

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Displaced woman

Une jeune femme déplacée par le conflict. Elle souffre d’un traumatisme physique et mental après avoir été enlevé par des hommes armés et violée près de son domicile dans la région de Tombouctou en Avril. Source: HCR / H. Caux
« Nos femmes ont été bastonnées, violées, flagellées, forcées au mariage multiple et que sais-je encore. La femme a perdu sa dignité mais que sera la dignité de l’homme sans celle de sa femme ? », s’interroge Sophie* déplacée à Bamako, la capitale du pays, et originaire de la ville de Tombouctou au nord du Mali.

 

Comme des centaines de milliers de personnes Sophie a fui les violences perpétrées par des groupes armés radicaux tels qu’Ansar Dine, le Mouvement pour l’unité du djihad en Afrique occidentale (MUJAO) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui ont pris le contrôle de la partie nord du pays, où ils appliquent une interprétation extrême de la charia prenant les femmes pour cible.
« Les premières victimes de ces crises ce sont nous ; les femmes et nos enfants », déplore Sophie.

A chaque fois qu’une opportunité leur est donnée, les groupes de femmes réunis au sein du Réseau Paix et Sécurité des Femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO/Mali) et soutenu par ONU Femmes interpellent tous les acteurs de la crise pour garantir la représentation systématique des femmes dans les différentes commissions de négociation, l’assurance qu’il n’y ait aucune amnistie pour les auteurs de viols et autres violences, la réinsertion économique des femmes déplacées et réfugiées et l’ouverture d’un corridor humanitaire pour faciliter l’acheminement de l’aide aux populations dans les régions occupées.

Michelle Bachelet greets a woman
Michelle Bachelet salue une femme déplacée par le conflit dans le Nord du Mali, le 9 janvier 2013. Source: ONU Femmes / DFA Com

Ces demandes, les femmes déplacées les ont réitérés lors de la récente visite de la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Michelle Bachelet au Mali. Mme Bachelet a écouté les femmes assises sous leurs tentes traditionnelles érigées sur les terrains de la Maison de la femme et de l’enfant de Bamako.

Une dizaine de femmes ont pris la parole pour expliquer et témoigner avec émotion de la situation d’extrême violence qui règne au nord du pays. Les viols et les mariages forcés sont perpétrés dans les villes sous contrôle de ces groupes armés et les femmes sont obligées de se voiler, affirment-elles.

« Ce sont les femmes qui exercent les activités génératrices de revenus pour prendre en charge la majorité des dépenses des familles et aujourd’hui les femmes n’ont pas le droit de faire le commerce, n’ont pas le droit d’aller au marché pour avoir quelque chose pour la survie de la famille », se plaint Dominique, originaire de Gao.

Quelques-unes ont raconté leur fuite vers le sud du pays risquant leur vie et celles de leurs enfants. Elles ont également décrit leurs conditions de vie précaires dans la capitale, n’ayant plus de quoi subvenir à leurs besoins.

Mme Bachelet a affirmé qu’elle porterait leur message et leurs demandes aux leaders du monde entier.

« Les femmes souffrent tous les jours car elles font l’objet d’abus et de violences basés sur le genre dans les régions occupées. La pérennité de la paix au-delà de la simple signature d’un accord de paix ne peut être assurée si la paix ne repose pas sur la justice. Si les violations des droits humains ne font pas l’objet d’enquêtes et si les appels à la justice des victimes ne sont pas entendus, il y a de grands risques que les violences reprennent », a dit Mme Bachelet lors de son entretien avec les femmes.

Au lendemain de sa visite, Mme Bachelet a porté le message des femmes au siège de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja, au Nigeria. Les Etats membres de la CEDEAO sont en train de constituer une Mission internationale de soutien au Mali. Auprès des commissaires de la CEDEAO, Mme Bachelet a également insisté sur la nécessité de justice et de mettre fin aux violences sexuelles ainsi que l’importance de la pleine participation des femmes à la médiation et à la transition pour l’instauration d’une paix durable au Mali.

* Pour des raisons de sécurité les noms des personnes dans cet article ont été modifiés pour préserver leur identité.

Les femmes maliennes font entendre leur voix:aide d’urgence,particip.au processus de paix et justice pr tous/toutes owl.li/heLk7

— ONU Femmes (@ONUFemmes) January 29, 2013