Des journalistes présentent des récits de survivantes en Géorgie
Des actrices, actrices et des auteurs dramatiques utilisent la technique verbatim et interactive du théâtre pour présenter des histoires réelles, produites par des journalistes qui ont participé à un atelier de formation d’ONU Femmes sur la prise en compte des sexospécificités dans le journalisme.Date:
Pour elles, il est difficile de se faire entendre face à la violence. Bien qu’elles soient toujours célébrées à table, elles sont battues, menacées, contrôlées, mariées de force et privées du droit d’étudier ou de travailler. En Géorgie, c’est très courant et pourtant cela se passe à l’abri des regards.
Pour dénoncer la violence, le 8 mars 2014, le programme conjoint des Nations Unies pour le renforcement de l’égalité des sexes (UNJP) en Géorgie a marqué la Journée internationale de la femme par le lancement de « The Interior of Violence » – une exposition et représentation utilisant la technique verbatim interactive du théâtre, interprétée par des actrices et des acteurs du théâtre dramatique national Kote Marjanishvili de Géorgie.
Les visiteurs ont activement participé à une installation spéciale à l’intérieur d’une « maison » mise en scène pour assister à la représentation théâtrale de récits sur la violence contre les femmes, qui ont été rédigés par des journalistes, des blogueuses et blogeurs et des reporters photo géorgiens. Les récits faisaient suite à un atelier mené par ONU Femmes sur la prise en compte des sexospécificités et de la dimension éthique dans les articles sur la violence contre les femmes et sur la violence domestique.
« Cela fait des années que j’écris sur ces problèmes et j’ai même suivi plusieurs formations. Cela vous donne l’impression de tout connaître, mais je dois admettre que l’atelier de trois jours mené par ONU Femmes m’a ouvert les yeux », déclare Eka Kevanishvili, une journaliste de Radio Liberty.
Elle faisait partie des 21 journalistes géorgiens qui ont participé à la formation sur « la prise en compte des sexospécificités dans le journalisme et la couverture médiatique de la violence contre les femmes », qui s’est déroulée à Tbilissi en Géorgie, du 25 au 27 janvier 2014. « La formation m’a rappelé les éléments que moi, en tant que journaliste, je ne devrais jamais faire, et ceux que je ne devrais jamais écrire. Cela me donne encore plus envie de continuer à couvrir ces problèmes », a-t-elle ajouté.
La formation de trois jours portait sur la couverture médiatique de la violence domestique à l’aide d’une approche équilibrée et non discriminatoire. Elle soulignait l’importance de la prise en compte des sexospécificités dans le journalisme et comment y parvenir, les types de violence domestique et de violence de genre, ainsi que les méthodes pour les empêcher, comment mener des entretiens avec les survivantes et protéger leur identité, et l’emploi d’un langage, d’une terminologie et de sources d’informations appropriés, en plus d’aborder d’autres questions d’ordre juridique et éthique.
« La formation comprenait des exercices de contexte théoriques et pratiques très intéressants », a expliqué Sopo Aptsiauri, une photographe qui travaille pour le magazine « Liberali ». « Elle visait à nous aider à couvrir les problèmes de violence de manière éthique et professionnelle. Elle comprenait une analyse des erreurs, à partir d’exemples de la vie courante, et des moyens pour y remédier ».
Selon l’étude des stéréotypes liés au genre dans les médias géorgiens menée par la Media Development Foundation en 2011, la majorité des journalistes manquent de connaissances sur les problèmes de genre, les réflexions et comportements stéréotypés prévalent, et la couverture médiatique des problèmes des femmes renforce souvent les stéréotypes liés au genre.
Selon Irina Japharidze, directrice de la composante d’ONU Femmes du Programme conjoint des Nations Unies sur l’égalité des sexes, les médias jouent un rôle essentiel dans la sensibilisation du public sur la violence contre les femmes et sur la violence domestique. « Toutefois, une transmission appropriée des informations est encore plus essentielle. C’est pourquoi nous avons commencé à travailler avec des journalistes, pour approfondir leurs connaissances sur les problèmes liés à la violence de genre et à la violence domestique », a-t-elle expliqué.
Dans le cadre du suivi de la formation, les journalistes et les photographes se sont mis en équipes de deux pour développer des rapports spéciaux illustrés par des photographies et d’autres éléments graphiques, qui couvrent les problèmes liés à la violence contre les femmes et à la violence domestique, en vue de les présenter à leurs confrères et au grand public lors de l’exposition. « Pour sensibiliser davantage le public au problème de la violence contre les femmes, les visiteurs de l’exposition ont pu participer à la représentation en faisant des déclarations ou en participant d’une autre manière, afin de faire partie des récits présentés et donc pour mieux comprendre comment la violence affecte les femmes dans leur vie au quotidien », indique Nino Maglakelidze, qui a mis en scène et produit la représentation.
Les récits relataient différentes situations de femmes qui ont survécu à la violence domestique, soulignant comment la société tend à rester silencieuse et à tolérer tous les types de violations des droits des femmes. Ils retraçaient également des expériences de survie et le soutien de familles, d’amis et d’institutions compétentes.
« Ce que j’ai vu ici, ce que j’ai lu, et la représentation à laquelle j’ai assisté, tout cela se passe autour de nous, et malheureusement la société n’intervient pas assez souvent pour y faire face », déclare la blogueuse Teiko Anjaparidze. « C’est pourquoi nous devons condamner la violence contre les femmes et la violence en général, en tant que journalistes, citoyens ordinaires, et peut-être toute la population ; tous ensemble, nous pouvons agir pour y remédier ».
Regardez une vidéo sur l’exposition [avec des sous-titres en anglais] ici : http://youtu.be/605faISjsqk
Le Programme conjoint des Nations Unies pour améliorer l’égalité des sexes (UNJP) en Géorgie est financé par le gouvernement suédois et mis en œuvre par ONU Femmes, le PNUD et le FNUAP.